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Pierre-Honoré-César Pons

Horloger

(1773 - 1851)

Né à la fin de l’année 1773 rue Mouffetard à Paris, Honoré Pons démontre très jeune un intérêt pour l’étude des sciences et particulièrement pour la démonstration du décompte du temps qui le destine à devenir horloger. Ainsi, en 1789, après de sérieuses études chez les pères jésuites de la rue Mouffetard, il débute sa formation chez Antide Janvier, le plus brillant horloger de l’époque. Mais cette période est loin d’être propice à l’apprentissage, la Révolution éclate et les anciennes corporations d’artisans sont balayées par la tourmente révolutionnaire. Toutefois, Pons garde d’excellents rapports avec Janvier qui le recommande auprès des Lepaute ; en 1798, il entre en tant que pendulier dans cet atelier prestigieux dans lequel il va parfaire sa formation et acquérir la passion de la haute horlogerie de précision. Fort de cette expérience, il installe en 1803 son propre atelier rue de la Huchette, près de la place Saint-Michel. Les débuts son prometteurs, mais Pons est obligé financièrement de conserver une activité de sous-traitant pour certains de ses célèbres confrères installés de l’autre côte de la Seine, notamment les Berthoud, Breguet et Lépine. Ce rôle secondaire lui permet de maintenir son activité, mais surtout il lui donne les moyens de poursuivre sa quête « obsessionnelle » de la démonstration du décompte du temps en travaillant à l’invention de nouveaux échappements originaux et à la création de machines perfectionnées pour tailler les engrenages et obtenir un poli parfait des ailes des pignons. Soutenu par Ferdinand Berthoud, qui est impressionné par son génie inventif, Pons présente en janvier 1804 à l’Académie des Sciences ses Observations sur l’échappement libre ; le compte rendu du jury est élogieux et le jeune horloger reçoit les félicitations de l’Académie.

Cette première partie de carrière, particulièrement encourageante, s’effectue en parallèle avec l’écroulement de la production horlogère de Saint-Nicolas d’Aliermont, petite cité près de Dieppe, qui s’était fait une spécialité dans la production de mouvements de pendule faits en blanc pour être finis à Paris. Cet effondrement est mis en exergue dans un rapport du préfet Savoye-Rollin adressé au comte de Champagny, ministre de Napoléon chargé notamment des Beaux-arts, de l’Industrie et du Commerce. Immédiatement Champagny ordonne à l’Académie des Sciences de trouver un homme compétent pour relancer l’industrie horlogère aliermontaise et logiquement les académiciens se tourne vers Honoré Pons et son outillage perfectionné. Convoqué sur le champ, Pons est dans un premier temps sceptique, mais, pour l’encourager dans sa décision, l’Etat lui propose de racheter généreusement ses machines et de les laisser à sa disposition pour équiper ses futurs ateliers de Saint-Nicolas ; l’horloger accepte, quitte Paris avec ses huit machines et réorganise, dès son arrivée, totalement la production. Moins de deux années plus tard, en juin 1808, l’objectif de Pons de produire des mouvements d’une qualité exceptionnelle est atteint et le célèbre Breguet, chargé d’examiner au nom du Comité des Arts mécaniques un mouvement de pendule présenté à la Société des Arts par Monsieur Pons horloger, rapporte :

« J’ai examiné moi-même avec le plus grand soin, et fait visiter à fond par des penduliers honnêtes et bons praticiens, le mouvement de pendule que M. Pons a présenté à la Société. Nous avons jugé que si cet artiste peut continuer de fournir au commerce des mouvements de cette qualité pour 40 F (francs), il aura fait faire un très grand pas aux moyens d’exécution de cette partie de l’horlogerie, qui est véritablement la première à soigner pour faire de bonnes pendules.

Le mouvement de M. Pons est très supérieur à ceux de dimensions égales, qui se vendent 50 F, et il a encore sur eux l’avantage d’avoir des dentures bien formées et très égales, ce qui est fort important, et ce qu’on rencontre malheureusement trop rarement dans les ouvrages de fabrique. La cage de celui-ci est remarquablement bien montée, les pignons sont ronds et les tiges bien trempées.

Il suit de ce qui précède que M. Pons est parvenu à faire des mouvements de pendule qu’il peut livrer à environ un cinquième meilleur marché ; ils sont beaucoup mieux exécutés et d’une qualité supérieure à ceux qu’on a pu se procurer jusqu’à présent dans toutes les fabriques. En perfectionnant ainsi un art qui a tant de consommateurs, M. Pons est directement utile au commerce et au public, et mérite par là tout l’encouragement que la Société peut se permettre de lui accorder. »

Quelques mois plus tard, dans le rapport traditionnel fait à Napoléon par les Académiciens sur les progrès des sciences en France, Honoré Pons est une nouvelle fois mis à l’honneur :

« Quelques jeunes gens s’élèvent qui montrent déjà un talent distingué et qui, si le bel art de l’horlogerie n’est pas abandonné à la pente qui le menace de sa chute, remplaceront un jour les grands maîtres. Le premier de ces jeunes gens, M. Pons n’est pas loin de s’asseoir à côté d’eux. Ses échappements sont très beaux ; il aime son art ; il est penseur ; sa machine à fendre les roues et les pignons est un trait de génie ».

Ainsi, les produits réalisés par Pons à Saint-Nicolas, puis commercialisés à Paris dans le dépôt de la rue de la Barillerie sur l’île de la Cité, étaient d’une qualité sans égale et tous les grands penduliers venaient s’approvisionner dans son magasin parisien. Ils consistaient en une ébauche de mouvement dite « mouvement en blanc » ou « blancs roulants » comprenant les deux platines, la minuterie complète, le rouage de sonnerie (dépourvu du timbre), les barillets et le rouage horaire dans lequel la roue d’échappement n’est pas taillée. Achetés rue de la Barillerie, ces mouvements étaient ensuite terminés par les horlogers parisiens, qui sélectionnaient le modèle et la denture de l’échappement, assemblaient le tout et l’intégraient dans une boîte, créant ainsi une « pendule de Paris ». En l’espace de quelques années, Pons positionna la fabrique de Saint-Nicolas d’Aliermont comme la première fabrique de « blancs roulants » de France. Reconnu par ses pairs et par les grands amateurs de belle horlogerie, le roi Louis Philippe lui décerna en 1839 la croix de la Légion d’Honneur. En 1846, après une brillante carrière, il vendit son entreprise à Borromée Délépine et se retira des affaires dans son luxueux hôtel particulier parisien situé au 20, rue Cassette.

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