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Thématiques : Autre

  • Thomire
    Pierre-Philippe Thomire (1757-1843)

    Rare pendule de cheminée célébrant très certainement la Victoire de la Bataille Wagram en bronze très finement ciselé, moleté, patiné et doré à l’or mat ou à l’or bruni

    « La Tour de Markgrafneusiedl »

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    Attribuée à Pierre-Philippe Thomire

    Paris, époque Empire, vers 1810

    Hauteur40

    Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; le mouvement s’inscrit dans une superbe caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, moleté, patiné et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Elle se présente sous la forme d’une tour médiévale reposant sur une terrasse à enrochement traité « au naturel ». La porte, flanquée de deux bornes, est à montants à canaux soutenant un fronton cintré en arcature ; le corps de la tour, entièrement recouvert de blocs de pierre simulés, est rythmé d’ouvertures repercées en meurtrières et agrémenté de tores moletés, dont un fait office de lunette au cadran ; la partie supérieure, à entablement à corbeaux, est ceinturé de créneaux dans lesquels sont logés deux canons sur leurs affûts ; les boulets de ces derniers sont posés sur une terrasse en dallage centrée d’un mât porte-étendard.

    La composition particulièrement originale de l’horloge que nous proposons semble pouvoir être rattachée à l’un des épisodes de l’une des plus célèbres batailles napoléoniennes : la Bataille de Wagram, opposant la France et l’Autriche impériale. En effet, après un premier jour plus qu’équilibré entre les forces militaires françaises et autrichiennes, le 6 juillet 1809 est marqué par la prise héroïque par le Maréchal Davout de la Tour de Markgrafneusiedl, position dominante de laquelle les Autrichiens infligeaient alors un intense bombardement d’artillerie aux forces de la Grande Armée. Ce fait d’arme permettant ainsi aux troupes françaises de prendre l’avantage et de surtout de prendre pied sur le plateau de Wagram. Nul doute que cet épisode, exaltant l’héroïsme militaire si cher à l’Empereur, fut célébré à Paris et qu’un bronzier réputé s’attacha à appliquer à son art cette tour fortifiée prise à l’ennemi qui marqua le tournant de la bataille. Comme souvent dans les arts décoratifs parisiens de l’époque, cela engendra une rare émulation ; particulièrement ici par la création de ce modèle d’horlogerie rarissime, puisqu’à notre connaissance il est à ce jour le seul et unique exemplaire connu. Sa qualité exceptionnelle de ciselure et de dorure nous permet de le rattacher à l’œuvre de Pierre-Philippe Thomire, peut-être également l’auteur d’un modèle réalisé dans le même esprit, sous la forme d’une tour cylindrique surmontée d’un planétaire, décliné par l’horloger François Ducommun vers 1820 et dont deux exemplaires sont répertoriés : le premier est paru dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich, 1998, p.327, fig.727 ; tandis que le second est conservé au Musée d’horlogerie à La-Chaux-de-Fonds (voir M. Favre, Musée d’Horlogerie de La-Chaux-de-Fonds, sans date, p.75).

    Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

    Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



    Baillon
    Jean-Baptiste III Albert Baillon (?-1772)

    Rare pendule d’alcôve dite « tête de poupée » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Paris, début de l’époque Louis XV, vers 1725

    Hauteur28.5 Largeur12.5 Profondeur10.5

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Jean-Baptiste Baillon », indique les heures en chiffres romains alternés de fleurs de lys or en applique et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre ciselé, repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures et à platine également signée, est renfermé dans une superbe caisse violonée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. L’amortissement se présente sous la forme d’une plaque cintrée ornée d’une pomme de pin stylisée émergeant d’une rosace turbinée dans une réserve à motifs lancéolés rayonnants centrés de fleurettes; le fronton est souligné d’une frise d’oves. La caisse présente sur l’ensemble de ses faces des réserves sinueuses délimitées par des filets renfermant des panneaux en croisillons centrés de quartefeuilles. Les côtes sont agrémentés de médaillons à bordure moulurée figurant des profils masculin et féminin en relief se détachant sur des fonds amatis flanqués de demi-coquilles stylisées. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire ceinturée d’une frise alternée d’épis ou bandeaux à canaux ; enfin, quatre pieds raves moulurés supportent l’horloge.

