search icon
Weisweiler  -  Lignereux
Adam Weisweiler (1744-1820)

Importante paire de commodes à portes dites « à brisure » en placage de loupe d’if et bronze doré

Capture d’écran 2015-10-10 à 15.56.31

Réalisée sous la supervision de la Maison Daguerre & Lignereux

Paris, époque Louis XVI, vers 1785-1790

Estampille : A. WEISWEILER

Hauteur95 Largeur133.5 Profondeur58.5

Provenance :

-Acquise à Paris en 1803 par Thomas Bruce, 7ème comte d’Elgin et 11ème comte de Kincardine (1766-1841) auprès du marchand-mercier Martin-Eloi Lignereux.

-Conservée dans sa descendance à Broomhall House à Fife en Ecosse.

-Collection de Lord Bruce, vente Christie’s, Londres, 31 mai 1962, lot 83.

 

Chaque commode présente une façade simulée tripartite à léger ressaut central ; de forme rectangulaire, elles ouvrent chacune par deux vantaux, dont un articulé à brisure, et un rang supérieur de trois tiroirs en ceinture ; la façade et les côtés sont en placage de loupe d’if à encadrements moulurés en bronze doré soulignés d’enfilage de perles ; les montants avants arrondis en colonnettes et arrières en pilastres à cannelures foncées de laiton, sont à panneaux à décor moleté de bandeaux alternés de motifs stylisés ; les traverses basses ornées de frises stylisées et de panneaux unis en cuivre ou laiton ; elles reposent sur quatre pieds toupies à chapiteaux moletés et sabots moulurés et supportent des plateaux de marbre blanc veiné gris.

Caractéristiques de la grande ébénisterie parisienne des deux dernières décennies du XVIIIe siècle, ces deux commodes néoclassiques sont une parfaite illustration de la collaboration d’Adam Weisweiler et de Maison Daguerre & Lignereux telle que l’on peut en retrouver la mention dans certains documents anciens, notamment en août 1795 dans l’inventaire après décès du prince ou de la princesse de Salm dans lequel était décrite dans la chambre à coucher : « Une commode en bureau en bois d’acajou moucheté à trois battants ornée de cuivre doré d’or moulu avec sa tablette de marbre blanc 3000 livres ». Les modèles que nous proposons ont également une provenance ancienne prestigieuse, puisque les descendants du comte d’Elgin ont conservé les factures des achats parisiens de leur aïeul faits chez Martin-Eloi Lignereux, ancien associé et représentant parisien de Dominique Daguerre ; ainsi, le 15 prairial an XI (4 juin 1803), Lignereux vendait au comte d’Elgin pour 2100 francs : « Deux commodes en bois de racine choisi ouvrant sur la devanture à trois portes ornées de bronzes dorés dans l’intérieur des tablettes sur tassaux les dites commodes sans marbre » ; elles furent inventoriées par la suite dans la « Principal Drawing Room » de Broomhall House à Fife en Ecosse.

De nos jours, parmi les commodes de Weisweiler répertoriées réalisées dans le même esprit, nous pouvons citer notamment : un premier modèle à trois tiroirs qui est exposé au Musée national du Château de Versailles (paru dans P. Lemonnier, Weisweiler, Editions Monelle Hayot, Paris, 1983, p.57) ; ainsi qu’un deuxième qui appartient aux collections du Metropolitan Museum of Art à New York (Inv.25.161/Fletcher Fund 1925) ; un troisième, anciennement au Palais de Fontainebleau, est conservé au Musée du Louvre à Paris (illustré dans J-P. Samoyault, Fontainebleau, Musée national du château, Catalogue des collections de mobilier 3, Meubles entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 2004, p.370, catalogue n°305) ; enfin, mentionnons particulièrement une dernière commode de ce type qui figure dans les collections royales anglaises à Buckingham Palace (voir H. Roberts, For the King’s Pleasure, The Furnishing and Decoration of George IV’s apartments at Windsor Castle, 2001, p.333, fig.416).

Adam Weisweiler (1744 - 1820)

Adam Weisweiler est un ébéniste reçu maître à Paris le 26 mars 1778. Installé dans le quartier du Faubourg Saint-Antoine, il acquiert rapidement une grande notoriété et devient l’un des ébénistes les plus importants de la fin du règne de Louis XVI. Il travaille pour les plus importants amateurs du temps par l’intermédiaire des marchands Dominique Daguerre et Martin-Eloi Lignereux. Pendant la période des troubles révolutionnaires, il ne semble pas être trop affecté par les évènements et achète plusieurs immeubles. Son activité perdure sous l’Empire, période au cours de laquelle il travaille notamment pour la reine Hortense.



Martin-Éloi Lignereux (1751 - 1809)

Martin-Eloi Lignereux est l’un des plus importants marchand-merciers, comprenez marchands d’objets de luxe, du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières années du siècle suivant. Le 1er avril 1787, il s’associe avec Dominique Daguerre, devenant le représentant parisien de la Maison Daguerre & Lignereux installée au 85, rue Saint-Honoré. En 1793, après le retrait des affaires de Daguerre, il continue brillamment l’activité de l’entreprise, conserve la clientèle de son prédécesseur et joue un rôle de premier plan dans le renouveau des arts décoratifs parisiens de l’époque. En 1801, il obtient une médaille d’or à l’Exposition des Produits de l’Industrie, l’on remarquait alors que « les meubles du Citoyen Lignereux ont paru remarquables par l’élégance et la richesse, par l’accord de toutes les parties, par le choix de formes appropriées à la destination de chaque chose, enfin par l’exactitude et le fini du travail intérieur et extérieur ». Quelques années auparavant, sa fille, Adélaïde-Anne, avait épousé François-Honoré-Georges Jacob, dit Jacob-Desmalter, célèbre menuisier-ébéniste de la capitale. En 1804, Lignereux se retire des affaires et vend son fonds de commerce au bronzier Pierre-Philippe Thomire. Au cours de son activité, Lignereux travaille pour les plus grands collectionneurs du temps parmi lesquels figuraient notamment le duc d’Aumont-Valentinois, la reine Marie-Antoinette, le comte d’Artois, frère de Louis XVI, le baron de Breteuil, le prince de Galles, futur roi George IV d’Angleterre, le Tsar Paul Ier de Russie et l’Empereur Napoléon.



Dans la même catégorie