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Furet  -  Cressent

Exceptionnel cartel d’applique et sa console en bronze ciselé et doré

« L’aurore ou Le point du jour »

Cartel032_01

Dans une caisse attribuée à Charles Cressent

Paris, époque Louis XV, vers 1740-1745

Hauteur92.5 Largeur36 Profondeur22

Le cadran circulaire, signé « André Furet à Paris », est en cuivre doré sur lequel sont disposées treize pièces émaillées en forme de cartouches indiquant les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes par deux aiguilles ajourées en laiton doré ; il est inscrit dans une superbe caisse mouvementée « rocaille » entièrement réalisée en bronze finement ciselé et doré qui est notamment décorée sur la console ou cul-de-lampe de motifs d’ombilics, de fleurettes, de rinceaux de feuillages, d’enroulements et d’un masque de satyre « boullien » coiffé d’un diadème duquel semblent s’échapper un plumet et des plumes qui volent au vent.  Le décor de l’horloge répond à l’exubérance de celui du cul-de-lampe, tout un monde composé de coquilles déchiquetées, de rinceaux, de branchages, de palmes, est orné sous le cadran d’un aigle aux ailes déployées ou d’un phœnix et à l’amortissement d’un enfant ailé légèrement drapé soulevant une draperie à franges et dévoilant un masque solaire, symbole du Point du jour ou de l’Aurore.

La composition particulièrement élaborée de ce sublime cartel d’applique nous permet de l’attribuer à l’un des plus importants artisans parisiens de la première moitié du XVIIIe siècle : Charles Cressent. Ce bronzier, mais également ébéniste, est l’une des personnalités les plus emblématiques du monde artistique des époques Régence et Louis XV ; tout au long de sa carrière, il privilégia la création d’œuvres spectaculaires et les compositions originales, parfois uniques, spécialement commandées par certains grands amateurs de l’époque qui appréciaient son esthétisme.

Soulignons particulièrement qu’à ce jour aucune autre pendule de modèle identique n’est connue, ce qui tend à prouver qu’il s’agit d’une œuvre de commande. Son dessin reprend librement, dans un esprit nettement plus « rocaille », un modèle, dit « au masque de Borée » soufflant sur des plumes, créé par Cressent vers 1730 et dont un exemplaire fut livré pour la chambre de la Dauphine au château de Versailles (voir A. Pradère, Charles Cressent, sculpteur, ébéniste du Régent, Dijon, 2003, p.296) ; enfin, mentionnons également une seconde pendule d’applique de Cressent qui est surmontée d’une figure d’enfant ailé similaire et qui appartient aux collections du musée Condé au château de Chantilly (reproduite dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Munich, 1986, Band I, p.78, fig.1.12.5).

André Furet

André Furet était reçu maître horloger en mai 1691.



Charles Cressent (1685 - 1768)

Charles Cressent figure parmi les plus importants ébénistes parisiens du XVIIIe siècle et est probablement le plus célèbre artisan en meubles de l’esprit Régence qu’il véhicula dans ses réalisations d’ébénisterie et de sculpture tout au long de sa carrière. Fils d’un sculpteur du Roi, il s’exerce à la sculpture à Amiens où réside son grand-père, lui-même sculpteur et fabricant de meubles. Ses débuts sont donc dominés par l’apprentissage des techniques de la sculpture, si bien qu’en 1714, c’est en présentant une œuvre dans cette spécialité qu’il est reçu à l’Académie de Saint Luc. Il s’établit alors à Paris et commence à travailler pour certains confrères, puis épouse la veuve de l’ébéniste Joseph Poitou, ancien ébéniste du duc Philippe d’Orléans, alors Régent du royaume. Par ce mariage, il prend en charge la direction de l’atelier et continue l’activité si brillamment qu’il devient à son tour le fournisseur privilégié du Régent, puis à la mort de ce dernier, en 1723, de son fils Louis d’Orléans qui lui passe de nombreuses commandes et lui assure une grande prospérité au cours de ces années-là. Rapidement sa notoriété dépasse les frontières du royaume et certains princes et rois européens commandent des œuvres à l’ébéniste, particulièrement le roi Jean V du Portugal et l’Electeur Charles Albert de Bavière. En France, il s’était composé une riche clientèle privée comprenant des membres de la haute aristocratie, tel le duc de Richelieu, et des grands collectionneurs, notamment le puissant trésorier général de la marine Marcellin de Selle. Cressent n’aura de cesse tout au long de sa carrière de créer, à l’encontre des lois de la corporation des bronziers, ses propres modèles de bronzes fondus dans son atelier ; cette particularité, que l’on retrouve également chez André-Charles Boulle, apporte à son œuvre une grande homogénéité et démontre surtout ses talents exceptionnels de sculpteur.