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Sauvage
Piat-Joseph Sauvage (1744-1818)

Exceptionnelle grande plaque rectangulaire dite « l’Offrande à Minerve » en porcelaine dure à décor peint en trompe-l’œil à l’imitation du bronze

Plaque001-01_HD_PRESSE copie (1)

Manufacture Dihl et Guérhard dite Manufacture du duc d’Angoulême

Paris, fin du XVIIIe siècle, 1797-1798

Signée et datée : Sauvage in.f. (invenit fecit) Manufre Guerhard & Dihl an 6

Dimensions hors cadre :
Hauteur34 cm Largeur84 cm

Provenance :

-collection Patureau (vente à Paris, le 7 avril 1834, lot 37) : « Sauvage (signés), manufacture Guerard et Dhill. Deux tableaux forme frise, représentant un sacrifice à Minerve, et des jeux d’enfants. Ces deux articles, uniques dans leur genre, méritent de fixer l’attention des amateurs ».

-vente à Paris, Maître Delestre, Hôtel Drouot, le 15 novembre 1886, lot 31 : « Deux grandes plaques rectangulaires en porcelaine de Guerhard et Dihl, décorées de sujets simulant des bas-reliefs en bronze peints par Sauvage, et représentant une offrande à Minerve et des jeux d’enfants ».

-Collection Hector Le Fuel, par descendance.

 

Exposition :

Probablement le bas-relief imitant le bronze peint sur porcelaine pour la Manufacture Dihl et Guérhard, dite « du duc d’Angoulême », présenté sous le numéro 362 au Salon du 1er thermidor an VI (19 juillet 1798) au Museum central des Arts (actuel Musée du Louvre).

 

Cette plaque en porcelaine dure, de dimensions exceptionnelles, présente une composition rectangulaire proposant un superbe décor en trompe-l’œil réalisé à l’imitation d’un bas-relief en bronze aux tonalités brun-or se détachant sur un fond blanc destiné à accentuer l’impression de perspective et de volume des figures. La scène se présente sous la forme d’un bandeau en frise « à l’antique » figurant au centre la statue de Minerve assise sur un autel ceinturé d’un tore enrubanné et rythmé d’une ronde de putti ; la déesse, représentée de profil, vêtue « à la romaine » et portant son casque sommé d’un sphinx, tient une lance de sa main droite et une couronne de lauriers dans l’autre main, elle est l’Allégorie de la Sagesse, de la Paix et des Arts. Sur un sol simulé, dans la longueur de l’œuvre, sont posés une corbeille de vannerie remplie de fleurs, quelques tiges de roses, une aiguière à panse à cannelures torses et un brasero à piétement en arabesques et enfants. De part et d’autre de la figure, sont des personnages de nymphes, enfants ou putti dans diverses attitudes célébrant la déesse ; de gauche à droite, un premier putto joue du cor de chasse, une nymphe tend un bouquet fleuri vers la statue, une deuxième, agenouillée, dépose un vase à anses détachés au pied du monument, tandis qu’un enfant élève un plateau rempli de fruits ; à l’opposé, un putto, regardant vers le spectateur, tient une gerbe, une nymphe tient de la main droite une branche de roses, tandis que de la gauche elle tient la main d’un enfant tenant une colombe, une dernière nymphe joue de la lyre et, dernière elle, un putto se courbe sous la poids de la lourde urne qu’il porte sur sa tête. L’ensemble est présenté dans un cadre en bois sculpté et doré à frises de feuilles stylisées et perles en enfilage, la vue soulignée de feuilles d’eau.

