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Baillon  -  Saint-Germain  -  Martinière

Importante pendule de cheminée à boîte à musique en bronze très finement ciselé, repercé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

 

« Allégories aux Arts et aux Sciences »

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Cadran, mouvement et boîte à musique signés par Jean-Baptiste III Baillon

Caisse insculpée « St. Germain. » par Jean-Joseph de Saint-Germain

Cadran émaillé attribué à l’émailleur Antoine-Nicolas Martinière

 

Paris, époque Louis XV, vers 1750.

Hauteur69 cm Largeur35 cm Profondeur21 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Jn Baptiste Baillon », indique, par deux aiguilles en cuivre repercé, ciselé et doré, les heures en chiffres romains alternés de fleurs de lys or et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes. Son traitement est caractéristique de l’œuvre de l’émailleur Antoine-Nicolas Martinière à qui nous l’attribuons. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures et dont la platine est signée, localisée et numérotée « J.Bte Baillon à Paris n°378 », s’inscrit dans une superbe caisse rocaille entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, repercé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Elle est richement agrémentée de motifs de rinceaux, guirlandes, feuillages, volutes et fleurs rythmés de réserves sinueuses ; l’amortissement est décoré, sous un motif treillagé, d’un putto tenant une longue-vue. Sur les côtés de la caisse, décorant les angles du bas, sont assis deux jeunes enfants dénudés dont l’un tient un stylet et une tablette, représentant les Sciences, et l’autre joue du tambour de basque attaché en bandoulière, une allégorie des Arts. L’ensemble repose sur une base contournée à décor de rinceaux, ombilics, agrafes, volutes…qui ouvrent par deux panneaux, encadrant de motifs treillagés centrés de fleurettes se détachant sur des fonds de tissu rose pâle, qui dévoilent une boîte à musique à carillon jouant dix airs différents qui porte également la signature gravée de l’horloger Jean-Baptiste III Baillon : « J Bte Baillon à Paris ». La signature du bronzier, « St. Germain. », est insculpée dans le bronze à l’arrière de l’un des pieds en forme de volutes supportant la pendule

Le dessin particulièrement élaboré de cette pendule nous permet de la faire figurer parmi les modèles d’horloges rocailles les plus aboutis du règne de Louis XV. Sa composition fut créée vers le milieu du XVIIIe siècle par le célèbre bronzier parisien Jean-Joseph de Saint-Germain (1719-1791), puis décliné, avec certaines variantes, dans son atelier pendant près d’une décennie. De nos jours, parmi les quelques rares autres pendules répertoriées de ce type, mentionnons particulièrement : un premier exemplaire, signé Gille l’aîné, qui se trouvait anciennement dans la célèbre collection Alexander dispersée aux enchères en 1999 (voir H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I, Munich, 1986, p.126) ; un deuxième, le cadran de Léchopié, a fait partie des collections Arnold Seligman (vente à Paris, Galerie Charpentier, les 4-5 juin 1935, lot 127) ; deux modèles, l’un signé Balthazar, l’autre Jacques Panier, sont illustrés dans Tardy, La pendule française, 1er Partie : De l’horloge gothique à la pendule Louis XV, Paris, 1967, p.165 ; enfin, citons une dernière pendule de ce type, signée « Balthazard à Paris », qui est exposée dans le Salon Louis XV du Musée Carnavalet à Paris (Inv. MB447, et reproduite dans A. Forray-Carlier, Le mobilier du musée Carnavalet, Dijon, Editions Faton, 2000, p.12).

Jean-Baptiste III Albert Baillon (? - 1772)

Jean-Baptiste III Albert Baillon, cet excellent horloger et également grand innovateur, est considéré par F.J. Britten comme étant « l’horloger le plus riche de l’Europe » à son époque. L’un des meilleurs horlogers de son temps, il appartient à l’une des plus importantes dynasties horlogères du XVIIIème siècle, étant sans doute le plus célèbre membre de la famille. Sa réussite est due, entre autres, à l’importante manufacture privée qu’il fonda à Saint-Germain-en-Laye, établissement unique dans l’histoire de l’horlogerie du XVIIIème siècle.

Dirigée de 1748 à 1757 par Jean Jodin (1715-61), elle continue de fonctionner jusqu’à ce que Baillon la ferme en 1765. Le célèbre horloger Ferdinand Berthoud fut impressionné par la quantité et la qualité de ses produits ; en 1753 il nota : « Sa maison est le plus bel et riche Magasin de l’Horlogerie. Les Diamant sert non seulement à décorer ses montres, mais même des Pendules ; Il en a fait dont les Boetes étoïent de petits Cartels d’Or, ornés de fleurs de Diamans imitant la Nature… Sa maison de St-Germain est une espèce de Manufacture. Elle est remplie d’Ouvriers continuellement occupés pour lui… puisque lui seul fait une bonne partie de l’Horlogerie ».