    La composition particulièrement originale de cette rare pendule d’alcôve, dite « tête de poupée », nous permet de l’intégrer au corpus des créations parisiennes d’horlogerie de luxe parmi les plus élaborées de son temps. L’originalité de son dessin, qui n’est pas sans rappeler certains dessins préparatoires de Daniel Marot, ainsi que la qualité exceptionnelle de sa ciselure et de sa dorure nous permettent de distinguer ce modèle et de relever particulièrement les proximités stylistiques qu’il présente avec l’œuvre d’André-Charles Boulle, probablement l’artisan le plus talentueux et le plus réputé de son époque. Enfin, relevons que parmi les rares pendules connues de modèle identique avec parfois certaines variantes dans la composition et le décor, nous pouvons citer particulièrement un exemplaire à sonnerie à la demande, le cadran signé « Etienne Lenoir à Paris », dont le recouvrement présente un anneau mobile de transport et qui est illustré dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises, De Louis XIV à l’Empire, Editions Polistampa, Florence, 2013, p.72.

    Jean-Baptiste III Albert Baillon (? - 1772)

    Cet excellent horloger, également un grand innovateur, est considéré par F.J. Britten comme étant « l’horloger le plus riche de l’Europe » à son époque. L’un des meilleurs horlogers de son temps, il appartient à l’une des plus importantes dynasties horlogères du XVIIIème siècle, étant sans doute le plus célèbre membre de la famille. Sa réussite est due, entre autres, à l’importante manufacture privée qu’il fonda à Saint-Germain-en-Laye, établissement unique dans l’histoire de l’horlogerie du XVIIIème siècle.

    Dirigée de 1748 à 1757 par Jean Jodin (1715-61), elle continue de fonctionner jusqu’à ce que Baillon la ferme en 1765. Le célèbre horloger Ferdinand Berthoud fut impressionné par la quantité et la qualité de ses produits ; en 1753 il nota : « Sa maison est le plus bel et riche Magasin de l’Horlogerie. Les Diamant sert non seulement à décorer ses montres, mais même des Pendules ; Il en a fait dont les Boetes étoïent de petits Cartels d’Or, ornés de fleurs de Diamans imitant la Nature… Sa maison de St-Germain est une espèce de Manufacture. Elle est remplie d’Ouvriers continuellement occupés pour lui… puisque lui seul fait une bonne partie de l’Horlogerie ».

    La clientèle de Baillon comprend les familles royales françaises et espagnoles et le Garde-Meuble de la Couronne, ainsi que des personnalités influentes à la cour et dans la bonne société parisienne.

    Le père de Baillon, Jean-Baptiste II (m. 1757) est un maître horloger parisien ; son grand-père, Jean-Baptiste I de Rouen, était également un horloger. Son fils, Jean-Baptiste IV Baillon (1752 – vers 1773) devient aussi horloger. Baillon lui-même est fait maître-horloger en 1727. En 1738 il est nommé valet de chambre-horloger ordinaire de la reine, puis, avant 1748, premier valet de chambre de la reine, et en 1770, premier valet de chambre et valet de chambre-horloger ordinaire de la dauphine de Marie-Antoinette. Dès 1738 il s’établit Place Dauphine ; après 1751 on le trouve rue Dauphine.

    Baillon était très exigeant quant à la qualité des boîtes et des cadrans. Ces derniers étaient fournis par Antoine-Nicolas Martinière et Chaillou ; les boîtes étaient de Jean-Baptiste Osmond, Balthazar Lieutaud, les Caffieri, Vandernasse, et Edmé Roy Jean-Joseph de Saint-Germain (qui a également fait des boîtes à l’éléphant et au rhinocéros).

    Jean-Baptiste Baillon s’enrichit grâce à son succès ; à sa mort le 8 avril 1772, on estime sa fortune à 384,000 livres. Une première vente de sa collection d’art et d’objets d’art est tenue le 16 juin 1772 ; les objets restant, évalués à 55,970 livres, sont offerts à nouveau le 23 février 1773. La vente comprend 126 montres terminées pour un total de 31,174 livres, et 127 mouvements de montres terminés, à 8,732 livres. La catégorie des pendules, dont la valeur montait à 14,618 livres, comprend 86 pendules, 20 mouvements de pendules, sept boîtes de pendules en marqueterie, une boîte en porcelaine et huit en bronze.

