Rare pendule en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare »
« L’Amour éveillant Vénus »

Paris, époque Louis XVI, vers 1785
Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Robin/Hger du Roi », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; le mouvement, à sonnerie des heures et demi-heures, s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare ». Le recouvrement, souligné de guirlandes de pampres, est orné de Cupidon, reposant sur des nuées, portant son carquois en bandoulière et tenant son arc, sur le point de réveiller la déesse Vénus endormie. La borne, renfermant le mouvement, est agrémentée d’une réserve à branchages enrubannés et ceinturée d’enfilage de perles. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, à décrochements et côtés arrondis, richement ornée d’une frise de feuilles ou graines alternées et de réserves à branchages de lys dans des rubans, carrés à pampres et panneau en léger relief représentant des putti dans le goût du sculpteur Clodion. Enfin, six pieds à frises de cordelettes supportent l’horloge.
Modèle élégant et parfaitement équilibré, cette pendule se distingue par l’exceptionnelle qualité de sa ciselure et de sa dorure. De nos jours, parmi les rares modèles identiques connus, avec certaines variantes notamment dans le traitement de la base, citons particulièrement : un premier exemplaire qui est exposé à la Residenz de Munich et illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.248, fig.4.6.13 (voir P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich, 1988, p.51, fig.77) ; ainsi qu’un second, livré en 1804 pour le boudoir de l’Impératrice au Palais de Fontainebleau, qui est reproduit dans J-P. Samoyault, Musée national du Château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier, 1. Pendules et bronzes d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 1989, p.50, catalogue n°5 (voir également E. Dumonthier, Les bronzes du Mobilier national, Pendules et cartels, Paris, 1911, planche 20, fig.6).
Robert Robin (1741 - 1799)
Robert Robin est l’un des plus importants horlogers parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Honoré des titres de Valet de Chambre-Horloger Ordinaire du Roi et de la Reine en 1783 et 1786, il eut une carrière hors du commun et se distingua par sa contribution exceptionnelle à l’amélioration des instruments de la mesure du temps.
En 1778, l’Académie des Sciences approuva deux de ses inventions, dont l’une mena à la construction d’une pendule astronomique représentant une méridienne tracée sur une pyramide qui fut acquise par les Menus Plaisirs pour Louis XVI cette même année ; Robin publia une Description historique et mécanique très détaillée de cette pendule. Il créa également des régulateurs de cheminée à indications astronomiques et à balancier compensé, dont le marquis de Courtanvaux, homme de science et grand connaisseur d’horlogerie de précision, fut l’un des premiers acquéreurs. Au cours des troubles révolutionnaires, il réalisa des montres et des pendules à heure décimale. On le retrouve successivement Grande rue du faubourg Saint-Honoré (1772), rue des Fossés-Saint-Germain l’Auxerrois (1775), rue Saint-Honoré à l’Hôtel d’Aligre (1778) et aux Galeries du Louvre en 1786.
Pour ses régulateurs de bureau, Robin fit le choix de boîtes architecturées d’une grande sobriété, qui nous paraissent aujourd’hui d’une remarquable modernité. Il collabora toujours avec les meilleurs artisans de son temps, parmi lesquels les bronziers ou ciseleurs Robert et Jean Baptiste Osmond, Pierre Philippe Thomire, François Rémond et Claude Galle, les ébénistes Jean-Henri Riesener, Ferdinand Schwerdfeger et Adam Weisweiler, les émailleurs Barbezat, Dubuisson, Merlet et Coteau pour les cadrans, et les Richard et Montginot pour les ressorts.
Les deux fils de Robert Robin, Nicolas Robert (1775-1812) et Jean-Joseph (1781-1856), étaient également d’excellents horlogers et poursuivirent brillamment l’activité de l’atelier paternel.