Rare paire de flambeaux en bronze très finement ciselé ou moleté et doré à l’or mat ou à l’or bruni

Attribuée au bronzier Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien
Paris, début de l’époque Restauration, époque Charles X, vers 1820
Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé ou moleté et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque flambeau s’organise autour d’un fût balustre, émergeant d’une couronne de palmettes et feuilles d’eau, rythmé d’un bandeau moleté à palmettes stylisées et recevant la bobèche ; le fût repose sur un nœud à double tore uni et ombilic feuillagé. L’ensemble est supporté par un socle en autel triangulaire à angles à pans coupés, agrémenté de panneaux à fond amati ornés de volatiles sur des entablements à crosses et enroulements représentant un aigle, un échassier et un coq, le tout posé sur des pattes léonines ailées ; la base circulaire présente une assise à décor alternée de réserves à palmettes et de courses de lévrier, cerf et lionne se détachant sur des fonds amatis.
La composition particulièrement originale de cette rare paire de flambeaux, à socle en autel triangulaire à angles à pans coupés, ainsi que les animaux et volatiles servant de motifs ornementaux, suggère l’intervention d’un bronzier parisien talentueux, en l’occurrence Choiselat-Gallien. Cette attribution repose sur les similitudes que présentent certains œuvres de ce bronzier ou qui lui sont attribuées. En effet, en partant du principe que chaque bronzier était propriétaire de ses propres modèles, il est intéressant de relever qu’une paire de flambeaux, à socle en autel triangulaire reposant sur des pattes de lion réalisé dans le même esprit, fut livrée au Garde-Meuble impérial par le tapissier Susse en 1807 (illustrée dans M-F. Dupuy-Baylet, De Bronze et de cristal, Objets d’ameublement XVIIIe-XIXe siècles du Mobilier national, Dijon, 2020, p. 403) ; l’auteur relève les proximités de ce modèle avec des flambeaux de Choiselat-Gallien livrés pour le château de Saint-Cloud en 1822 (voir M-F. Dupuy-Baylet, L’Heure, Le Feu, La Lumière, Les bronzes du Mobilier national 1800-1870, Dijon, 2010, p. 251), ce rapprochement ne concerne que les fûts balustres quasiment identiques, tandis que les socles en autel triangulaire constituent pour l’auteur « l’originalité et la richesse du modèle », socles en autel, soulignons-le, que l’on retrouve sur les exemplaires que nous proposons. Ainsi, les correspondances entre ces deux modèles distincts conservés au Mobilier national nous permettent de rattacher les flambeaux proposés à l’œuvre de ce bronzier.
Louis-Isidore Choiselat (1784 - 1853)
Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien, est l’un des plus importants bronziers parisiens de la première moitié du XIXe siècle. Actif à partir des dernières années de l’Empire, il fonde et dirige de 1813 à 1847 la Maison Choiselat-Gallien. Bronzier, mais également orfèvre, fondeur, ciseleur et doreur, Choiselat-Gallien vient s’installer à Paris vers 1809 et rentre dans l’atelier de Matthieu Gallien, fabricant de bronzes, le maître voit rapidement le talent de son jeune apprenti et lui propose d’épouser sa fille aînée. Après le mariage, en 1812, Gallien et Choiselat fonde l’entreprise Choiselat-Gallien sous la raison sociale « Au maître de tout, fabricant de bronzes, doreur et argenteur ». En 1815, il déménage l’entreprise au 21, rue de Richelieu, et reçoit le titre de Fabricant de bronzes de Monsieur, frère du Roi. Quelques années plus tard, en 1823, il remporte la médaille de bronze à l’Exposition des Produits de l’Industrie. Avec l’avènement de Charles X, il développe fortement son activité et devient l’un des fournisseurs privilégiés du Roi et des grands amateurs de l’époque. Après plusieurs décennies d’activité, il vend la Maison Choiselat-Gallien à Poussielgue-Rusand qui continue l’activité dans la seconde moitié du XIXe siècle.