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Lepaute  -  Dubuisson
Pierre-Basile Lepaute (1750-1843)
Dubuisson (1731-après 1820)

Précieux régulateur de bureau en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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Cadran et platine du mouvement signés « Lepaute à Paris » probablement par l’horloger Pierre-Basile Lepaute, dit Sully-Lepaute (1750-1843)

Émail du cadran signé « Dub » par l’émailleur Etienne Gobin, dit Dubuisson

Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1790

Hauteur39,5 cm. Largeur23 cm. Profondeur16 cm.

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Lepaute à Paris » au centre ainsi que « Dub » en bas, indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; il bat également les secondes par une trotteuse centrale en acier poli-bleui. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures et dont la platine est également signée « Lepaute à Paris », est renfermé dans une caisse architecturée en borne à entablement cintré entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni ; il supporte son balancier bimétallique. La boite est formée de montants unis en pilastres enserrant les vitres à vue encadrée de frises de feuilles d’eau ; l’entablement cintré est souligné de frises de feuilles de lauriers ponctuées d’acanthes ; le chapiteau est à décor de jeux de bandeaux unis encadrant des réserves amaties. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à doucine agrémentée d’une frise de feuilles d’acanthes.

La composition particulièrement épurée de ce rare régulateur de bureau est destinée à mettre en valeur la complexité et la précision de son mécanisme et la qualité exceptionnelle du traitement de la ciselure et de la dorure de sa boite architecturée. Si le bronzier qui créa ce modèle vers la fin du règne de Louis XVI n’est pas identifié, nous pouvons souligner que c’est très certainement l’atelier des Lepaute qui le commercialisa, car la quasi-totalité des exemplaires connus porte la signature des Lepaute. La signature « Lepaute à Paris » sur le modèle présent correspond très probablement à Pierre-Basile Lepaute, dit Sully-Lepaute (1750-1843). Ainsi, parmi les horloges répertoriées de modèle identique, nous pouvons citer particulièrement : un premier régulateur qui est reproduit dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Les éditions de l’Amateur, Paris, 1997, p.183 ; ainsi qu’un deuxième, mentionné au début du XIXe siècle au Palais de Saint-Cloud, qui appartient aux collections du Mobilier national (reproduit dans M-F. Dupuy-Baylet, De bronze et de cristal, objets d’ameublement XVIIIe-XIXe siècles du Mobilier national, Editions Faton, Dijon, 2020, p.52-53, catalogue n°11) ; et un troisième livré par Lepaute en 1804 pour la chambre à coucher du pape au Palais de Fontainebleau précisant que « L’Exécution tant de la boète que du mouvement de cette pendule est traitée avec toute la perfection possible… » (voir J-P. Samoyault, Musée national du Château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier, 1. Pendules et bronzes d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 1989, p.67, catalogue n°28).

Pierre-Basile Lepaute (1750 - 1843)

Pierre-Basile Lepaute, dit Sully-Lepaute, est l’un des plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Il rejoint ses oncles, également horlogers, dans la capitale vers le milieu des années 1760 et débute sa formation dans l’atelier familial. Dans un premier temps, il s’associe avec son oncle et son cousin, avant de racheter la société familiale en 1789. Vers la fin du XVIIIe siècle, il fonde avec son neveu, Jean-Joseph Lepaute, une nouvelle société qui dure jusqu’en 1811 et qui reçoit notamment une médaille d’argent à l’Exposition des Produits de l’Industrie de 1806. En 1811, son neveu installe son propre atelier, tandis que Pierre-Basile forme avec son fils, Pierre-Michel (1785-1849), une nouvelle société sous la raison sociale « Lepaute et fils ». Pendant plusieurs décennies, ils seront les principaux fournisseurs de pendules pour le Garde-Meuble impérial, puis royal ; recevant successivement les titres d’Horloger de l’Empereur sous Napoléon et d’Horloger du Roi à la Restauration.



Dubuisson (1731 - après 1820)

Etienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des plus talentueux émailleurs parisiens du règne de Louis XVI et de l’Empire. Né à Luneville en 1731, il débute sa carrière en tant que peintre en porcelaine à Strasbourg et Chantilly. Puis, il vient s’installer à Paris et travaille à la manufacture royale de porcelaine de Sèvres de 1756 à 1759 en se spécialisant dans le décor des boîtiers de montres et des cadrans de pendules. Dans les années 1790, son atelier est mentionné rue de la Huchette, puis rue de la Calandre vers 1812. Il semble se retirer des affaires au début des années 1820. Il signe généralement ses œuvres « Dubuisson », « Dub » ou parfois « Dubui ». Travaillant avec les meilleurs horlogers de son temps, tels Robert Robin, Kinable et les Lepaute, Dubuisson est le principal confrère et concurrent de Joseph Coteau. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails. Sa production, qui est toujours de très grande qualité, est considérable ; ainsi pour ne citer que quelques rares exemplaires, mentionnons notamment certaines pendules portant sa signature qui sont conservées au Palais de Pavlovsk, près de Saint-Pétersbourg, au musée du Louvre à Paris et dans les collections royales anglaises.



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