Importante pendule « tête de poupée » en marqueterie dite « Boulle » première partie et bronze très finement ciselé et doré
Paris, époque Louis XIV, dernier quart du XVIIe siècle, vers 1685
Le cadran circulaire en cuivre doré indique les heures en chiffres romains sur douze pièces émaillées fond blanc dans des cartouches à rinceaux alternés de fleurons et les minutes en chiffres arabes sur sa bordure extérieure par deux aiguilles en acier poli-bleui ; son centre, en disque à fond amati, est orné d’une rosace à crosses, rinceaux et fleurons, traitée en arabesques. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures et platine signée « Jacques Hory à Paris », est renfermé dans une superbe caisse violonée dite « tête de poupée » entièrement réalisée en marqueterie dite « Boulle première partie » de motifs en cuivre et étain gravés sur fond d’écaille teintée rouge à riche décor « à la Bérain » de fleurons, crosses, rinceaux, lambrequins et médaillon centré d’un buste « à l’antique ». L’ensemble est agrémenté de motifs en bronze très finement ciselé et doré : l’amortissement en terrasse est orné de quatre lampes à huile ; le fronton arrondi est souligné d’un bandeau mouluré à cavet ; les côtés sinueux et la façade sont ponctués de rosaces turbinées ou de graines ; la haute base, à cavet ou en doucine, est rythmée de frises de lauriers, de feuilles stylisées et d’entrelacs centrés de fleurettes ; enfin, quatre pieds en pattes de lion supportent l’ensemble de l’horloge.
La composition particulièrement originale de cette rare pendule dite « tête de poupée » semble plus ou moins directement être inspirée de certains projets d’ornemanistes parisiens de la seconde moitié du XVIIe siècle, particulièrement d’une planche de Daniel Marot (1663-1752) tirée de son « Nouveau Livre de boîte de pendules, de coqs et étuys de montres et autres nécessaires aux orlogeurs » édité à Amsterdam (voir P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Les éditions de l’Amateur, Paris, 1997, p.41, fig. B).
De nos jours, parmi les rares pendules de dessin identique à celle que nous proposons, avec toutefois des variantes dans le traitement du décor marqueté et des bronzes, citons notamment : un premier modèle signé par « P. Du Chesne à Paris » (maître en 1675) qui se trouve au Musée des Arts décoratifs de Dijon (illustré dans Tardy, La Pendule Française des origines à nos jours, Ier Partie de l’Horloge Gothique à la Pendule Louis XV, Paris, 1967, p. 105) ; ainsi qu’un second, par « Balthazar Martinot à Paris » (1636-1716), qui fait partie d’une collection privée (paru dans R. Mühe et Horand M. Vogel, Horloges anciennes, Manuel des horloges de table, des horloges murales et des pendules de parquer européennes, Bibliothèque des Arts, Paris, 1978, p. 95). Enfin, mentionnons particulièrement une dernière pendule de ce type, dont le mouvement et le cadran ont été remplacés vers 1820 par Benjamin Lewis Vulliamy, qui est conservée dans les collections royales anglaises au Château de Windsor (Inv. RC 30078).
Très certainement issu d’une dynastie d’artisans parisiens actifs dès le début du XVIIe siècle, Jacques Hory figure parmi les plus importants horlogers de la capitale de la seconde moitié du XVIIe siècle. Installé Faubourg Saint-Germain en 1658, son atelier connaît une grande notoriété et l’horloger est nommé juré de sa corporation en 1675, puis reçoit le titre « d’Horloger ordinaire du Roi » de 1673 à 1690 (voir Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971, p.494). Dès le XVIIIe siècle, certaines pendules portant le nom « Hory », « Horry » ou « Hourry », sont mentionnées chez d’importants collectionneurs européens, citons notamment un modèle décrit dans la vente de S.A.S. l’Electeur de Cologne en 1764, ainsi qu’un deuxième mentionné dans l’inventaire après décès de la veuve de Pierre-Charles Davoust, enfin, un troisième est brièvement prisé en 1758 lors de la succession de Hercule-Mériadec de Rohan prince de Guémené prince de Montbazon.