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CA47

Rare paire d’appliques « en torche enflammée » à trois lumières en bronze finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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Réalisée d’après un dessin préparatoire de Jean-Louis Prieur (1732-1795)

Paris, époque Transition Louis XV-Louis XVI, vers 1770-1775

Hauteur66 Largeur37.5 Profondeur25.5

Entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou l’or bruni, chaque bras de lumière présente un fût « en carquois » fuselé à cannelures foncées d’asperges terminé en culot à bouquet à graines ou fleurettes et ponctué de deux bagues, à canaux encadrant une frise de feuilles d’acanthe, sur l’une desquelles viennent se rattacher les trois bras de lumière curvilignes soulignés de feuilles d’acanthe et portant les bassins et binets à frises de feuilles, d’oves et cannelures torses. Dans la partie supérieure, émergeant d’un bouquet en corolles de feuilles allongées, est un fort motif enflammé.

Dès le milieu du XVIIIe siècle nous assistons à une totale remise en cause des schémas ornementaux qui prévalaient dans les arts décoratifs français depuis plusieurs décennies. Cette réaction, menée par des érudits et des amateurs, trouvait son origine dans les exceptionnelles découvertes archéologiques faites dans les anciennes cités romaines de Pompéi et d’Herculanum dans la région napolitaine. Au fil des années, quelques rares collectionneurs, artistes et artisans, vont imposer un nouveau style directement inspiré de l’Antiquité classique grecque et romaine. Les appliques que nous proposons furent réalisées dans ce contexte d’effervescence artistique, leur répertoire ornemental, composé notamment d’un fût en carquois enflammé, de feuilles d’acanthe et de bagues à canaux, est caractéristique des plus belles créations parisiennes de la fin des années 1760 ou du début de la décennie suivante et s’inspire librement de certains projets d’ornemanistes du temps, notamment de Jean-Charles Delafosse et particulièrement de Jean-Louis Prieur, auteur d’un dessin préparatoire à la création de la paire d’appliques que nous proposons qui est conservé au J. Paul Getty Museum de Malibu (illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.172, fig.3.5.3).

À ce jour ce modèle n’a pas pu être rattaché à l’œuvre d’un bronzier, toutefois relevons que leur composition générale et leur qualité de fonte et de ciselure ne sont pas sans rappeler certains modèles de luminaires crées vers la même époque par certains grands artisans parisiens, particulièrement par Jean-Joseph de Saint-Germain, le grand bronzier du renouveau néoclassique (voir J-D. Augarde, « Jean-Joseph de Saint-Germain bronzier (1719-1791), inédits sur sa vie et son œuvre », dans L’Estampille/L’Objet d’art, n°308, décembre 1996).

De nos jours, parmi les rares paires d’appliques répertoriées de ce modèle, mentionnons notamment : une première paire qui appartient aux collections royales suédoises (reproduite dans J. Böttiger, Konstsamlingarna a de Swenska Kungliga Slotten, Tome II, Stockholm, 1900) ; ainsi qu’une deuxième qui est exposée au Palais de Pavlovsk, près de Saint-Pétersbourg, et provient très certainement des anciennes collections impériales russes (voir I. Sychev, The Russian Chandeliers 1760-1830, Editions PVBR, 2003, p.87, fig.403) ; enfin, mentionnons une dernière paire de ce type qui est conservée au Musée national du Château de Fontainebleau (illustrée dans J-P. Samoyault, Musée national du Château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier, 1. Pendules et bronzes d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 1989, p.93).