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Thématiques : Littérature

  • Choiselat-Gallien

    Rare pendule de cheminée dite « aux jeunes porteurs noirs » en bronze finement ciselé, patiné et doré

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    « L. Grognot à Paris »

    La caisse attribuée au bronzier parisien Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien (1784-1853)

    Paris, époque Empire, vers 1810

    Hauteur47 Largeur33.5 Profondeur10.5

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « L. Grognot à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré fixées au centre du cadran dans un pistil simulé d’une fleur à pétales or et lapis. Le mouvement, sonnant les heures et les demies-heures, s’inscrit dans une boite circulaire, soulignée de pampres de vigne, fixée à un palanquin porté sur un brancard reposant sur les épaules de superbes figures représentant deux jeunes noirs, aux yeux émaillés, portant des anneaux d’oreilles et vêtus de pagnes de plumes. A l’amortissement, posé sur une terrasse unie, est un groupe de deux jeunes personnages assis sur une souche, un chien posant ses pattes avants sur la cuisse droite du jeune homme discutant avec la jeune femme qui se retourne ; représentations des jeunes héros Paul et Virginie du roman de Bernardin de Saint-Pierre. L’ensemble de la composition est supporté par une haute base quadrangulaire à côtés arrondis agrémentée, en façade, de motifs en applique figurant deux limoniers agrémentés de pampres qui encadrent une scène semi-circulaire en léger-relief représentant le naufrage du Saint-Géran, l’un des épisodes marquants du roman de Bernardin de Saint-Pierre ; enfin, quatre pieds aplatis rythmés de frises de fins canaux supportent l’horloge.

    À la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau qui exaltait les vertus morales du retour à la Nature à travers le mythe du « bon sauvage », l’engouement pour l’exotisme fut tout particulièrement mis à la mode par la littérature contemporaine. Ainsi, le prodigieux succès littéraire de « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre en 1788, héritier lointain du fameux « Robinson Crusoé » de Daniel de Foe, le roman « Les Incas » de Marmontel paru en pleine guerre de l’indépendance américaine, ainsi qu’« Atala » de Chateaubriand publiée en 1801, vont profondément bouleverser l’approche européenne des autres civilisations et même faire plonger la culture du vieux continent dans une forte nostalgie romantique liée à la quête d’un Eden païen régénéré par le christianisme. Comme souvent dans les arts décoratifs français, ce bouleversement aura sa manifestation dans certaines créations artistiques, essentiellement horlogères ou liées au luminaire. C’est dans ce contexte que fut créée la pendule que nous présentons, dont le modèle, dit « aux jeunes porteuses noires », est l’une des représentations les moins communes des pendules dites « au nègre ».

    Ainsi, parmi les rares autres horloges connues de dessin similaire, avec toutefois des variantes dans la composition, citons : un premier exemplaire, sur lequel l’amortissement est formé d’une guenon, qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.344 ; ainsi qu’un deuxième, du même modèle que le précédent et réalisé par le bronzier Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien, qui est reproduit dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.379, fig.5.15.20 ; cela nous permet d’attribuer la pendule présentée à cet important bronzier parisien de l’époque Empire. Enfin, mentionnons particulièrement deux pendules identiques à celle que nous proposons : la première est conservée dans les célèbres collections d’horlogerie du Musée François Duesberg à Mons (parue dans le catalogue de l’exposition « De Noir et d’Or, Pendules ‘au bon sauvage’ », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993) ; tandis que la seconde, anciennement dans la collection Renoncourt, est illustrée dans S. Chadenet, Les styles Empire et Restauration, Editions Baschet et Cie, Paris, p.177, fig.1.

    Levol  -  Thomire
    Pierre-Philippe Thomire (1757-1843)

    Importante et rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni au thème de l’adolescence de Paul et Virginie

    « Le Triomphe de la Vertu et de l’Innocence »

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    « Levol à Paris »

