search icon

Thématiques : Pendule à Musique

  • Osmond  -  Dutertre
    Robert Osmond (1711-1789)
    Jean-Baptiste Dutertre (?-1773)

    Importante pendule de cheminée à musique en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat

    Pendule_449-06_HD_WEB

    Dans une caisse attribuée à Robert Osmond

    Paris, époque Transition Louis XV-Louis XVI, vers 1770-1775

    Hauteur73 cm Largeur41 cm Profondeur24 cm

    Bibliographie :

    Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1971, p.251, fig. 3 (illustrée).

     

    Le cadran émaillé blanc, signé « J.B. Dutertre à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, s’inscrit dans une caisse néoclassique sous la forme d’un vase flanqué de putti entièrement réalisé en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat. Le vase prend la forme d’une urne couverte à anses détachées sommée d’une pomme de pin et décorée notamment de rosaces, de tores et de guirlandes de laurier ; le piédouche est souligné de cannelures torses et ceinturé d’un tore de laurier enrubanné. L’urne, reposant sur une base architecturée ajourée en treillage et ornée de guirlandes de laurier, nœud de ruban, frises d’entrelacs et rosaces, est flanquée de deux jeunes génies dont l’un tient un buste de femme et un marteau, allégorie de la Sculpture, et l’autre un compas et s’accoude sur un chapiteau ionique, allégorie de l’Architecture. La base renferme une musique déclenchée à chaque heure par l’horloge et jouant l’un des dix airs sur un carillon de onze cloches à dix-neuf marteaux. Enfin, l’ensemble de l’horloge est supporté par quatre pieds en boules aplaties.

    Bien que non signée, cette pendule peut être rattachée en toute certitude à l’œuvre de Robert Osmond. En effet, ce dernier créa le modèle vers la fin des années 1760 ou au début de la décennie suivante, puis le déclina pendant deux décennies. Quelques rares autres exemplaires sont connus avec des variantes, particulièrement dans le traitement des deux personnages, citons notamment un premier exemplaire, le cadran signé Berthoud, qui est conservé au Musée des Arts décoratifs à Paris (illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.177, fig. 3.6.5) ; ainsi qu’un deuxième qui appartient aux collections du Musée du Louvre à Paris (reproduit dans D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum et G. Mabille, Les bronzes d’ameublement du Louvre, Editions Faton, Dijon, 2004, catalogue n°60) ; enfin, un troisième se trouvait anciennement dans la collection Etienne Lévy (voir P. Siguret, Lo Stile Luigi XVI, Milan, 1965, p.122).

    Robert Osmond (1711 - 1789)

    Le bronzier Robert Osmond nait à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.

    Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.

    D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.



    Jean-Baptiste Dutertre (? - 1773)

    Jean-Baptiste Dutertre figure parmi les plus importants horlogers parisiens du deuxième tiers du XVIIIe siècle. Fils d’horloger, il fait enregistrer ses lettres de maîtrise en 1735, prend la direction de l’atelier paternel situé quai des orfèvres et connaît immédiatement une grande notoriété. A l’instar des meilleurs artisans du temps, Dutertre s’entoure des meilleurs bronziers pour la confection des caisses en bronze doré de ses pendules en collaborant avec Jean-Baptiste Osmond et surtout avec Jean-Joseph de Saint-Germain. Parmi sa clientèle figuraient notamment certains grands aristocrates tels les marquis de Marigny et de Béringhen, le duc de Penthièvre et la duchesse de Mazarin, ainsi que quelques riches personnalités proches des milieux de la finance et de la banque, notamment Messieurs Bochart de Saron, Lepelletier de Mortefontaine et Radix de Sainte-Foix, tous d’exceptionnels collectionneurs d’horlogerie.



    Dans la même catégorie