Rare régulateur de parquet à équation du temps et calendriers grégorien ou républicain
« Lepaute à Paris »
Le cadran émaillé par Etienne Gobin, dit Dubuisson
Paris, début de l’époque Empire, vers 1805
Le cadran circulaire émaillé blanc est signé « Lepaute à Paris » et « Dubuisson » pour Etienne Gobin, l’un des plus célèbres émailleurs parisiens de l’époque, confrère et principal concurrent de Joseph Coteau. Il indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes, les secondes, l’équation du temps, marquant la différence entre le temps moyen, terrestre, et le temps vrai, céleste, enfin, un guichet inférieur à index en acier comporte un double calendrier annuel de types républicain et grégorien. Le mouvement, signé « Lepaute Horloger de l’Empereur à Paris », sonne les heures et les demies-heures ; il est à trois semaines de marche et supporte son lourd balancier à gril bimétallique dont le dard de la lentille désigne un bandeau indiquant « les degrés du cercle » par une double graduation de 0 à 2. L’ensemble est renfermé dans une caisse architecturée en acajou et placage d’acajou en forme d’obélisque partiellement vitré à corniche débordante moulurée et base pleine à panneaux en réserve sur une plinthe quadrangulaire à léger décrochement. Belle ornementation de bronze finement ciselé et doré à frises de feuillages, oves et raies de cœur ou branchages de chêne croisés et rubanés.
Après les troubles révolutionnaires, de nouvelles données sont instaurées pour le décompte et la mesure du temps ; ainsi apparaissent le calendrier révolutionnaire et le temps décimal. Le premier durera plusieurs années, précisément jusqu’à l’an XIV (1806), le second sera nettement plus bref. Adopté par décret le 24 novembre 1793, ce nouveau système de mesure préconisait l’abandon pur et simple de l’ancien calendrier grégorien remplacé par le nouveau calendrier dit « républicain ». Ce dernier divisait la journée en dix heures, elles-mêmes divisaient en cent minutes comportant chacune cent secondes ; ce système se confronta rapidement à la difficulté des amateurs d’horlogerie à s’habituer à cette nouvelle division du temps ; certains horlogers se lancèrent alors dans d’ingénieuses recherches en concevant des systèmes particulièrement élaborés offrant une double lecture calendaire.
Compte tenu de la date de réalisation de la pendule que nous présentons, il s’agit très probablement de la signature de Pierre-Basile Lepaute, dit Sully-Lepaute (1750-1843).
Pierre-Basile Lepaute (1750 - 1843)
Pierre-Basile Lepaute, dit Sully-Lepaute, est l’un des plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Il rejoint ses oncles, également horlogers, dans la capitale vers le milieu des années 1760 et débute sa formation dans l’atelier familial. Dans un premier temps, il s’associe avec son oncle et son cousin, avant de racheter la société familiale en 1789. Vers la fin du XVIIIe siècle, il fonde avec son neveu, Jean-Joseph Lepaute, une nouvelle société qui dure jusqu’en 1811 et qui reçoit notamment une médaille d’argent à l’Exposition des Produits de l’Industrie de 1806. En 1811, son neveu installe son propre atelier, tandis que Pierre-Basile forme avec son fils, Pierre-Michel (1785-1849), une nouvelle société sous la raison sociale « Lepaute et fils ». Pendant plusieurs décennies, ils seront les principaux fournisseurs de pendules pour le Garde-Meuble impérial, puis royal ; recevant successivement les titres d’Horloger de l’Empereur sous Napoléon et d’Horloger du Roi à la Restauration.
Dubuisson (1731 - après 1820)
Etienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des plus talentueux émailleurs parisiens du règne de Louis XVI et de l’Empire. Né à Luneville en 1731, il débute sa carrière en tant que peintre en porcelaine à Strasbourg et Chantilly. Puis, il vient s’installer à Paris et travaille à la manufacture royale de porcelaine de Sèvres de 1756 à 1759 en se spécialisant dans le décor des boîtiers de montres et des cadrans de pendules. Dans les années 1790, son atelier est mentionné rue de la Huchette, puis rue de la Calandre vers 1812. Il semble se retirer des affaires au début des années 1820. Il signe généralement ses œuvres « Dubuisson », « Dub » ou parfois « Dubui ». Travaillant avec les meilleurs horlogers de son temps, tels Robert Robin, Kinable et les Lepaute, Dubuisson est le principal confrère et concurrent de Joseph Coteau. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails. Sa production, qui est toujours de très grande qualité, est considérable ; ainsi pour ne citer que quelques rares exemplaires, mentionnons notamment certaines pendules portant sa signature qui sont conservées au Palais de Pavlovsk, près de Saint-Pétersbourg, au musée du Louvre à Paris et dans les collections royales anglaises.