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Amant

Rare pendule de cheminée « au déserteur » en bronze finement ciselé, verni polychrome et doré

Pendule192_05

Paris, époque Louis XVI, vers 1775

Hauteur50 Largeur34 Profondeur21.5

Le cadran circulaire émaillé, signé « Amant à Paris », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq et les quantièmes en chiffres arabes par trois aiguilles, dont deux rehaussées de strass et une troisième en acier bleui ; il s’inscrit dans une caisse architecturée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, verni et doré. La boite est soulignée d’un amoncellement à motifs militaires formé d’étendards, casque empanaché, glaives, haches, bouclier…et repose sur un édifice, à façade à arcades cintrées rythmées de pilastres cannelés, figurant des geôles. Sur le devant, reposant sur une terrasse à dallage simulé et à bornes réunies par des chaînettes, est représentée une scène à personnages figurant un jeune homme agenouillé faisant ses adieux à une jeune femme, affligée de douleur ; derrière le couple, se tiennent quatre soldats en uniforme qui attendent d’exécuter la sentence. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire en marbre blanc de Carrare, à ressaut cintré en façade, agrémentée de frises d’entrelacs se détachant sur un contre-fond vert ; enfin, quatre pieds pastilles à bandeaux amatis supportent l’horloge.

La composition originale de cette pendule est directement inspirée d’un célèbre opéra-comique intitulé « Le déserteur » du compositeur Pierre-Alexandre Monsigny  (1729-1817) qui fut présenté le 6 mars 1769 à l’Hôtel de Bourgogne par la troupe de la Comédie-italienne. L’œuvre s’inspire d’une histoire vraie. Alexis, un soldat français déserte son régiment pensant que sa fiancée, Louise, est sur le point d’épouser un autre homme. Le jeune homme est arrêté et emprisonné. Affligée, Louise se jette aux pieds du roi et parvient à le convaincre de lui pardonner ; mais, la jeune femme est si épuisée, qu’à son retour à la prison, elle s’écroule de fatigue avant d’avoir pu annoncer la grâce royale. Heureusement, Louis XV arrivera juste à temps pour éviter l’exécution d’Alexis. Immédiatement, cette pièce rencontra un vif succès et inspira directement la création d’un modèle de pendules qui représente le moment le plus dramatique de la pièce : les adieux d’Alexis à Louise, avec à l’arrière le peloton prêt à l’exécuter.

Parmi les rares pendules connues de ce modèle, citons notamment : un premier exemplaire qui a fait partie des collections du comte de Rosebery à Mentmore Towers (vente Sotheby’s, le 19 mai 1977, lot 445) ; ainsi qu’un deuxième qui est reproduit dans le catalogue de l’exposition « La folie d’Artois à Bagatelle », 1988, p.85, fig.7 ; mentionnons également une dernière pendule « au déserteur » qui appartient aux collections du Palais de Pavlovsk (illustrée dans A. Kuchumov, Pavlovsk, Palace & Park, Leningrad, 1975, illustration 97) ; enfin, relevons particulièrement qu’une horloge de ce modèle était mentionnée dans la collection du marquis de Broglie en 1786 : « Une pendule représentant une partie de prison et une scène du déserteur, surmontée d’un cadran d’émail avec entourage de pierres Cayenne avec trophée militaire, le tout sur socle de marbre… ».

Jean-Louis Amant

Jean-Louis Amant accéda à la maîtrise en 1751, en tant que fils de maître, il installa son atelier rue Gracieuse et connut une grande notoriété. A l’instar des meilleurs artisans parisiens, il collabora pour les caisses de ses pendules avec les plus grands bronziers ou ébénistes du temps, notamment avec Jean Goyer, Nicolas Bonnet et les Osmond.



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