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Dautel  -  Vion

Rare et précieuse pendule de cheminée en bronze très finement ciselé et doré au mat

« Le Lion Paisible »

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Cadran signé « Dautel à Paris » par l’horloger Claude-Amé-François Dautel

Caisse attribuée au maître fondeur-ciseleur François Vion

 

Paris, époque Transition Louis XV-Louis XVI, vers 1770

Hauteur29 cm Largeur17,5 cm Profondeur9 cm

PROVENANCE : Probablement collection de Louis-Hector-Cyr marquis de Sailly (1721-1779), prisée 110 livres dans son inventaire après décès dans la chambre à coucher de son épouse, née Letellier de Souvré : « Une pendule de cheminée du nom de Dautel à Paris soutenue sur un lion sur un socle de cuivre doré».

 

 

Le cadran émaillé blanc, signé « Dautel à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat. Le recouvrement est formé d’une urne simulée « à l’antique » à anses « à la grecque » dans lesquelles passe une guirlande de lauriers et qui se termine par une graine émergeant d’un bouquet feuillagé ; la boite circulaire, rythmée d’un nœud de ruban et d’une guirlande de lauriers, est supportée par un superbe lion représenté dans une attitude paisible, la queue recourbée et la crinière finement ciselée, il regarde vers le spectateur et repose sur une terrasse en damier formant la partie supérieure de la base architecturée ; de forme quadrangulaire, cette dernière, à angles à décrochements à triple cannelure et triglyphes, est ceinturée d’un cavet uni et animée de frises de méandres et d’une guirlande de lauriers attachée à une pastille. Enfin, quatre pieds à bandeaux à canaux supportent l’horloge.

Apparues véritablement sous le règne de Louis XV, les horloges à figures d’animaux supportant les mouvements connaîtront un exceptionnel engouement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle au moment du Néoclassicisme marquant le renouveau des arts décoratifs français, plus particulièrement parisiens. La pendule que nous proposons se distingue notamment par l’originalité de sa composition et la qualité de sa ciselure et de sa dorure, et particulièrement par la connaissance du dessin commercial ou préparatoire à l’origine de sa réalisation qui est conservé à l’Institut national d’Histoire de l’Art à Paris, dessin numéro 22 faisant partie d’un album du bronzier François Vion permettant ainsi d’attribuer en toute certitude le modèle à ce bronzier parisien (voir H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Munich, 1986, Band I, p.193, fig.3.11.6).

Dès le XVIIIe siècle, quelques rares pendules de ce modèle, parfois agrémentées d’éléments en marcassite, sont mentionnées chez de grands collectionneurs parisiens de l’époque, citons notamment « …une pendule à cadran d’émail marquant heures et minutes et à sonnerie, dans sa boite de cuivre doré en couleur et ornée de marcassites, montée sur un lion et socle de cuivre doré et argenté… » décrite à la fin du XVIIIe siècle chez un des membres de la famille Giambone ; ainsi qu’« une pendule faite par Gille, à Paris ; la boite en forme de tambour, portée par un lion : le tout de bronze très bien doré ; la lunette du verre garnie en pierre de marcassite, ainsi qu’un petit vase qui en fait le couronnement ; le mouvement à sonnerie, allant 8 jours » apparue dans la vente du duc Charles de Lorraine en mai 1781 ; enfin, à la fin du XIXe siècle une « Petite pendule du temps de Louis XVI, en bronze doré et bronze vert, à mouvement visible à travers un cadran de verre, du nom de Lepaute, à Paris. Ce cadran, dont les aiguilles et l’entourage sont enrichis de marcassites, est placé dans un tambour surmonté d’une cassolette et supporté par un lion de bronze vert marchant vers la gauche. Ce lion est élevé sur un socle rectangulaire de bronze doré à angles en ressaut ornés de triglyphes ; le pourtour de ce socle est décoré de grecques et de guirlandes de laurier en bronze vert. Hauteur 31cm ; largeur 18cm » est décrite dans la collection du comte d’Armaillé.

Enfin, relevons que, de nos jours, parmi les rares pendules connues de modèle identique, avec parfois d’infimes variantes dans le décor, mentionnons notamment trois modèles réalisés entièrement en bronze doré ou doré et patiné : un premier, provenant probablement des collections du prince de Condé au XVIIIe siècle, qui est conservé au Mobilier national (voir Fastes du pouvoir : objets d’exception XVIIIe-XIXe siècles, RMN, Paris, 2007, p.18-19, catalogue n°5) ; ainsi qu’un deuxième qui est illustré dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises de Louis XIV à l’Empire, Florence, éditions Polistampa, 2013, p.295 ; et un troisième qui est reproduit dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, op.cit., p.193, fig.3.11.4. Enfin, citons particulièrement qu’une pendule de ce modèle, mais en bronze doré et argenté, fait partie des célèbres collections du Palais de Pavlovsk, près de Saint-Pétersbourg (voir Palais de Pavlovsk, Catalogue complet des collections, Volume X, Métal Bronze, Tome I, Saint-Pétersbourg, GMZ « Pavlovsk », 2011, p. 14, catalogue n°1).

Claude-Amé-François Dautel

« Dautel à Paris » : Cette signature correspond à Claude-Amé-François Dautel, horloger parisien décédé le 26 septembre 1793, tandis que son épouse, née Dodonney, était décédée quelques jours avant lui. Actif dès la fin du règne de Louis XV, il connaît une certaine notoriété auprès des amateurs parisiens d’horlogerie de luxe. Au début des années 1790, il semble laisser la direction de l’atelier à son fils, Claude-André-François, qui continue l’activité. Au XVIIIe siècle, quelques-unes de ses pendules sont mentionnées chez certains grands collectionneurs de l’époque, citons notamment celle prisée dans l’inventaire après décès du Cardinal Charles-Antoine de la Roche-Aymon en novembre 1777. Une de ses pendules est actuellement dans les collections du Louvre (Inv. OA 5131.), un cartel de l’époque Louis XV estampillé par l’ébéniste Jean Goyer (1731) et le cadran signé « Dautel à Paris ».



François Vion (vers 1737 - après 1790)

L’un des plus importants bronziers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle, il est reçu maître fondeur en 1764. Confrère et concurrent des Osmond et de Jean-Joseph de Saint-Germain, il se spécialisa dans la création de caisses de pendules dont plusieurs modèles portent sa signature, particulièrement les exemplaires dits « Vénus et l’Amour » et « L’Amour et les trois Grâces ».



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