Rare pair e de flambeaux en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

France ou Angleterre, époque Directoire, vers 1795.
Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque flambeau s’organise autour d’un fût octogonal fuselé et élancé souligné de canaux, émergeant d’un bouquet feuillagé reposant sur un nœud à perles et surmonté d’un épaulement à bague à pans coupés rythmée de guirlandes feuillagées attachées à des pastilles se détachant sur un fond amati. Le collet, à enfilage de perles, supporte la douille en vase évasé à canaux ceinturé de perles à son embouchure et recevant la bobèche également perlée. L’ensemble repose sur une terrasse à oves allongés rayonnants supportée sur une assise en cavet mouluré encadrée de perles, elle-même posée sur une plinthe octogonale.
La composition originale de cette rare paire de flambeaux, si elle s’inspire très librement de certains projets d’ornemanistes parisiens de la période Louis XVI, notamment de ceux de Jean-Charles Delafosse (voir G. Henriot, Le luminaire, de la Renaissance au XIXe siècle, 1933, planche 169), annonce déjà les modèles qui seront particulièrement appréciés sous Napoléon. Elle se distingue ainsi en témoignant d’une période particulièrement brève dans les arts décoratifs européens du XVIIIe siècle, correspondant en France à la dernière décennie du siècle : le Directoire, époque qui esthétiquement fait la transition entre l’esprit néoclassique et raffiné de la fin du règne de Louis XVI et le goût puissant et masculin de l’époque impériale. Ainsi, parmi des modèles Empire réalisés en France dans le même esprit, citons particulièrement : une première paire livrée en 1809 par le bronzier Claude Galle pour le Grand Trianon (illustrée dans M-F. Dupuy-Baylet, L’Heure, Le Feu, La Lumière, Les bronzes du Mobilier national 1800-1870, Dijon, 2010, p. 65) ; ainsi qu’une seconde paire, à fûts, binets et bases octogonaux, inventoriée en 1807 dans la Salle du Conseil du palais de Fontainebleau (reproduite dans J-P. Samoyault, Musée national du château de Fontainebleau, Catalogue des collections du mobilier, 1-Pendules et bronze d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, p. 194, catalogue n° 181).
Enfin, pour être parfaitement complet, relevons qu’une fabrication anglaise n’est pas à écarter. Car, s’il est vrai que les bronziers parisiens dominèrent la fabrication européenne tout au long du XVIIIe siècle et dans les premières décennies du siècle suivant, certains bronziers anglais ou actif en Angleterre, tels Alexis Decaix (actif vers 1794-1811), artisan français émigré à Londres après la Révolution, ou Matthew Boulton (1728-1809), industriel et bronzier talentueux, dont la Manufacture installée à Soho, près de Birmingham, se distingua par l’exceptionnelle qualité et l’originalité de ses créations, purent jouer un rôle dans la fabrication de modèles de flambeaux de ce type. De plus, il est à noter que nous connaissons quelques exemplaires de flambeaux anglais, souvent réalisés en argent, qui présentent de fortes similitudes de composition ; citons particulièrement une paire de flambeaux réalisés en alliage de cuivre et d’argent qui est reproduite dans Jonathan Bourne et Vanessa Brett, L’art du Luminaire, Editions Flammarion, Paris, 1992, p. 117, fig. 390.