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Schmit  -  Coteau
Jean-Nicolas Schmit (?-vers 1820)
Joseph Coteau (1740-1801)

Rare pendule de cheminée en biscuit de porcelaine et bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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Manufacture Dihl et Guérhard dite Manufacture du duc d’Angoulême

Jean-Nicolas Schmit

Le cadran par Joseph Coteau

Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1785-1790

Hauteur55 Largeur58 Profondeur20

Provenance :

-Vente à Paris, Galerie Charpentier, Maître Rheims, le 8 juin 1955, lot 184.

-Vente à Paris, Hôtel Drouot, Maîtres Ader-Picard-Tajan, le 19 mars 1982, lot 31.

 

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Schmit à Paris » et « Coteau » et portant la mention « Manufre de Mgr le duc d’Angoulême », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de quinze et les quantièmes du mois en chiffres arabes, ainsi que les jours de la semaine associés à leurs signes astrologiques et les secondes par cinq aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré. Il s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en biscuit de porcelaine à l’imitation du marbre blanc de Carrare ou en camaïeu de gris sur fond rose, et agrémentée de quelques ornements en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni à cadres à feuilles d’eau, panneaux à sirènes stylisées et enfilages alternés de perles et olives. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une boite sous la forme de nuées sur lesquelles est assis Eros, dieu de l’Amour, tenant un stylet dans sa main droite avec lequel il vient de graver un poème sur un ouvrage maintenu ouvert par un putto figuré en opposition. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, à décrochements et angles à pans coupés, ornée de réserves en camaïeu de gris sur fond rose à décor de putti occupés au jardinage ou à la cueillette. Enfin, quatre pieds en pattes léonines à griffes saillantes supportent l’horloge.

Cette superbe pendule illustre l’exceptionnelle inventivité des horlogers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui parvinrent à créer des œuvres d’une originalité et d’une qualité sans égale en associant les matériaux les plus luxueux et les plus précieux. Elle fut réalisée par la célèbre Manufacture dite « du duc d’Angoulême » ; car patronnée dès 1781 par ce grand aristocrate qui confia par la suite la direction à deux groupes d’associés : Christophe Erasimus Dihl et les époux Guérhard, qui firent de cette entreprise la principale rivale de la Manufacture de Sèvres dans les dernières années du XVIIIe siècle et sous le règne de Napoléon. Dès la chute de la monarchie, la manufacture créa de nouveaux modèles, notamment des groupes ou figures non émaillés, particulièrement appréciaient lorsque montés en « grandes pendules en beau biscuit » (Dictionnaire universel de la géographie commerçante, Tome V, p.325 ; cité dans R. de Plinval de Guillebon, Les biscuits de porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Editions Faton, Dijon, 2012, p.199). Sa composition originale et parfaitement équilibrée rencontra un grand succès auprès des grands amateurs parisiens du temps ; ainsi parmi les rares modèles identiques répertoriés, tous semblant être signés par l’horloger Schmit, citons particulièrement : un premier exemplaire, la base en camaïeu de gris et présentant un guichet à indications de l’âge et des phases de la lune, qui se trouvait anciennement dans la collection de la famille Guinness à Luttrestown Castle près de Dublin (vente Christie’s, les 26-28 septembre 1983) ; ainsi qu’un second qui appartient aux collections James de Rothschild à Waddesdon Manor près de Londres.

Jean-Nicolas Schmit (? - vers 1820)

Jean-Nicolas Schmit figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, en août 1781, il installe son atelier rue Betizy et connaît immédiatement une grande notoriété auprès des grands collectionneurs du temps. La perfection de ses mouvements attire notamment l’attention des deux directeurs de la Manufacture du duc d’Angoulême : Dihl et Guérhard, qui le font collaborer pour la réalisation de la quasi-totalité des mécanismes des pendules créées par leur entreprise. Enfin, relevons que certains documents anciens mentionnent des pendules de cet horloger chez les plus grands amateurs d’art de l’époque, citons notamment celles décrites au moment des inventaires après décès de Son Excellence Jean-Etienne-Marie de Portalis, conseiller d’état de Napoléon, et de l’épouse de Louis-Marie-Bretagne-Dominique de Rohan-Chabot, duc de Rohan et cousin du roi Louis XV.



Joseph Coteau (1740 - 1801)

Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).