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O066

Rare et importante paire de brûle-parfums « en athénienne » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

APF_Brules Parfum003_09

Russie, époque impériale, probablement Saint-Pétersbourg, vers 1810

Hauteur56 cm Diamètre22 cm

Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque brûle-parfum se présente sous la forme d’une athénienne néoclassique ; les réceptacles circulaires, à couvercles repercés de palmettes et courses de feuillages, sont sommés de boutons en forme de flammes et reposent sur trois montants en sphinges ailées monopodes coiffées du némès égyptien dont les bustes se prolongent en jarrets de lion ; leurs queues sinueuses sont en serpents aux écailles finement ciselées agrémentées d’ailes de papillons. Les reptiles se rattachent à des amphores « à l’antique », aux panses rythmées de mascarons et culots ornés de feuilles d’eau et palmettes, soutenues par des longues feuilles stylisées reposant sur des tablettes circulaires servant d’entrejambe ; les parties inférieures tripodes se terminent en pattes de lion émergeant de larges palmes centrées de palmettes stylisées ; l’ensemble repose sur des bases triangulaires à angles abattus et faces concaves.

La composition particulièrement originale de cette importante paire de brûle-parfums en athénienne s’inspire plus ou moins directement d’un tableau de Jean-Baptiste Vien intitulé « La vertueuse athénienne » sur lequel une prêtresse brûle de l’encens sur un trépied ; tiré de ce tableau, le terme « athénienne » fut donné en 1773 par l’éditeur parisien Jean-Henri Eberts. Le dessin puise librement son inspiration dans un modèle antique connu dès le XVIIIe siècle découvert lors des fouilles archéologiques du temple d’Isis à Herculanum. Par la suite, ce type de trépied sera décliné tout au long du XVIIIe siècle et dans les premières décennies du siècle suivant par les meilleurs bronziers parisiens et européens de l’époque. Ainsi, une paire d’athéniennes, attribuée au frères Manfredini et fortement inspirée du modèle antique, est conservée à la Villa Masséna à Nice (voir L. Mézin, La Villa Masséna du Premier Empire à la Belle Epoque, 2010, dans p.85) ; tandis qu’une seconde paire, travail parisien d’époque Empire réalisée dans le même esprit que celle que nous présentons, appartient aux collections du Musée des Arts décoratifs à Paris (illustrée dans le catalogue de l’exposition L’Aigle et Papillon, Symboles des pouvoirs sour Napoléon 1800-1815, O. Nouvel-Kammerer, « La Victoire au quotidien et les gardiens du régime », Paris, Les Arts décoratifs, 2007, p.195, catalogue n°97).

Enfin, relevons particulièrement que des brûle-parfums identiques à ceux que nous proposons, toutefois associant bronze patiné et bronze doré, se trouvent actuellement sur le Marché de l’Art helvétique. Leur conception, l’originalité de leur dessin et le travail spécifique du bronze, permettent de les rattacher à un bronzier russe, probablement actif à Saint-Pétersbourg dans les toutes premières décennies du XIXe siècle. Grâce à un papier manuscrit d’inventaire, leur provenance ancienne a pu être retracée. En effet, ils se trouvaient au XIXe siècle au Palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg, résidence de Maximilien duc de Leuchtenberg, petit-fils de l’Impératrice Joséphine et époux de la Grande Duchesse Maria Nikolaevna, fille du Tsar Nicolas Ier. Une aquarelle d’Eduard Petrovich Hau (1807-1887) conservée au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, datée 1866 et représentant le Salon turquoise du palais, les localise dans cette pièce devant le grand miroir du salon au fond de la salle (voir E. Ducamp, Vues du palais d’Hiver à Saint Pétersbourg, 1994, p. 218).