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Thématiques : Equation du temps

  • Bourdier  -  Schwerdfeger  -  Muret
    Jean-Simon Bourdier (?-1839)
    Ferdinand Schwerdfeger (1734-1818)

    Important régulateur à équation du temps en acajou et placage d’acajou à durée de marche de quatre-cents jours

    Regulateur_034-07 BIS

    Le cadran signé par l’horloger Jean-Simon Bourdier

    Dans une caisse attribuée à Ferdinand Schwerdfeger (1734-1818)

    Le cadran émaillé par Muret

    Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1785 – 1790

    Hauteur200 cm Largeur53 cm Profondeur29 cm

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Bourdier à Paris », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes, l’équation du temps par l’indication simplifiée des minutes d’avance ou de retard du temps vrai, solaire, par rapport au temps moyen, terrestre, et le calendrier annuel avec les mois de l’année et les quantièmes, par des aiguilles en cuivre repercé et doré ; une trotteuse centrale marquant les secondes ; il porte dans la partie basse du disque la signature de l’émailleur Muret. Le mouvement est mu par un superbe balancier bimétallique à compensation terminé par une lentille circulaire avec indication de la dilatation des métaux et des degrés du cercle. Le mécanisme est renfermé dans une superbe caisse néoclassique en forme de gaine rectangulaire « à l’antique » en acajou et placage d’acajou ; la corniche débordante moulurée est ceinturée d’une frise de denticules. L’ensemble repose sur une haute base pleine à panneaux en avant-corps supportée par une plinthe rectangulaire ceinturée d’un léger cavet.

    Cet important régulateur présente la particularité d’être enchâssé dans une caisse architecturée en acajou poli, dont la composition, volontairement dépouillée à l’extrême, est destinée à mettre en valeur l’ingéniosité du mécanisme et la beauté du cadran. Cette démarche esthétique découlait de la volonté de l’Empereur qui préconisait un style sobre et élégant dans lequel l’acajou triomphait superbement. Dès la fin du XVIIIe siècle, un ébéniste s’était spécialisé dans la création de ce type de caisses : Jean-Ferdinand-Joseph Schwerdfeger (1734-1818), mentionné « Ferdinand » dans de nombreuses ventes aux enchères du début du XIXe siècle et dont l’atelier, au décès de sa femme en 1803, était décrit comme comprenant quasi-exclusivement des caisses de régulateurs et de pendules en acajou. C’est notamment Schwerdfeger qui confectionna la caisse de la pendule géographique, qu’Antide Janvier présenta en 1791 au roi Louis XVI, qui appartient de nos jours aux collections du Musée national du château de Fontainebleau (illustrée dans M. Hayard, Antide Janvier 1751-1835, Horloger des étoiles, p. 1995, p. 79) et, c’est de toute évidence, ce même ébéniste, auteur de certains meubles luxueux pour Marie-Antoinette, qui fut chargé de la réalisation de la caisse de la pendule que nous proposons. De nos jours, parmi les régulateurs connus réalisés dans le même esprit et offrant un décor à frise de denticules, citons particulièrement : un premier exemplaire, signé « Godon », qui appartient aux collections royales espagnoles (illustré dans J. Ramon Colon de Carvajal, Catalogo de relojes del Patrimonio nacional, Madrid, 1987, p.108-109, catalogue n°89) ; ainsi qu’un deuxième conservé au Schloss Wilhelmshöhe de Cassel (reproduit dans R. Mühe et Horand M. Vogel, Horloges anciennes, Manuel des horloges de table, des horloges murales et des pendules de parquet européennes, Fribourg, 1978, p.287, fig.579) ; enfin, mentionnons un dernier modèle, anciennement dans la collection Gélis, qui est exposé au Musée Paul Dupuy à Toulouse (voir Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p.334).