    Dans une caisse attribuée à Pierre-Philippe Thomire

    Paris, époque Consulat, vers 1800

    Hauteur66 Largeur65.3 Profondeur15.8

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Levol à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; il s’inscrit dans une superbe caisse néoclassique à décor de personnages entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demies-heures, est renfermé dans une boite circulaire, à lunette soulignée de frises perlées ou alternées de feuilles d’eau et tigettes, surmontant une draperie, à franges rythmées de fines cordelettes, agrémentée d’un bandeau repercé à jeu de croisillons ; cette boite tient lieu de support au superbe groupe sommital représentant deux personnages assis côte-à-côte figurant un jeune homme et une jeune femme, cette dernière tenant dans sa main gauche une draperie voletante leur servant de parapluie ; il s’agit de la représentation d’un épisode du roman « Paul et Virginie » au cours duquel, Virginie, surprise par une ondée, se servit d’une partie de sa robe en tant que parapluie, elle la leva au-dessus de sa tête et protégea également Paul qui l’accompagnait. Le groupe, d’où émane une forte tendresse dans les attitudes et les jeux de regard, repose sur un palanquin, à brancards à l’imitation de tiges de bambou, porté par deux personnages noirs sculpturaux, vêtus de pagnes soulignés d’un bandeau à motifs brunis ou amatis ; sur la terrasse, un chien, patte avant droite levée, anime la composition. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à légers décrochements agrémentée de motifs en applique de palmiers et ornée, en façade, d’un panneau en réserve à décor d’une scène dans une perspective paysagée relative à l’adolescence des deux jeunes héros. Enfin, quatre pieds également ouvragés de frises feuillagées supportent l’horloge.

    Avant la fin du XVIIIe siècle, le noir constitue rarement un thème décoratif pour les créations horlogères françaises et plus largement européennes. C’est véritablement à la fin de l’Ancien Régime, plus précisément dans la dernière décennie du XVIIIe siècle et dans les premières années du siècle suivant, qu’apparaissent les premiers modèles de pendules dites « au nègre » ou « au sauvage ». Cette vogue était le résultat d’un contexte social et romantique particulier. En effet, à la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau qui exaltait les vertus morales du retour à la Nature à travers le mythe du « bon sauvage », l’engouement pour l’exotisme fut tout particulièrement mis à la mode par la littérature contemporaine. Ainsi, le prodigieux succès littéraire de « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre en 1788, héritier lointain du fameux « Robinson Crusoé » de Daniel Defoe, le roman « Les Incas » de Marmontel, paru en pleine guerre de l’indépendance américaine, ainsi qu’« Atala » de Chateaubriand publiée en 1801, vont profondément bouleverser l’approche européenne des autres civilisations et même faire plonger la culture du vieux continent dans une forte nostalgie romantique liée à la quête d’un Eden païen régénéré par le christianisme. Comme souvent dans les arts décoratifs français, ce bouleversement aura sa manifestation dans certaines créations artistiques, essentiellement horlogères ou liées au luminaire. C’est dans ce contexte que fut créée la pendule que nous proposons dont le dessin particulièrement élaboré et la qualité exceptionnelle de la ciselure, de la dorure et de la patine « au naturel » des deux personnages noirs, témoignent d’un artisan-bronzier de tout premier plan, de toute évidence Pierre-Philippe Thomire, à qui ce modèle est logiquement attribué.

    La composition s’inspire plus ou moins directement d’un modèle horloger, nettement moins spectaculaire et abouti, représentant un groupe de Paul et Virginie porté sur un brancard soutenu par deux jeunes porteuses noires. De ce type, moins rare, sont notamment connus : un premier exemplaire qui est conservé au Musée Duesberg à Mons (paru dans le catalogue de l’exposition « De Noir et d’Or », Pendules « au bon sauvage », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993) ; ainsi qu’un deuxième qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.344 ; enfin, citons une dernière pendule de ce type qui est illustrée dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.379, fig.5.15.20 ; cette dernière est rattachée à l’œuvre du  bronzier parisien Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien (1784-1853), l’un des meilleurs bronziers de la capitale et concurrent de Pierre-Philippe Thomire.

    Contemporain de ce modèle dit « aux porteuses », les pendules « aux porteurs noirs » sont nettement plus élaborées et spectaculaires, notamment en considérant bien évidemment leurs dimensions monumentales, mais également l’originalité de leur composition parfaitement équilibrée et, enfin, par la qualité exceptionnelle de leur ciselure et de leur dorure. De plus, relevons que ce modèle se distingue également par sa rareté ; en effet, parmi les quelques exemplaires identiques répertoriés, citons particulièrement celui qui est attribué à Pierre-Philippe Thomire et exposé au Musée François Duesberg à Mons (illustré dans Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.66) ; selon la tradition, l’exemplaire du Musée Duesberg aurait été directement commandé à Thomire en 1802 par Bonaparte, futur Empereur Napoléon, pour être offert à l’écrivain Bernardin de Saint-Pierre dont il admirait l’œuvre, particulièrement « Paul et Virginie ».

    Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

    Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



    Thomire
    Pierre-Philippe Thomire (1757-1843)

    Importante pendule de cheminée en bronze finement ciselé et doré

    « La leçon de musique » ou « Hommage à Joséphine »

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    « Collas à Paris »

    Attribuée à Pierre-Philippe Thomire

    Paris, début de l’époque Empire, vers 1805

    Hauteur53 Largeur54 Profondeur16

    Le cadran circulaire émaillé signé « Collas à Paris » indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes par tranches de quinze et s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze finement ciselé et doré. Le mouvement est renfermé dans une caisse circulaire richement ouvragée sur laquelle est assise une superbe figure féminine drapée « à l’antique » jouant de harpe, sa partition posée devant elle sur un guéridon quadripode ; elle se retourne pour regarder un jeune amour ai lé qui porte son carquois à empennages de flèches en bandoulière et tient un parchemin sur lequel est inscrit : « Bouton de rose » ; devant lui, sont posés sur un tabouret à pattes de lion un arc et une torche enflammée.  L’ensemble repose sur une terrasse, à réserves richement ciselées, supportée par une base quadrangulaire en marbre vert antique à décor en applique de doubles guirlandes enrubannées, motifs « en lyre » flanqués de griffons et mascarons dans des médaillons repercés agrémentés de palmettes stylisées ; enfin, six pieds toupies, soulignés de feuillages, supportent la pendule et reposent sur un contre-socle supporté par six pieds galettes également ouvragés.

    La composition originale de cette pendule s’inspire plus ou moins directement d’un poème de Constance-Marie de Théis princesse de Salm-Dyck (1767-1845) intitulé « Bouton de rose » et publié en 1785 dans l’Almanach des Grâces. A partir des dernières années du XVIIIe siècle, cette romance connaîtra un succès considérable lorsque le compositeur Louis-Barthélémy Pradher (1782-1843) le mettra en musique et que le chanteur Pierre-Jean Garat (1762-1823) l’interprétera dans les Salons à la mode en l’honneur de la beauté de Joséphine, femme du futur Empereur Napoléon. La qualité exceptionnelle de sa ciselure et de sa dorure nous permet de la rattacher à l’œuvre du plus talentueux bronzier parisien de l’époque : Pierre-Philippe Thomire.

    Parmi les rares pendules répertoriées de modèle identique, mentionnons particulièrement : un premier exemplaire,  le cadran signé « Dubuc le jeune », qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen-Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.388 ; ainsi qu’un deuxième qui est paru dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.401 ; enfin, citons une dernière pendule de ce modèle, également attribuée à Pierre-Philippe Thomire, qui appartient aux célèbres collections d’horlogerie du Musée François Duesberg à Mons (reproduite dans Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.40).

    Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

    Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



    Leroy
    Gabriel Leroy

    Rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé ou doré à l’or mat et à l’or bruni

    Paris, époque Empire, vers 1810

    Hauteur47.5 Largeur29 Profondeur16.5

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Gabriel Leroy/Rue du Temple N° 115 à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles œil de perdrix en acier poli-bleui ; il est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé ou doré à l’or mat et à l’or bruni. La lunette est agrémentée d’une frise de feuilles d’eau ; le mouvement s’inscrit dans une borne à montants en demi-colonnes à chapiteaux à palmettes rythmées de têtes de lion déversant des jets d’eau dans des coupes reposant sur des gaines à motifs en applique ; la façade de la borne est agrémentée d’un cygne aux ailes déployées reposant sur un jeu de crosses, palmes et rosaces. La corniche débordante arrondie est soulignée d’acrotères alternés à palmettes stylisées ou coquillages ; l’amortissement est orné d’une coupe à godrons supportant deux dauphins adossés à queues entrelacées. Sous le cadran, représentés sur la terrasse, sont deux enfants, l’un est une jeune fille assise dans une luge à motifs de chevaux marins indiquant de la main droite la direction et se retournant vers l’autre figuré par un garçon ; ils sont tous les deux coiffés et vêtus à la mode du début du XIXe siècle. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, en entablement à doucine, posée sur un contre-socle mouluré à motifs en applique de trident, rame, aiguières, coquille et roseaux, lui-même supporté par quatre pieds toupies à frises moletées.

    D’une superbe qualité de ciselure et de dorure, cette rare pendule présente une thématique originale qui pourrait très certainement être rattachée au roman Paul et Virginie de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre publié dès 1788 et qui connaîtra un succès immense. Ainsi, la représentation de ces deux jeunes enfants jouant ensemble peut correspondre à un moment de  la jeunesse de Paul et Virginie qui, élevés comme frère et sœur sur une île isolé, menèrent une vie simple, vertueuse et respectueuse de la nature, loin de toute civilisation. L’horloger qui réalisa le mouvement, Gabriel Leroy, est très certainement issu de la dynastie des célèbres horlogers du même nom actifs à Paris du milieu du XVIIIe siècle jusqu’aux premières décennies du siècle suivant ; son atelier est mentionné au 115, rue du Temple de 1802 à 1822 et il semble s’associer sous l’Empire avec son confrère Lemazurier (voir Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971, p.405). Enfin, relevons qu’une pendule en cuivre doré de cet horloger « surmontée d’un char traîné par des papillons » fut prisée 300 francs en 1817 dans l’inventaire après décès de Charles-Etienne Lacouture.