    Aujourd’hui l’œuvre de Baillon est conservée dans les collections les plus prestigieuses du monde, y compris les musées du Louvre, des Arts Décoratifs, le conservatoire national des arts et métiers, le Petit Palais et le musée Jacquemart-André à Paris ; le château de Versailles ; le musée Paul Dupuy à Toulouse ; la Residenz Bamberg ; le Neues Schloss, Bayreuth; le Museum für Kunsthandwerk, Frankfurt ; la Residenz à Munich et le château Schleissheim. D’autres exemples sont dans les collections des musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles ; le Patrimonio Nacional d’Espagne ; le Metropolitan Museum de New York ; le Newark Museum ; Walters Art Gallery de Baltimore et Dalmeny House, South Queensferry.



    Revel
    Joseph-Marie Revel (?-1811)

    Rare pendule dans une cage architecturée en bronze doré

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    « Revel »

    Paris, époque Directoire, vers 1795

    Hauteur42.5 Largeur26.5 Profondeur17.5

    Le cadran émaillé, signé « Revel », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze doré et les jours du mois en chiffres arabes par une aiguille en acier poli. Il est inscrit dans une superbe caisse à panneaux de glace en forme de borne architecturée entièrement réalisée en bronze finement ciselé et doré. Le fronton cintré est décoré d’une frise d’enfilage de perles et sommé de quatre pommes de pin ; une draperie ajourée à décor de motifs de passementerie et d’une frise découpée ornée de rinceaux souligne le cadran dans la partie inférieure et les montants sont composés de pilastres à fines cannelures à bases et chapiteaux simplement moulurés. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à degrés rehaussée sur ses faces de frises alternées de palmettes et de feuilles stylisées.

    La composition particulièrement élégante de cette pendule, est la parfaite illustration de l’aboutissement des nouvelles recherches esthétiques entreprises par les bronziers et les horlogers parisiens à partir du dernier quart du XVIIIe siècle. Ce renouveau était le résultat d’un courant artistique développé dès le milieu du siècle par certains grands collectionneurs et certains artistes ; il faisait suite aux fabuleuses découvertes archéologiques des anciennes cités romaines antiques de Pompéi et d’Herculanum dans la région napolitaine. Sous l’impulsion d’amateurs tels que le comte de Caylus et Ange-Laurent Lalive de Jully, les arts décoratifs français, encore très marqués par le rocaille du règne de Louis XV, vont définitivement tendre vers un nouvel esprit : le Néoclassicisme français, qui puise directement ses sources d’inspiration dans l’Antiquité classique grecque et romaine. La pendule que nous proposons fut réalisée dans ce contexte particulier ; elle est la synthèse parfaite de ce nouveau style qui privilégiait la simplicité des compositions, en l’occurrence en forme de borne ou cippe antique, et la qualité exceptionnelle du travail des différents matériaux.

    Parmi les exemplaires répertoriés et réalisés dans le même esprit, citons notamment deux modèles légèrement plus tardifs et de qualité de ciselure nettement inférieure, mais qui offrent un dessin similaire : le premier, signé Carcel jeune, est reproduit dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p. 184 ; tandis que le second fut livré par Lepaute oncle et neveu en septembre 1807 pour le Palais de Fontainebleau et appartient toujours aux collections de ce château (voir J-P. Samoyault, Musée national du château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier, 1. Pendules et bronze d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 1989, p. 65, catalogue n° 26). Enfin, mentionnons particulièrement qu’une pendule identique à celle proposée, également signée Revel, se trouvait anciennement dans la célèbre collection de Peter Zervudachi ; tandis qu’une seconde, signée Lepaute, est conservée dans une collection privée (illustrée dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of measuring Time, Munich, 1988, p. 65, fig. 108).