    Jean-Simon Bourdier (? - 1839)

    Jean-Simon Bourdier est l’un des plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et du premier quart du siècle suivant. Il est reçu maître le 22 septembre 1787 et connaît immédiatement une grande notoriété pour la perfection de ses mouvements. Au début du XIXe siècle, il collabore avec l’horloger Godon, l’ornemaniste Dugourc et le sculpteur Pierre Julien, à quelques ouvrages d’horlogerie de compositions remarquables destinés au roi d’Espagne Charles IV. Parallèlement, il travaille pour les plus grands marchands du temps, particulièrement Daguerre et Julliot, et sélectionne rigoureusement les artisans qui participent à la création de ses pendules : notamment le ciseleur Rémond, l’ébéniste Schwerdfeger et les peintres-émailleurs Dubuisson et Coteau.



    Ferdinand Schwerdfeger (1734 - 1818)

    Ferdinand Schwerdfeger figure parmi les plus importants ébénistes parisiens de la fin du XVIIIe siècle. Après son accession à la maîtrise, en mai 1786, il installe son atelier dans la capitale et connaît immédiatement une grande notoriété. Cependant, son œuvre demeure relativement méconnue ; dû à sa date de maîtrise tardive et au fait que l’artisan estampilla peu. Parmi les quelques meubles qui peuvent lui être attribués avec certitude, mentionnons un ensemble livré pour Marie-Antoinette, ainsi que quelques caisses de régulateurs et de pendules dont les cadrans sont signés par les plus grands horlogers de l’époque, particulièrement Antide Janvier, Jean-Simon Bourdier et Robert Robin (voir M-A Paulin, Schwerdfeger, ébéniste de Marie-Antoinette, in L’Estampille/L’Objet d’art, octobre 2003).



    Le Roy  -  Meissonnier
    Julien II Le Roy (1686-1759)

    Exceptionnel régulateur de cabinet en placage de bois d’amarante et bronze finement ciselé ou doré

    Régulateur024-03_BD_MAIL

    Cadran signé par l’horloger Julien Le Roy

    La caisse d’après un modèle de Juste-Aurèle Meissonnier (Turin 1695-Paris 1750)

    Paris, début de l’époque Louis XV, vers 1730

    Hauteur214 cm Largeur73 cm Profondeur41 cm

    Le cadran annulaire en métal argenté, signé « Inventé en 1730 par Julien Le Roy de la Société des Arts », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes, ainsi que le calendrier annuel dans un guichet inférieur ; ce premier cadran principal renferme un second cadran auxiliaire marqué « Cadran du Temps moyen » et portant l’indication « Les aiguilles dorées marquant le Temps vray et les Blueues le tems moyen » démontrant ainsi l’équation du temps qui marque la différence entre le Soleil moyen ou Temps moyen et le Soleil vrai ou Temps vrai qui atteint son maximum de seize minutes au mois d’octobre ; le mouvement est renfermé dans une superbe caisse violonée en placage de bois d’amarante de fil ou de travers décorée de moulures ou de cannelures foncées de laiton et richement agrémentée de bronze finement ciselé et doré. La lunette est ceinturée d’une frise de rubans entrelacés rythmés de graines ; l’amortissement curviligne est formé d’un couple d’enfants reposant sur un tertre « au naturel » animé de fleurettes duquel s’épanouissent des guirlandes fleuries et feuillagées retombant sur les côtés ; la gaine « en S », dont la partie centrale laisse voir le mouvement du balancier, est soulignée de larges feuilles de refend à acanthes qui se rattachent à une coquille stylisée reposant sur un entablement en demi-cercle surmontant une frise de godrons posé sur un socle sinueux. L’ensemble repose sur une haute base, à quatre pieds cambrés soulignés de guirlandes, décorée en façade d’un large motif rocaille en coquille repercée se terminant en volutes centrée d’un masque fantastique dont la gueule largement ouverte déverse des flots ; enfin, un contre-socle mouvementé supporte l’ensemble de la composition.

