Important cartel d’applique en bronze ciselé et doré
Dans une caisse attribuée à Jean-Joseph de Saint-Germain
Paris, époque Louis XV, vers 1755-1760
Le cadran circulaire émaillé, signé « Nicolas Fieffé à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes par deux aiguilles ajourées en cuivre doré ; il est inscrit dans une superbe caisse violonée entièrement réalisée en bronze finement ciselé et doré à motifs de graines et de rinceaux sur le cul-de-lampe, de larges feuilles, de volutes, de guirlandes d’olivier et de feuilles et graines de laurier ; enfin, l’amortissement est formé d’une double volute et d’une large feuille ajourée qui équilibrent la composition. Les parties non travaillées de la caisse sont ornées de motifs découpés dessinant d’élégants rinceaux et le cartel présente la particularité de sonner les heures, les demies-heures et les quarts.
Le dessin particulièrement original de ce cartel permet de le faire figurer parmi les plus belles réalisations de la fin du goût rocaille Louis XV. Il se distingue par un esprit sinueux assagi, caractérisé par un dessin symétrique de la caisse et par certains éléments du décor, notamment les guirlandes de laurier, qui tendent déjà vers la nouvelle esthétique néoclassique du règne de Louis XVI ; ce même parti pris est visible sur une pendule en porcelaine de Sèvres conservée au musée du Louvre et censée provenir des collections de la marquise de Pompadour (illustrée dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Paris, 1997, p. 77). Il offre également une qualité de dorure et de ciselure exceptionnelle qui est révélatrice d’un bronzier de tout premier rang, probablement Jean-Joseph de Saint-Germain, à qui nous rattachons l’exemplaire que nous présentons. Cette attribution se base notamment sur un modèle de cartel signé Saint-Germain qui offre de nombreuses similitudes stylistiques ; un exemplaire de ce type appartient au musée Carnavalet à Paris (ancienne collection Bouvier).
Nicolas-Jean Fieffé (? - 1762)
Le fils du célèbre horloger Jean-Jacques Fieffé, après avoir été reçu maître en 1752, il n’exerça qu’une dizaine d’années et eut donc une production relativement réduite, mais d’excellente qualité. Mais soulignons qu’il apparaît que Fieffé fils sut tirer profit des relations professionnelles qu’avait tissées son père depuis plusieurs décennies avec les meilleurs artisans de la capitale, particulièrement avec le bronzier Saint-Germain.
Jean-Joseph de Saint-Germain (1719 - 1791)
Est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit à la Diane chasseresse (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Etude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).
Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.