    Joseph-Marie Revel (? - 1811)

    Nous n’avons que peu d’informations concernant cet horloger qui connut pourtant une grande notoriété tout au long de sa carrière. Mentionné brièvement dans le Dictionnaire des horlogers de Tardy sous le prénom de Joseph, il se prénommait en fait Joseph-Marie et mourut à Paris en 1811. Après son accession à la maîtrise, il ouvrit son atelier Vieille rue du Temple, puis est mentionné au Palais Royal entre 1787 et 1790, au Palais Egalité vers 1800, enfin, au Palais Tribunat entre 1804 et 1806. Certains inventaires après décès des premières décennies du XIXe siècle mentionnent quelques-unes de ses réalisations ; ainsi, une pendule de Revel est prisée en 1817 après le décès d’Adélaïde de Lespinasse-Langeac femme du chevalier de Costalin ; tandis qu’une seconde figurait en 1821 dans la collection d’Anne-Charlotte-Dorothée comtesse de Médem veuve du puissant duc de Courlande.



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    Louis Bausse
    Joseph Coteau (1740-1801)

    Rare pendule dite « pyramide » en bronze ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni, marbre blanc statuaire, verre coloré bleu et panneaux en fixés-sous-verre

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    Le cadran émaillé par Joseph Coteau

    Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1790

    Hauteur56 Largeur23.5 Profondeur18.5

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Ls Bausse/Cour-Mandar n°7 », indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes et est souligné d’une frise alternée de perles et olives ; il est renfermé dans une caisse circulaire à balancier oscillant à enfilage de perles et s’inscrit au centre d’un portique flanqué de quatre colonnes en bronze ciselé et doré à cannelures torses réunies entre-elles par des perles en enfilages rattachées à des anneaux et retenant des olives en pendentifs. Les colonnes supportent un entablement agrémenté de vases à anses sommés de bouquets fleuris et centré d’une superbe pyramide en verre bleu en forme d’obélisque dont les quatre faces sont soulignées d’enfilages de perles et ornées de médaillons peints sous verre représentant des perspectives paysagées ou une scène à l’allégorie du Temps ; la partie haute de la pyramide est rythmée de chaînettes et se termine par une sphère armillaire. L’ensemble repose sur une terrasse, à balustres latéraux sommés de vases fleuris et dont la partie centrale est foncée d’un miroir, elle-même supportée par une base en marbre blanc de Carrare ornée en façade d’un panneau peint sous verre représentant Diane dans son char tiré par deux biches tandis que sommeille, de l’autre côté de la composition, le jeune berger Actéon. Enfin, quatre pieds toupies à frises moletées supportent l’horloge.

    Le XVIIIe siècle français est probablement la période des arts décoratifs européens au cours de laquelle les artisans firent preuve de la plus grande imagination. En effet, l’on assiste à un exceptionnel renouvellement des formes et des motifs et à l’invention de nouveaux modèles jusqu’alors absents du répertoire esthétique ou quasiment jamais utilisés. Dans le domaine de la création horlogère, particulièrement dans la seconde moitié du siècle, éléments d’architecture, femmes drapées « à l’antique », figures mythologiques, vases de tous types, animaux…servent de supports ou d’éléments ornementaux aux caisses contenant les mouvements élaborés par les meilleurs maîtres horlogers parisiens du temps.

    Le modèle des pendules de type « pyramide » ou « obélisque » fut créé à cette époque, il en existe une grande variété de composition plus ou moins élaborée, notamment un exemplaire en marbre et bronze doré, certainement très populaire considérant le nombre important de pendules conservées, sommé d’une sphère armillaire (voir deux pendules de ce type illustrées dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.219) ; d’autres offrent une composition monumentale, tel un exemplaire conservé à la Wallace Collection à Londres (illustré dans P. Hughes, The Wallace Collection, Catalogue of Furniture, I, Londres, 1996, p.488) ; enfin, l’exemplaire présenté, le cadran signé « Ls Bausse », qui figure parmi les pièces les plus originales et les plus luxueuses.

    En effet, il est réalisé avec des matériaux précieux ou rarement employés dans l’élaboration des pendules à cette époque : du verre coloré bleu et des panneaux en fixés-sous-verre. A notre connaissance seules deux autres pendules identiques sont connues, avec certaines variantes dans les motifs : la première, dont le cadran est attribué à Joseph Coteau, est illustrée dans Tardy, La pendule française, 2ème partie : du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.264 ; la seconde, le cadran également rattaché à l’œuvre de Coteau et portant la signature de l’horloger « Bausse », appartient aux collections du Musée national du Château de Versailles (Inv. V5188).

