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P242

Rare pendule de cheminée dite « aux porteuses noires » en bronze très finement ciselé, émaillé, patiné et doré à l’or mat

Pendule353-04_HD_WEB

Attribuée au bronzier parisien Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien (1784-1853)

Paris, époque Empire, vers 1810

Hauteur41 Largeur34.5 Profondeur11

Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; il s’inscrit dans une balle de coton nouée de cordelettes et surmontée d’un perroquet posé sur son perchoir. La balle de coton est posée sur un brancard, à filet suspendu laissant apercevoir à l’arrière le balancier terminé par un médaillon ajouré à motif d’un écureuil, reposant sur les épaules de deux superbes figures représentant des jeunes noires, aux yeux émaillés, portant des anneaux d’oreilles et vêtus de pagnes de plumes. Les personnages sont supportés par une base quadrangulaire à côtés arrondis agrémentée de motifs en applique figurant des instruments de musique retenus par des rubans noués et un trophée à coiffe en panache de plumes, palmes, collier de perles et pagayes croisées ; la terrasse est centrée d’une large fleur épanouie s’inscrivant dans un médaillon à perles. Enfin, des pieds aplatis à frises d’entrelacs centrés de cabochons supportent l’horloge.

À la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau qui exaltait les vertus morales du retour à la Nature à travers le mythe du « bon sauvage », l’engouement pour l’exotisme fut tout particulièrement mis à la mode par la littérature contemporaine. Ainsi, le prodigieux succès littéraire de « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre en 1788, héritier lointain du fameux « Robinson Crusoé » de Daniel Defoe, le roman « Les Incas » de Marmontel paru en pleine guerre de l’indépendance américaine, ainsi qu’« Atala » de Chateaubriand publiée en 1801, vont profondément bouleverser l’approche européenne des autres civilisations et même faire plonger la culture du vieux continent dans une forte nostalgie romantique liée à la quête d’un Eden païen régénéré par le christianisme. Comme souvent dans les arts décoratifs français, ce bouleversement aura sa manifestation dans certaines créations artistiques, essentiellement horlogères ou liées au luminaire. C’est dans ce contexte que fut créée la pendule que nous présentons, dont le modèle, dit « aux jeunes porteuses noires », est l’une des représentations les plus rares des pendules dites « au nègre ».

Ainsi, parmi les rares autres horloges connues de dessin similaire, avec toutefois certaines variantes dans la composition, citons : un premier exemplaire, l’amortissement formé d’un groupe de Paul et Virginie, qui est conservé au Musée Duesberg à Mons (paru dans le catalogue de l’exposition « De Noir et d’Or », Pendules « au bon sauvage », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993) ; ainsi qu’un deuxième qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.344 ; enfin, un dernier, réalisé par le bronzier Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien, est illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.379, fig.5.15.20, et nous permet d’attribuer la pendule que nous proposons à cet important bronzier parisien de l’époque Empire.