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P357

Horloge-Tour à Astrolabe et à complications, en bronze doré et argent, avec sa base en ébène

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Augsbourg, vers 1600.

Composition: Bronze et métal ciselé, gravé et doré, argent partiellement émaillé, ébène.

Dimensions totales :
Hauteur57 cm Largeur35 cm Profondeur35 cm
Horloge sans le socle :
Hauteur47 cm Largeur20 cm Profondeur20 cm

Provenance :

Collection Norbert Tieger à Milan.

 

Bibliographie Sommaire :
– Klaus Maurice, Die deutsche Räderuhr, Zur Kunst und Technik des mechanischen Zeitmessers im Deutschen Sprachraum, Munich, Verlag C.H. Beck, 1976.
– Klaus Maurice et Otto Mayr, Die Welt als Uhr, Deutsche Uhren und Automaten, 1550-1650, Munich Bayerisches Nationalmusem, 1980.
– Norbert Tieger, Horloges anciennes, Paris, Flammarion, 2008 (p 62 – 63).

 

L’horloge présentée ici a la forme d’une tour. Sa structure architecturale et la hauteur des côtés encadrés de pilastres cannelés offrent une surface idéale pour disposer harmonieusement les différents cadrans.

La partie centrale du boîtier contient le mouvement à trois trains ; les timbres qui sonnent les heures et les quarts sont disposés dans la partie supérieure. Le tout peut pivoter sur un piédestal en ébène.

Le cadran astrolabique est actionné par un engrenage épicycloïdal formé d’une roue dentée, mue par un train horaire et accomplissant un tour complet en huit heures. L’astrolabe, conçu pour la latitude de 48°, qui est celle notamment d’Augsbourg, donne la position de 24 étoiles.

Les diverses aiguilles indiquent respectivement la position du soleil et de la lune ; celle qui indique les points nodaux de la lune permet de prévoir les éclipses ; les quatre petits cadrans en argent, disposés aux angles, permettent de régler l’horloge en agissant sur l’amplitude du foliot, de régler la sonnerie sur 12 ou 24 heures, de régler et d’armer le réveil.

Les cercles concentriques du second grand cadran indiquent l’heure, les minutes, l’heure du lever et du coucher du soleil, ainsi que la durée de la journée. Le très large disque doré, qui entoure ce cadran et qu’on retournait tous les six mois, donne le calendrier avec les fêtes des saints. Les cadrans en argent partiellement émaillés, placés en bas aux angles, donnent les jours de la semaine, les signes du Zodiaque et l’axe de la lune au cours des mois. Les cadrans des faces latérales indiquent la dernière heure et le dernier quart qui ont été sonnés.

 

Les horloges apparues au début de la Renaissance ajoutaient à la simple indication de la mesure du Temps, la sophistication du cadran principal conçu comme un astrolabe en état de servir. Des indications annexes relatives à l’ordre céleste telles que le calendrier lunaire ou le Zodiaque figuraient sur de petits cadrans particuliers. Ces monuments, dédiés à la mesure du Temps et à la représentation de la complexité de l’univers, furent toujours des objets phares des cabinets de curiosité, ou Kunstkammer, et disputés comme tels par les grands et les riches.

En effet, ici la singularité du boîtier en métal doré, qui se conjugue à une variété complexe de données calendaires et astronomiques, grâce à divers cadrans auxiliaires, font de cette horloge une œuvre d’art absolue.

Sa perfection est due aux innovations incontestables et à l’accomplissement artistique des horlogers d’Allemagne du Sud de la Renaissance. Ceux-ci exercèrent un quasi-monopole sur la fabrication des horloges à astrolabes, une activité qui fit leur gloire pendant plus d’un siècle.

Dans ce cercle d’artisans de haute technicité se détachaient ceux d’Augsbourg, dont le succès et le prestige étaient reconnus par le monde scientifique et par celui des curieux. Leurs horloges, objets de grand luxe, étaient exportées dans toute l’Europe. Elles étaient conçues non seulement comme instruments de la mesure du Temps, mais aussi pour éduquer et impressionner.

Dès 1558, ces aspects conduisirent leurs principaux auteurs, les horlogers de la ville d’Augsbourg, à fonder une corporation pour préserver leur monopole de fabrication. Ce phénomène de création de corporations monopolistiques était en action un peu partout en Europe. C’est à la même époque que de telles guildes, dont les membres étaient peu nombreux au début, furent fondées à Lyon et à Paris.

Pour pouvoir intégrer leur corps, elles exigèrent des candidats à la maîtrise d’exécuter un chef-d’œuvre. À Augsbourg, dans les statuts de 1558, révisés en 1577, il était demandé l’exécution d’ « un mouvement d’horloge à ressort, à sonnerie des quarts, avec une alarme, un astrolabe à entraînement mécanique et des mécanismes indiquant la durée des jours (heures de Nuremberg), le jour de l’année (calendrier) et les jours de la semaine (et les planètes avec leurs signes). Tous ces cadrans devaient être reliés entre eux et leurs aiguilles devaient se mouvoir en même temps que l’aiguille du cadran principal. »

L’œuvre que nous présentons ici, non signée, est bien un des chefs-d’œuvre réalisés pour l’admission dans la corporation des horlogers d’Augsbourg. Elle répond à toutes les exigences techniques spécifiées par les statuts.

Une horloge très similaire, en forme de tour et dotée d’un obélisque, est représentée sur une peinture d’Antonio de Pereda (1611-1678), conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Sa présence souligne le statut d’Augsbourg et de Nuremberg en tant que principaux centres européens d’horlogerie au XVIe et au début du XVIIe siècle, ainsi que l’exportation dans toute l’Europe de ces produits de luxe.

Des horloges de même conception et d’aspect semblable sont conservées au Rijksmuseum d’Amsterdam, au Bayerisches Nationalmuseum de Munich, au Metropolitan Museum de New York, et à l’Historisches Uhrenmuseum de Wuppertal.