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Robin  -  Dubuisson  -  Thomire
Robert Robin (1741-1799)
Dubuisson (1731-1815)

Rare régulateur de bureau à remontoir d’égalité en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

Régulateur031-07

Le cadran et le mouvement signé par l’horloger Robert Robin

Le cadran émaillé par Etienne Gobin, dit Dubuisson

Dans une caisse attribuée à Pierre-Philippe Thomire

Paris, époque Louis XVI, vers 1785

Hauteur39 cm Largeur20 cm Profondeur17 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Robin », indique les heures, les minutes par tranches de quinze et les quantièmes en chiffres arabes, par trois aiguilles, dont deux en cuivre ciselé, repercé et doré, et marque les secondes par une trotteuse centrale en acier poli-bleui ; il porte également la signature abréviative « Dub » pour Etienne Gobin, dit Dubuisson, l’un des plus célèbres émailleurs parisiens de l’époque, confrère et principal concurrent de Joseph Coteau. Le mouvement, dont la platine arrière est signée et localisée « Robin à Paris », supporte son lourd balancier compensé à tige en fer poli supportant la lentille en cuivre ; les roues sont volontairement mises en tension pour faciliter la marche et éviter tout retour en arrière. L’ensemble est renfermé dans une superbe caisse se présentant sous la forme d’une borne vitrée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. La corniche en léger ressaut est agrémentée d’une frise d’oves surmontant un enfilage de perles ; les montants avants à pans coupés sont ornés de guirlandes de feuilles de lauriers se terminant en graines et de cannelures foncées d’asperges ; les encadrements des parties vitrées sont en baguettes en cordelettes torsadées ; le cadran est orné d’écoinçons d’acanthes dans sa partie supérieure et est souligné d’une draperie à franges à laquelle se rattachent des guirlandes fleuries et feuillagées. Un petit levier ingénieux permet à cette draperie de s’abaisser pour dévoiler « à volonté » les trous de remontage. L’ensemble repose sur une base à cavet en légère saillie, elle-même supportée par quatre pieds en boules aplaties.

Ce type d’horloges, dit « régulateur de bureau », peut être considéré comme l’un des modèles les plus aboutis de la grande horlogerie parisienne de luxe des dernières années du XVIIIe siècle. Sa composition volontairement épurée découle de la volonté de l’horloger de mettre en valeur la beauté et la simplicité du cadran et du mécanisme. La qualité exceptionnelle de la ciselure et de la dorure de sa caisse architecturée nous permet de la rattacher à l’œuvre de Pierre-Philippe Thomire, le plus important bronzier parisien de son époque. Enfin, relevons que parmi les rares modèles connus réalisés dans le même esprit, avec notamment des variantes dans le traitement de la corniche et du décor, nous pouvons citer particulièrement : un premier exemplaire de Robin qui est illustré dans le Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne et d’Art, n°88, été 2000, p.32C ; un deuxième (documentation Breguet) est reproduit dans Tardy, La pendule française des origines à nos jours, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p.319 ; enfin, un dernier modèle de Ferdinand Berthoud, anciennement dans la collection Edouard Gélis, est exposé au Musée Paul Dupuy à Toulouse (paru dans Horlogerie et instruments de mesure du Temps passé, Musée Paul Dupuy, Toulouse, 1979, p.85, catalogue n°76).

Robert Robin (1741 - 1799)

Robert Robin est l’un des plus importants horlogers parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Honoré des titres de Valet de Chambre-Horloger Ordinaire du Roi et de la Reine en 1783 et 1786, il eut une carrière hors du commun et se distingua par sa contribution exceptionnelle à l’amélioration des instruments de la mesure du temps.

En 1778, l’Académie des Sciences approuva deux de ses inventions, dont l’une mena à la construction d’une pendule astronomique représentant une méridienne tracée sur une pyramide qui fut acquise par les Menus Plaisirs pour Louis XVI cette même année ; Robin publia une Description historique et mécanique très détaillée de cette pendule. Il créa également des régulateurs de cheminée à indications astronomiques et à balancier compensé, dont le marquis de Courtanvaux, homme de science et grand connaisseur d’horlogerie de précision, fut l’un des premiers acquéreurs. Au cours des troubles révolutionnaires, il réalisa des montres et des pendules à heure décimale. On le retrouve successivement Grande rue du faubourg Saint-Honoré (1772), rue des Fossés-Saint-Germain l’Auxerrois (1775), rue Saint-Honoré à l’Hôtel d’Aligre (1778) et aux Galeries du Louvre en 1786.

Pour ses régulateurs de bureau, Robin fit le choix de boîtes architecturées d’une grande sobriété, qui nous paraissent aujourd’hui d’une remarquable modernité. Il collabora toujours avec les meilleurs artisans de son temps, parmi lesquels les bronziers ou ciseleurs Robert et Jean Baptiste Osmond, Pierre Philippe Thomire, François Rémond et Claude Galle, les ébénistes Jean-Henri Riesener, Ferdinand Schwerdfeger et Adam Weisweiler, les émailleurs Barbezat, Dubuisson, Merlet et Coteau pour les cadrans, et les Richard et Montginot pour les ressorts.

Les deux fils de Robert Robin, Nicolas Robert (1775-1812) et Jean-Joseph (1781-1856), étaient également d’excellents horlogers et poursuivirent brillamment l’activité de l’atelier paternel.



Dubuisson (1731 - 1815)

Étienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des meilleurs émailleurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Vers le milieu des années 1750 il travaille à la manufacture de Sèvres, établissant par la suite son propre atelier. Il est mentionné dans les années 1790 dans la rue de la Huchette et vers 1812, dans la rue de la Calandre. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails.



Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.