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Bausse  -  Boizot

Rare pendule de cheminée en terre cuite à figure d’Egyptienne

APF_Pendulerie050_03

La figure en terre cuite d’après un modèle de Louis-Simon Boizot

Paris, début de l’époque Empire, vers 1805

Hauteur50.5 Largeur17 Profondeur14

Le cadran circulaire émaillé, signé « Baufse Cour Mandar n°7 », indique les heures en chiffres romains et marque les graduations des minutes par deux aiguilles Breguet en acier bleui ; la lunette en bronze doré est entourée d’une frise de palmettes et fleurettes stylisées et bordée d’un rang d’enfilage de perles. Il est supporté par une superbe figure caryatide en terre cuite représentant une Egyptienne debout, la jambe gauche avancée animant la composition, vêtue d’une longue toge « à l’antique » dévoilant la sensualité de la figure et coiffée d’un némès noué sous la poitrine. Elle lève les deux bras au-dessus de sa tête pour soutenir une draperie délicatement modelée dans laquelle s’inscrit le mouvement. Enfin, l’ensemble repose sur une base quadrangulaire également travaillée en terre cuite.

La composition particulièrement originale de cette pendule illustre l’influence exceptionnelle qu’eut la campagne d’Egypte, expédition militaire menée par Bonaparte contre l’Angleterre pour la domination du pays, sur les arts décoratifs français des dernières années du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Le modèle s’inspire directement d’une sculpture créée en 1788 par le sculpteur Louis-Simon Boizot (1743-1809) pour la manufacture de Sèvres, qui sera repris en bronze une dizaine d’années plus tard par le ciseleur François Rémond ; voir une pendule de ce type conservée au Musée des Arts décoratifs de Prague (illustrée dans C. Baulez, « Les bronziers Gouthière, Thomire et Rémond », in Louis-Simon Boizot 1743-1809, sculpteur du roi et directeur de l’atelier de sculpture à la Manufacture de Sèvres, Paris, 2001, p. 292).

Quelques années plus tard, la pendule de Rémond sera déclinée par la création d’un nouveau modèle qui correspond à la pendule proposée et dont deux exemplaires identiques sont connus : le premier, en bronze patiné et doré, fut livré par le bronzier Claude Galle pour le Palais de l’Elysée et figure dans les collections du Mobilier national à Paris (paru dans M-F. Dupuy-Baylet, Pendules du Mobilier national 1800-1870, Dijon, 2006, p. 114, catalogue n° 49) ; enfin, le second, réalisé en plâtre, porte la signature de l’horloger Bausse au Meridian boulevard d’Antin et est conservé dans une collection particulière (reproduit dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Munich, 1986, p. 366, fig. 5.13.4).

Louis Bausse

Cet artisan parisien, absent des ouvrages spécialisés, semble avoir été reçu maître horloger au moment des troubles révolutionnaires. La localisation de son atelier au n° 7 de la Cour Mandar, voie créée en 1790, semble confirmer cette hypothèse. Il est probablement l’auteur d’une pendule de type « à l’Amérique », reprenant un modèle déposé par Jean-Simon Deverberie le 3 pluviose an VII, qui se trouvait anciennement sur le marché de l’art. Enfin, signalons qu’un horloger nommé Bausse, mais prénommé Pierre-Guillaume, signa le mouvement d’une pendule figurant Télémaque conduisant son char sous la protection d’Athéna (voir P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française, Paris, 1997, p. 417) ; peut-être le fils de notre horloger qui reprit la direction de l’atelier paternel sous l’Empire.



Louis-Simon Boizot (1743 - 1809)

Le fils d’Antoine Boizot, qui travailla à la Manufacture de Tapisseries des Gobelins , Boizot est formé dans l’atelier du sculpteur René-Michel Slodtz (1705–1764), qui forma également Houdon. Boizot épouse Marguerite Virginie Guibert, la fille du sculpteur Honoré Guibert. En 1778 il est admis à l’Académie royale de peinture et de sculpture and expose aux salons annuels jusqu’en 1800. Ses bustes de Louis XVI et de Joseph II, créées en 1777, sont produits en porcelaine à Sèvres.

De 1773 à 1800 Boizot dirige l’atelier de sculpture de la Manufacture de Sèvres, produisant une série de figures en biscuit de porcelaine, au fini mat ressemblant au  marbre.

Boizot crée également des modèles en terre cuite pour des boîtes de pendules en bronze doré, comme celle de la pendule allégorique dite « d’Avignon », faite en 1777 par le bronzier Pierre Gouthière et aujourd’hui dans la Wallace Collection de Londres.



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