    La composition particulièrement spectaculaire et aboutie de cet exceptionnel régulateur, dit « pendule à secondes », puise directement son inspiration dans certains projets d’ornemanistes des premières décennies du XVIIIe siècle, particulièrement dans ceux du célèbre dessinateur, sculpteur et orfèvre Juste-Aurèle Meissonnier (1695-1750) considéré par ses contemporains comme le chef de file du mouvement Rococo (voir P. Fuhring, Juste-Aurèle Meissonnier : Un génie du rococo 1695-1750, Turin, 1999). Artiste génial et fécond, Meissonnier composa une œuvre qui aura une influence majeure sur les arts décoratifs français et plus largement européen pendant plusieurs décennies et qui contribuera à la diffusion du style rocaille jusqu’à l’avènement du néoclassicisme. L’exemplaire que nous proposons présente, de plus, la rare particularité de renfermer un mouvement à complications avec l’une des toutes premières indications horlogères de l’équation du temps, marquant la différence entre le Temps vrai et le Temps moyen. Nous retrouvons ce même principe sur un régulateur similaire à celui que nous proposons qui se trouvait au XVIIIe siècle dans la collection de l’artiste Charles-Antoine Coypel ; ainsi lors de la vente après décès du peintre en 1753 était décrite : « 579. Une pendule à secondes, qui outre les heures, marque le temps vrai et le temps moyen, le cours du soleil, le quantième du mois et le jour de la semaine ; les mouvements sont de M. Claude Martinot, et la boite est de M. Meissonnier ». De nos jours conservé dans une collection privée, le « régulateur Coypel » est illustré dans Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, ainsi que dans Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du Temps, Le pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Genève, 1996.

    Julien II Le Roy (1686 - 1759)

    Né à Tours, il est formé par son père Pierre Le Roy ; à treize ans il avait déjà fabriqué une pendule. En 1699 Julien Le Roy emménage à Paris, où il devient l’apprenti de Le Bon. Reçu maître-horloger en 1713, par la suite il devient juré de la guilde ; il est juré de la Société des Arts de 1735 à 1737. En 1739 il devient horloger ordinaire du Roi Louis XV. Il n’occupe jamais le logement qu’on lui accorde au Louvre, mais le laisse à son fils Pierre (1717-1785) et continue de travailler rue de Harlay. Le Roy est à l’origine de nombreuses innovations, y compris le perfectionnement d’horloges monumentales indiquant l’heure moyenne et l’heure vraie. Le Roy travaille sur les mouvements à équation, ainsi que des mécanismes de répétition à tirage. Il adopte l’échappement à cylindre de George Graham, rendant les montres plus plates. Il choisit ses caisses chez les meilleurs artisans, tels que les Caffieri, André-Charles Boulle, Jean-Joseph de Saint-Germain, Robert Osmond, Balthazar Lieutaud et Antoine Foullet. Ses cadrans sont fournis par Antoine-Nicolas Martinière, Nicolas Jullien et peut-être Elie Barbezat. Le Roy a beaucoup amélioré l’horlogerie parisienne. Grâce à son amitié avec les horlogers britanniques Henry Sully et William Blakey, plusieurs excellents horlogers anglais et hollandais ont pu entrer dans les ateliers parisiens.

    Les œuvres de Julien Le Roy se trouvent aujourd’hui dans les plus grandes collections du monde, y compris les Musées du Louvre, Cognacq-Jay, Jacquemart-André et le Petit Palais à Paris ; le Château de Versailles, le Victoria and Albert Museum et le Guildhall à Londres et Waddesdon Manor dans le Buckinghamshire ; le Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds et le Musée de Zeitmessung Bayer à Zurich ; le Rijksmuseum d’Amsterdam et les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles ; le Museum für Kunsthandwerck de Dresde ; le National Museum de Stockholm et le Musea Nacional de Arte Antigua de Lisbonne. Aux Etats-Unis on trouve des œuvres de Le Roy au J. P. Getty Museum de Californie; la Walters Art Gallery de Baltimore et le Detroit Institute of Art.