La clientèle de Baillon comprend les familles royales françaises et espagnoles et le Garde-Meuble de la Couronne, ainsi que des personnalités influentes à la cour et dans la bonne société parisienne.

Le père de Baillon, Jean-Baptiste II (m. 1757) est un maître horloger parisien ; son grand-père, Jean-Baptiste I de Rouen, était également un horloger. Son fils, Jean-Baptiste IV Baillon (1752 – vers 1773) devient aussi horloger. Baillon lui-même est fait maître-horloger en 1727. En 1738 il est nommé valet de chambre-horloger ordinaire de la reine, puis, avant 1748, premier valet de chambre de la reine, et en 1770, premier valet de chambre et valet de chambre-horloger ordinaire de la dauphine de Marie-Antoinette. Dès 1738 il s’établit Place Dauphine ; après 1751 on le trouve rue Dauphine.

Baillon était très exigeant quant à la qualité des boîtes et des cadrans. Ces derniers étaient fournis par Antoine-Nicolas Martinière et Chaillou ; les boîtes étaient de Jean-Baptiste Osmond, Balthazar Lieutaud, les Caffieri, Vandernasse, et Edmé Roy Jean-Joseph de Saint-Germain (qui a également fait des boîtes à l’éléphant et au rhinocéros).

Jean-Baptiste Baillon s’enrichit grâce à son succès ; à sa mort le 8 avril 1772, on estime sa fortune à 384,000 livres. Une première vente de sa collection d’art et d’objets d’art est tenue le 16 juin 1772 ; les objets restant, évalués à 55,970 livres, sont offerts à nouveau le 23 février 1773. La vente comprend 126 montres terminées pour un total de 31,174 livres, et 127 mouvements de montres terminés, à 8,732 livres. La catégorie des pendules, dont la valeur montait à 14,618 livres, comprend 86 pendules, 20 mouvements de pendules, sept boîtes de pendules en marqueterie, une boîte en porcelaine et huit en bronze.

Aujourd’hui l’œuvre de Baillon est conservée dans les collections les plus prestigieuses du monde, y compris les musées du Louvre, des Arts Décoratifs, le conservatoire national des arts et métiers, le Petit Palais et le musée Jacquemart-André à Paris ; le château de Versailles ; le musée Paul Dupuy à Toulouse ; la Residenz Bamberg ; le Neues Schloss, Bayreuth; le Museum für Kunsthandwerk, Frankfurt ; la Residenz à Munich et le château Schleissheim. D’autres exemples sont dans les collections des musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles ; le Patrimonio Nacional d’Espagne ; le Metropolitan Museum de New York ; le Newark Museum ; Walters Art Gallery de Baltimore et Dalmeny House, South Queensferry.



Jean-Joseph de Saint-Germain (Paris 1719 - 1791)

Jean-Joseph de Saint-Germain est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit « à la Diane chasseresse » (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Étude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).

Certains de ses collaborateurs reconnus sont les horlogers Jean-Baptiste III Albert Baillon, François Viger, Gille l’Aîné et les Le Roy, ainsi que les émailleurs Antoine-Nicolas Martinière et Elie Barbezat.

Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.



Antoine-Nicolas Martinière (1706 - 1784)

Antoine-Nicolas Martinière est l’un des plus importants émailleurs parisiens du règne de Louis XV. Fils de l’émailleur Nicolas Martinière, il se marie en septembre 1736 avec Geneviève Larsé, fille de l’horloger François Larsé, et fait enregistrer ses lettres de maîtrise à Paris le 3 juillet 1720 ; il est alors cité comme Marchand verrier-fayancier-émailleur-patenötrier. Son atelier est successivement mentionné rue Neuve Nôtre Dame en 1736, rue des Ursins en 1738, rue Dauphine en 1740, enfin, rue des Cinq Diamants à partir de 1741. Il connaît rapidement une grande notoriété et reçoit le titre d’Émailleur et Pensionnaire du Roi en 1741 réalisant notamment pour Louis XV entre 1741 et 1742 le célèbre almanach perpétuel conservé de nos jours à la Wallace Collection à Londres. Il collabore avec de grands noms, tels que le bronzier Jean-Joseph de Saint-Germain et les horlogers Jean-Baptiste III Albert Baillon, Etienne Le Noir et Jean-Baptiste Gosselin. Après plusieurs décennies d’activité, il meurt à Paris le 27 août 1784 dans un logement rue Quincampoix, Paroisse Saint-Merry.