De dimensions hors-du-commun et d’une exceptionnelle qualité de réalisation, cette plaque peut être considérée comme l’un des chefs-d’œuvre des arts décoratifs parisiens du temps et comme le parfait aboutissement des recherches techniques, esthétiques et décoratives entreprises par les manufactures françaises dès la première moitié du XVIIIe siècle afin de concurrencer les manufactures germaniques, particulièrement celle de Meissen. Elle est surtout représentative de la collaboration du peintre Piat-Joseph Sauvage, l’un des meilleurs artistes de son temps, et de la Manufacture Dihl et Guérhard, l’une des manufactures parisiennes de porcelaine les plus renommées et les plus innovantes de son époque. Cette association est à l’origine de quelques-unes des plus belles plaques de porcelaine peinte réalisées à Paris dans les dernières années du XVIIIe siècle ou dans les toutes premières années du siècle suivant ; ainsi, nous connaissons notamment deux plaques, sorties de chez Dihl et Guérhard et signées Sauvage, qui représentent en pendant une figure de Minerve donnant une leçon de folie et une Vénus donnant une leçon de sagesse ; elles furent exposées au Salon de 1800 et appartiennent de nos jours aux collections du Musée des Beaux-Arts de Tournai ; ainsi qu’une troisième plaque de grandes dimensions, toutefois légèrement inférieures à celles de la plaque que nous proposons, à décor de jeux d’amours qui correspond à celle présentée à l’Exposition des Produits de l’Industrie de 1797 et qui fait partie aujourd’hui des collections des Musées royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles (voir C. Froissart et J. Whitehead, « Le peintre Piat-Joseph Sauvage et la porcelaine », dans Les Cahiers de Mairemont, 32-33, 2005, p.35-39).

Concernant plus particulièrement la plaque proposée, elle semble correspondre à celle qui fut présentée par la Manufacture Dihl et Guérhard au Salon du 1er thermidor de l’an VI (juillet 1798) au Muséum central des Arts. Ainsi, parmi plusieurs tableaux de belle qualité peints sur porcelaine, se trouvait une plaque figurant un bas-relief imitant le bronze par Sauvage (n°362, fig.3). Cette mention, quoique brève et imprécise, peut très certainement correspondre à la plaque que nous proposons qui figura par la suite dans la collection Patureau en avril 1834, puis dans une vente anonyme à l’Hôtel Drouot en novembre 1886, enfin, elle fit partie de la collection Hector Lefuel et fut conservée par sa descendance. Enfin, relevons, qu’à l’époque des deux ventes parisiennes de 1834 et 1886, la plaque avec laquelle elle était présentée en pendant figurait « des jeux d’enfants » ; nous pouvons alors supposer que la plaque conservée à Bruxelles et de dimensions proches ait pu être associée à la plaque proposée dans les premières décennies du XIXe siècle ; cette hypothèse semble être corroborée par le fait que les deux catalogues de vente ne les mentionnaient pas en tant que paire mais en tant que « deux tableaux » et « deux grandes plaques ».

Piat-Joseph Sauvage (1744 - 1818)

Piat-Joseph Sauvage, peintre belge, membre de l’Académie Royale en 1781 et célèbre pour ses œuvres dans la technique du trompe-l’œil imitant la sculpture. Dans les années 1780, il travaille sur la décoration d’intérieurs pour les châteaux royaux de Rambouillet et de Versailles et réalise ses peintures décoratives sur différents supports, utilisant en particulier des matériaux tels que le marbre, l’ivoire ou la porcelaine et puisant plus ou moins directement dans le répertoire néoclassique lié à l’Antiquité grecque et romaine. A partir de 1797, il commence à collaborer avec la Manufacture parisienne de porcelaine Dihl et Guérhard dite « du duc d’Angoulême » car patronnée dès 1781 par ce grand aristocrate qui confia par la suite la direction à deux groupes d’associés : Christophe Erasimus Dihl et les époux Guérhard, qui firent de cette entreprise la principale rivale de la Manufacture de Sèvres. Les œuvres issues de cette collaboration entre cette manufacture et Sauvage sont alors présentées dans des expositions prestigieuses et, de nos jours, les plaques conservées nées de cette association sont excessivement rares et appartiennent le plus souvent à de grands musées français et internationaux.



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