    Gabriel Leroy

    Gabriel Leroy est certainement issu de la dynastie des célèbres horlogers actifs à Paris du milieu du XVIIIe siècle jusqu’aux premières décennies du siècle suivant ; il est mentionné au 115, rue du Temple de 1802 à 1822 (voir Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971, p.405).



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    Amant
    Jean-Louis Amant

    Rare pendule de cheminée « au déserteur » en bronze finement ciselé, verni polychrome et doré

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    Paris, époque Louis XVI, vers 1775

    Hauteur50 Largeur34 Profondeur21.5

    Le cadran circulaire émaillé, signé « Amant à Paris », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq et les quantièmes en chiffres arabes par trois aiguilles, dont deux rehaussées de strass et une troisième en acier bleui ; il s’inscrit dans une caisse architecturée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, verni et doré. La boite est soulignée d’un amoncellement à motifs militaires formé d’étendards, casque empanaché, glaives, haches, bouclier…et repose sur un édifice, à façade à arcades cintrées rythmées de pilastres cannelés, figurant des geôles. Sur le devant, reposant sur une terrasse à dallage simulé et à bornes réunies par des chaînettes, est représentée une scène à personnages figurant un jeune homme agenouillé faisant ses adieux à une jeune femme, affligée de douleur ; derrière le couple, se tiennent quatre soldats en uniforme qui attendent d’exécuter la sentence. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire en marbre blanc de Carrare, à ressaut cintré en façade, agrémentée de frises d’entrelacs se détachant sur un contre-fond vert ; enfin, quatre pieds pastilles à bandeaux amatis supportent l’horloge.

    La composition originale de cette pendule est directement inspirée d’un célèbre opéra-comique intitulé « Le déserteur » du compositeur Pierre-Alexandre Monsigny  (1729-1817) qui fut présenté le 6 mars 1769 à l’Hôtel de Bourgogne par la troupe de la Comédie-italienne. L’œuvre s’inspire d’une histoire vraie. Alexis, un soldat français déserte son régiment pensant que sa fiancée, Louise, est sur le point d’épouser un autre homme. Le jeune homme est arrêté et emprisonné. Affligée, Louise se jette aux pieds du roi et parvient à le convaincre de lui pardonner ; mais, la jeune femme est si épuisée, qu’à son retour à la prison, elle s’écroule de fatigue avant d’avoir pu annoncer la grâce royale. Heureusement, Louis XV arrivera juste à temps pour éviter l’exécution d’Alexis. Immédiatement, cette pièce rencontra un vif succès et inspira directement la création d’un modèle de pendules qui représente le moment le plus dramatique de la pièce : les adieux d’Alexis à Louise, avec à l’arrière le peloton prêt à l’exécuter.

    Parmi les rares pendules connues de ce modèle, citons notamment : un premier exemplaire qui a fait partie des collections du comte de Rosebery à Mentmore Towers (vente Sotheby’s, le 19 mai 1977, lot 445) ; ainsi qu’un deuxième qui est reproduit dans le catalogue de l’exposition « La folie d’Artois à Bagatelle », 1988, p.85, fig.7 ; mentionnons également une dernière pendule « au déserteur » qui appartient aux collections du Palais de Pavlovsk (illustrée dans A. Kuchumov, Pavlovsk, Palace & Park, Leningrad, 1975, illustration 97) ; enfin, relevons particulièrement qu’une horloge de ce modèle était mentionnée dans la collection du marquis de Broglie en 1786 : « Une pendule représentant une partie de prison et une scène du déserteur, surmontée d’un cadran d’émail avec entourage de pierres Cayenne avec trophée militaire, le tout sur socle de marbre… ».

    Jean-Louis Amant

    Jean-Louis Amant accéda à la maîtrise en 1751, en tant que fils de maître, il installa son atelier rue Gracieuse et connut une grande notoriété. A l’instar des meilleurs artisans parisiens, il collabora pour les caisses de ses pendules avec les plus grands bronziers ou ébénistes du temps, notamment avec Jean Goyer, Nicolas Bonnet et les Osmond.



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