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Thomire  -  Coteau
Joseph Coteau (1740-1801)

Rare pendule de cheminée en bronze doré et marbre rouge griotte

« Le sacrifice à l’Amour »

APF_Pendule035_07

« Lamiral »

Le cadran émaillé par Joseph Coteau (1740-1812)

Dans une caisse attribuée à Pierre-Philippe Thomire (1751-1843)

Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1790

Hauteur46 Largeur43 Profondeur13.5

Le cadran circulaire émaillé est rehaussé de motifs polychromes et signé « Lamiral à Paris » ; il indique les heures en chiffres romains et les minutes, par tranches de quinze, en chiffres arabes par deux aiguilles ajourées en cuivre doré et marque les jours du mois par une aiguille en métal bleui. Il est inscrit dans une superbe caisse en bronze finement ciselé et doré et marbre rouge griotte d’Italie. Le mouvement est renfermé dans une boite en forme d’autel antique, supportée par quatre griffons et ornée de têtes de bélier aux angles supérieurs, dont l’amortissement est décoré d’un brasier enflammé reposant sur une terrasse à doucine soulignée de fines cannelures. De part et d’autre de l’autel est une figure féminine représentant une prêtresse vêtue d’une longue palla antique ; l’une lève les bras vers le ciel, l’autre tient un oiseau dans ses deux mains qu’elle est sur point d’offrir en sacrifice. Le tout repose sur une base en marbre rouge griotte d’Italie, à cannelures torses creusées sur les côtés, richement ornée de bronze ciselé et doré à motifs de baguette moulurée, trophées d’armes ou d’aiguière et trois couronnes de fleurs enrubannées réunies par des branchages animés de volatiles. Enfin, l’ensemble est supporté par une plinthe en marbre blanc statuaire et huit pieds finement ciselés de godrons.

La composition originale de cette pendule, particulièrement l’autel enflammé supporté par des griffons, puise plus ou moins directement son inspiration dans certaines études préparatoires d’ornemanistes parisiens de la fin de l’Ancien Régime, particulièrement dans un dessin de Jean-Démosthène Dugourc (1749-1825) représentant un projet de chenet aux griffons, en forme d’autel enflammé, destiné au comte de Provence, frère de Louis XVI (voir vente à Paris, Me Renaud, Hôtel Drouot, le 3 juin 1988, lot 85).

La rareté du modèle et sa qualité de ciselure et de dorure nous permettent de l’attribuer à Pierre-Philippe Thomire. En effet, ce dernier est l’auteur de quelques autres pendules reprenant cette rare thématique aux prêtresses ou aux vestales, citons notamment : un premier exemplaire livré par Robin en 1788 pour le Cabinet des bains de Marie-Antoinette au Palais des Tuileries et conservé au musée des Arts décoratifs à Paris (illustré dans P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1999, p.326) ; ainsi qu’un second qui est reproduit dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.336.

Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



Joseph Coteau (1740 - 1801)

Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).