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P020

Exceptionnelle pendule à cercle tournant en bronze ciselé et doré

« L’autel de Vénus »

APF_PENDULE055_04

Paris, époque Louis XVI, vers 1775-1780

Hauteur 35 cm ; largeur 33,5 cm ; profondeur 23,2 cm

Hauteur35 Largeur33.5 Profondeur23.2

Provenance :

– Certainement commandée vers 1775-1780 par Elisabeth Auguste, Electrice de Bavière et du Palatinat (1721-1794).

 

Le cadran tournant indique les heures en chiffres arabes ponctuées de rosettes ; le tout est réalisé avec de petits morceaux de strass finement taillés et minutieusement assemblés. Il est inscrit dans une caisse en forme de colonne tronquée décorée d’un tore de laurier enrubanné, d’une frise feuillagée et d’un blason à draperies composé d’un médaillon, anciennement chiffré, surmonté d’une couronne princière germanique dont la croix sommitale marque les heures. De part et d’autre de la colonne est disposée une figure, sur la droite l’Amour ailé est allongé sur un tertre rocheux recouvert d’un long tissu dévoilant une urne godronnée et tend une colombe à Vénus représentée sur la gauche debout et drapée dans une longue robe, une main posée sur sa poitrine et l’autre tendue vers la colombe. Entre les deux personnages, un cartouche est gravé « Autel à Vénus ». L’ensemble repose sur une belle base ovale en marbre blanc statuaire soulignée d’une frise ajourée et enrubannée composée de fleurs et de roses en bronze doré et ceinturée d’une plinthe de cuivre doré à frise de perles supportée par des pieds en pattes de lion finement ciselées.

A ce jour, il semble que cette pendule soit la seule de ce type à être répertoriée ; en effet, il existe un modèle de dessin identique mais sur lequel le magnifique cadran tournant est remplacé par un cadran circulaire émaillé nettement moins luxueux ; cette autre pendule, signée Buzot, appartient aux collections du Museum of Art de l’Université du Michigan. La qualité de ciselure et la rareté de la composition du sublime exemplaire que nous présentons sont révélatrices d’un commanditaire de tout premier plan : certainement l’Electrice de Bavière et du Palatinat. Cette provenance semble confirmer par quelques autres rares objets ayant appartenus à l’Electrice ornés de cette même couronne princière germanique et qui ont conservé les chiffres EA dans des médaillons. Tout d’abord, un service de table en argent commandé par l’Electrice à Strasbourg vers 1770 et qui resta dans la famille jusqu’au début du XXe siècle (voir une partie de ce service passée en vente chez Christie’s, à Londres, le 17 octobre 1951, lots 83-85, 111-114 et 125-126) ; ainsi qu’un cartel en bronze doré signé Causard Horloger du Roy, de modèle apparemment unique, qui se trouvait anciennement sur le marché de l’art helvétique et figure aujourd’hui dans une importante collection privée.

Elisabeth Auguste, Electrice de Bavière et du Palatinat (1721-1794), est l’une des personnalités les plus marquantes du XVIIIe siècle. Née à Manheim, elle est la fille du prince héritier Joseph-Charles-Emmanuel de Pfalz-Sulzbach et la petite-fille de l’Electeur du Palatinat Charles-Philippe. En 1742, elle se marie avec son cousin Charles-Théodore (1724-1799) et le couple accède au trône peu de temps après. En 1767, son mari achète et offre à son épouse le château de son enfance à Oggersheim, qui devient la résidence favorite de l’Electrice et que cette dernière meuble fastueusement, en choisissant notamment des meubles, des pendules et des bronzes d’ameublement tout spécialement commandés à Paris. Au moment de la Révolution française, le Palatinat reste neutre, mais en 1794 les armées révolutionnaires approchent de la frontière et l’Electrice doit fuir. Le château d’Oggersheim est incendié et Elisabeth Auguste meurt quelques mois plus tard à Weinheim.