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Revel  -  Rémond
François Rémond (vers 1747-1812)

Importante pendule de cheminée « aux sphinges » en marbre blanc statuaire et bronze finement ciselé et doré

« Le Sacrifice à l’Amour »

APF_Pendule145_03

Le mouvement attribué à Joseph-Marie Revel

Les bronzes attribués à François Rémond

Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1785-1790

Hauteur51,5 cm Largeur30,5 cm Profondeur16 cm

Provenance :

– Probablement ancienne collection de Gaston Menier (vente à Paris, Me Glandaz, le 24 novembre 1936, lot 75).

 

Les cadrans demi-circulaires émaillés bleu et or indiquent les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes ; le mouvement s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en marbre blanc statuaire et bronze très finement ciselé et doré. L’amortissement est formé de deux sphinges ailées, coiffées du némès et d’un panache de plumes, placées de part et d’autre d’un vase balustre reposant sur une quille et orné d’enfilages de perles et de couronne et bouquet fleuris et feuillagés. L’ensemble repose sur une borne pyramidale, soulignée de guirlandes fleuries et feuillagées, de fleurs de tournesol et d’un motif central allégorique en bas-relief représentant « Le Sacrifice à l’Amour », elle-même supportée par une base quadrangulaire ceinturée d’un moulure à canaux, ornée en façade de guirlandes de laurier agrémentées de lyres et centrées d’un masque, et portée par quatre fortes pattes de lion émergeant de rinceaux de feuilles d’acanthe.

Cette pendule, témoignage précoce de l’Egyptomanie en France sous le règne de Louis XVI, figure parmi les créations horlogères parisiennes les plus abouties de l’époque. Elle s’inspire librement de certains projets d’ornemanistes du temps, notamment d’une gravure de Jean-François Forty qui est illustrée dans P. Kjellberg,  Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.173, fig. C ; ainsi que d’un dessin de l’architecte François-Joseph Bélanger (1744-1818) qui correspond à une horloge livrée en 1781 pour le Salon du pavillon de Bagatelle du comte d’Artois ; une pendule du « modèle Artois » est conservée au Metropolitan Museum of Art à New York (voir H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.280, fig.4.13.4).

L’exemplaire que nous proposons se distingue par sa qualité de ciselure qui nous permet de l’attribuer à François Rémond, ainsi que par la position assise des sphinges, attitude que l’on retrouve sur quelques rares autres exemplaires de la même époque réalisés dans le même esprit, citons notamment un modèle, réalisé par Godon pour le roi d’Espagne, qui appartient aux collections royales espagnoles (paru dans J. Ramon Colon de Carvajal, Catalogo de Relojes del Patrimonio nacional, Madrid, 1987, p.77, catalogue n°61).

Enfin, relevons particulièrement que seules trois autres pendules identiques à celle proposée sont répertoriées : la première, proposée aux enchères à Paris en 1962, est reproduite dans Tardy, La pendule française, 2ème partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p. 359, fig.1 ; la deuxième est exposée dans le Salon rouge du Château de Rosersberg, résidence de la famille royale de Suède (illustrée dans H. Groth, Châteaux en Suède, intérieurs et mobilier néoclassiques 1770-1850, Paris, 1990, p.140) ; enfin, la troisième, dont le mouvement est signé Revel ce qui nous permet d’attribuer l’exemplaire présenté à ce célèbre horloger parisien, est parue dans E. Niehüser, Die französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p.251, fig.1079.

Joseph-Marie Revel (? - 1811)

Nous n’avons que peu d’informations concernant cet horloger qui connut pourtant une grande notoriété tout au long de sa carrière. Mentionné brièvement dans le Dictionnaire des horlogers de Tardy sous le prénom de Joseph, il se prénommait en fait Joseph-Marie et mourut à Paris en 1811. Après son accession à la maîtrise, il ouvrit son atelier Vieille rue du Temple, puis est mentionné au Palais Royal entre 1787 et 1790, au Palais Egalité vers 1800, enfin, au Palais Tribunat entre 1804 et 1806. Certains inventaires après décès des premières décennies du XIXe siècle mentionnent quelques-unes de ses réalisations ; ainsi, une pendule de Revel est prisée en 1817 après le décès d’Adélaïde de Lespinasse-Langeac femme du chevalier de Costalin ; tandis qu’une seconde figurait en 1821 dans la collection d’Anne-Charlotte-Dorothée comtesse de Médem veuve du puissant duc de Courlande.



François Rémond (vers 1747 - 1812)

À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.