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Choiselat

Rare pendule de cheminée dite « aux jeunes porteurs noirs » en bronze finement ciselé, patiné et doré

Pendule_484-05_HD_WEB

La caisse attribuée au bronzier parisien Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien

Paris, fin de l’époque Empire, vers 1815

Hauteur44,5 cm Largeur34 cm Profondeur10,5 cm

Bibliographie :

Dominique et Chantal Fléchon, « La pendule au nègre », in Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.27-49.

 

Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré ; il s’inscrit dans une balle de coton nouée de cordelettes et surmontée d’un singe musicien représenté assis et enchaîné tenant une baguette à pommeau sphérique dans chaque main. La balle de coton est posée sur un brancard à filet suspendu laissant apercevoir à l’arrière le balancier terminé par un médaillon ajouré à motif d’une guenon se balançant sur une corde et reposant sur les épaules de deux superbes figures représentant des jeunes noirs, aux yeux émaillés, portant des anneaux d’oreilles et vêtus de pagnes de plumes. Les personnages sont supportés par une base quadrangulaire à côtés arrondis agrémentée de motifs en applique figurant des xylophones retenus par un ruban noué et un trophée à coiffe en panache de plumes, palmes et pagayes croisées ; enfin, six pieds aplatis à frises de canaux supportent l’horloge.

A la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau qui exaltait les vertus morales du retour à la Nature à travers le mythe du « bon sauvage », l’engouement pour l’exotisme fut tout particulièrement mis à la mode par la littérature contemporaine. Ainsi, le prodigieux succès littéraire de « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre en 1788, héritier lointain du fameux « Robinson Crusoé » de Daniel Defoe, le roman « Les Incas » de Marmontel paru en pleine guerre de l’indépendance américaine, ainsi qu’« Atala » de Chateaubriand publiée en 1801, vont profondément bouleverser l’approche européenne des autres civilisations et même faire plonger la culture du vieux continent dans une forte nostalgie romantique liée à la quête d’un Eden païen régénéré par le christianisme. Comme souvent dans les arts décoratifs français, ce bouleversement aura sa manifestation dans certaines créations artistiques, essentiellement horlogères ou liées au luminaire. C’est dans ce contexte que fut créée la pendule que nous présentons, dont le modèle, dit « aux jeunes porteuses noires », est l’une des représentations les plus rares des pendules dites « au nègre ».

Ainsi, parmi les rares autres horloges connues de dessin similaire, avec toutefois des variantes dans la composition, citons : un premier exemplaire, l’amortissement formé d’un groupe de Paul et Virginie, qui est conservé au Musée Duesberg à Mons (paru dans le catalogue de l’exposition « De Noir et d’Or », Pendules « au bon sauvage », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993) ; un deuxième, identique à celui que nous proposons, est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.344 ; enfin, un dernier, réalisé par le bronzier Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien, est illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.379, fig.5.15.20, et nous permet d’attribuer la pendule que nous proposons à cet important bronzier parisien de l’époque Empire.

Louis-Isidore Choiselat (1784 - 1853)

Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien, est l’un des plus importants bronziers parisiens de la première moitié du XIXe siècle. Actif à partir des dernières années de l’Empire, il fonde et dirige de 1813 à 1847 la Maison Choiselat-Gallien. Bronzier, mais également orfèvre, fondeur, ciseleur et doreur, Choiselat-Gallien vient s’installer à Paris vers 1809 et rentre dans l’atelier de Matthieu Gallien, fabricant de bronzes, le maître voit rapidement le talent de son jeune apprenti et lui propose d’épouser sa fille aînée. Après le mariage, en 1812, Gallien et Choiselat fonde l’entreprise Choiselat-Gallien sous la raison sociale « Au maître de tout, fabricant de bronzes, doreur et argenteur ». En 1815, il déménage l’entreprise au 21, rue de Richelieu, et reçoit le titre de Fabricant de bronzes de Monsieur, frère du Roi. Quelques années plus tard, en 1823, il remporte la médaille de bronze à l’Exposition des Produits de l’Industrie. Avec l’avènement de Charles X, il développe fortement son activité et devient l’un des fournisseurs privilégiés du Roi et des grands amateurs de l’époque. Après plusieurs décennies d’activité, il vend la Maison Choiselat-Gallien à Poussielgue-Rusand qui continue l’activité dans la seconde moitié du XIXe siècle.