    Louis Bausse

    Cet artisan parisien, absent des ouvrages spécialisés, semble avoir été reçu maître horloger au moment des troubles révolutionnaires. La localisation de son atelier au n° 7 de la Cour Mandar, voie créée en 1790, semble confirmer cette hypothèse. Il est probablement l’auteur d’une pendule de type « à l’Amérique », reprenant un modèle déposé par Jean-Simon Deverberie le 3 pluviose an VII, qui se trouvait anciennement sur le marché de l’art. Enfin, signalons qu’un horloger nommé Bausse, mais prénommé Pierre-Guillaume, signa le mouvement d’une pendule figurant Télémaque conduisant son char sous la protection d’Athéna (voir P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française, Paris, 1997, p. 417) ; peut-être le fils de notre horloger qui reprit la direction de l’atelier paternel sous l’Empire.



    Joseph Coteau (1740 - 1801)

    Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).



    Stollenwerck  -  Saint-Germain
    Michel Stollenwerck
    Jean-Joseph de Saint-Germain (1719-1791)

    Rare pendulette à poser rocaille en bronze très finement ciselé et doré

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    Dans une caisse attribuée à Jean-Joseph de Saint-Germain

    Paris, époque Louis XV, vers 1750

    Hauteur22.5 Largeur14 Profondeur9

    Le cadran émaillé indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré ; il s’inscrit dans une superbe caisse violonée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré. Le mouvement, à complications et poignée de tirage à rappel, est signé sur la platine « Stollenwerck à Paris » et est renfermé dans une caisse richement ciselée de motifs rocailles sur fonds amatis à décor de vaguelettes, cartouches feuillagés ou déchiquetés, fleurons et rinceaux, cabochons, coquilles, quadrillages à croisillons centrés de fleurettes, doubles crosses et joncs enrubannés ; l’horloge repose sur quatre pieds cambrés terminés en enroulements soulignés de feuillages.

    Caractéristique de l’esprit rocaille assagi du milieu du XVIIIe siècle, la composition de cette pendulette se distingue par l’équilibre de ses proportions et l’exceptionnelle qualité d’exécution de sa caisse en bronze doré qui nous permet de la rattacher à l’œuvre de Jean-Joseph de Saint-Germain, l’un des plus importants fondeurs parisiens du règne de Louis XV. Parmi les rares modèles connus réalisés dans le même esprit, mentionnons notamment : un premier exemplaire illustré dans E. Niehüser, Die französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p.198, fig.38 ; ainsi qu’un deuxième, conservé dans une collection privée, qui est reproduit dans Tardy, La pendule française, 1er partie : De l’horloge gothique à la pendule Louis XV, Paris, 1967, p.166 ; enfin, citons particulièrement une dernière pendule de ce type, le cadran signé « Etienne Le Noir à Paris », parue dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.112, fig. F.

    Michel Stollenwerck

    Michel Stollenwerck est reçu maître horloger parisien le 14 avril 1746.



    Jean-Joseph de Saint-Germain (1719 - 1791)

    Est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit à la Diane chasseresse (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Etude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).

    Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.



    Importante pendule de cheminée aux trophées guerriers en bronze ciselé et doré et porphyre de Suède

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    Suède, premier tiers du XIXe siècle, vers 1815-1820

    Hauteur56 Largeur17.5 Profondeur17.5

    Le cadran en bronze est souligné d’une frise de feuilles stylisées et indique les heures en chiffres arabes et les graduations des minutes par deux aiguilles en acier. Il est inscrit dans une colonne tronquée en porphyre de Suède mouluré supportée par une base carrée taillée dans le même bloc. Le cadran est entouré de motifs en bronze doré travaillés en relief représentant une guirlande tombante de feuilles de chêne et glands enrubannée et deux massues d’Hercule. La colonne est surmontée d’un superbe trophée militaire orné de deux branches de feuilles d’olivier et composé de deux boucliers à motifs de feuillages, palmettes, rosette et foudre ailé, d’une poutre de siège à tête de bélier, d’un carquois rempli d’empennages de flèche, d’un fléau d’armes, d’une hache et d’une longue tunique guerrière sommée d’un casque à panache de plumes.