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Revel

Rare pendule dans une cage architecturée en bronze doré

Regulateur020-05_BD_MAIL

Cadran signé « Revel » par l’horloger Joseph-Marie Revel

Paris, époque Directoire, vers 1795

Hauteur42,5 cm Largeur26,5 cm Profondeur17,5 cm

Le cadran émaillé, signé « Revel », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze doré et les jours du mois en chiffres arabes par une aiguille en acier poli. Il est inscrit dans une superbe caisse à panneaux de glace en forme de borne architecturée entièrement réalisée en bronze finement ciselé et doré. Le fronton cintré est décoré d’une frise d’enfilage de perles et sommé de quatre pommes de pin ; une draperie ajourée à décor de motifs de passementerie et d’une frise découpée ornée de rinceaux souligne le cadran dans la partie inférieure et les montants sont composés de pilastres à fines cannelures à bases et chapiteaux simplement moulurés. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à degrés rehaussée sur ses faces de frises alternées de palmettes et de feuilles stylisées.

La composition particulièrement élégante de cette pendule, est la parfaite illustration de l’aboutissement des nouvelles recherches esthétiques entreprises par les bronziers et les horlogers parisiens à partir du dernier quart du XVIIIe siècle. Ce renouveau était le résultat d’un courant artistique développé dès le milieu du siècle par certains grands collectionneurs et certains artistes ; il faisait suite aux fabuleuses découvertes archéologiques des anciennes cités romaines antiques de Pompéi et d’Herculanum dans la région napolitaine. Sous l’impulsion d’amateurs tels que le comte de Caylus et Ange-Laurent Lalive de Jully, les arts décoratifs français, encore très marqués par le rocaille du règne de Louis XV, vont définitivement tendre vers un nouvel esprit : le Néoclassicisme français, qui puise directement ses sources d’inspiration dans l’Antiquité classique grecque et romaine. La pendule que nous proposons fut réalisée dans ce contexte particulier ; elle est la synthèse parfaite de ce nouveau style qui privilégiait la simplicité des compositions, en l’occurrence en forme de borne ou cippe antique, et la qualité exceptionnelle du travail des différents matériaux.

Parmi les exemplaires répertoriés et réalisés dans le même esprit, citons notamment deux modèles légèrement plus tardifs et de qualité de ciselure nettement inférieure, mais qui offrent un dessin similaire : le premier, signé Carcel jeune, est reproduit dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p. 184 ; tandis que le second fut livré par Lepaute oncle et neveu en septembre 1807 pour le Palais de Fontainebleau et appartient toujours aux collections de ce château (voir J-P. Samoyault, Musée national du château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier, 1. Pendules et bronze d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 1989, p. 65, catalogue n° 26). Enfin, mentionnons particulièrement qu’une pendule identique à celle proposée, également signée Revel, se trouvait anciennement dans la célèbre collection de Peter Zervudachi ; tandis qu’une seconde, signée Lepaute, est conservée dans une collection privée (illustrée dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of measuring Time, Munich, 1988, p. 65, fig. 108).

Joseph-Marie Revel (? - 1811)

Nous n’avons que peu d’informations concernant cet horloger qui connut pourtant une grande notoriété tout au long de sa carrière. Mentionné brièvement dans le Dictionnaire des horlogers de Tardy sous le prénom de Joseph, il se prénommait en fait Joseph-Marie et mourut à Paris en 1811. Après son accession à la maîtrise, il ouvrit son atelier Vieille rue du Temple, puis est mentionné au Palais Royal entre 1787 et 1790, au Palais Egalité vers 1800, enfin, au Palais Tribunat entre 1804 et 1806. Certains inventaires après décès des premières décennies du XIXe siècle mentionnent quelques-unes de ses réalisations ; ainsi, une pendule de Revel est prisée en 1817 après le décès d’Adélaïde de Lespinasse-Langeac femme du chevalier de Costalin ; tandis qu’une seconde figurait en 1821 dans la collection d’Anne-Charlotte-Dorothée comtesse de Médem veuve du puissant duc de Courlande.



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