Rare pendule de cheminée en bronze doré très finement ciselé ou moleté et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare »
« L’Allégorie du Printemps »
Platine du mouvement signée « Michel à Paris »
« Horloger parisien actif vers 1765-1785 »
Paris, époque Louis XVI, vers 1775-1780
Le cadran circulaire émaillé, localisé ‘Place Louis X4 », présente le chiffre 1 des heures dans un ovale, particularité pouvant être interprétée comme la marque d’un émailleur parisien et que l’on retrouve régulièrement sur des pendules de l’horloger Lépine ; il indique les heures en chiffres romains et arabes, ainsi que les minutes par tranches de cinq et les quantièmes du mois en chiffres arabes par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures et dont la platine est signée « Michel à Paris », est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé ou moleté et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre statuaire dit « de Carrare ». Le cadran se détache sur un fût de colonne cannelée ceinturé de feuilles de chêne et reposant sur une plinthe quadrangulaire à décor en relief d’une plaque représentant des jeunes amours astronomes dans des arcatures. La colonne est surmontée d’un vase terminé d’un bouquet fleuri à anses en mascarons grotesques d’où s’échappent des guirlandes fleuries et feuillagées retenues par deux élégantes figures féminines debout drapées « à l’antique » symbolisant le Printemps. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à degrés et ressaut en façade agrémentée d’un trophée à lyre et livre se détachant sur des branchages de lauriers, d’une large rosace dans une réserve et de frises d’entrelacs rythmés de fleurettes alternées. Enfin, quatre pieds toupies à bandeaux moletés supporte l’horloge.
La composition élégante de cette pendule, particulièrement la représentation des deux figures féminines, semble puiser plus ou moins librement son inspiration dans l’oeuvre de certains grands sculpteurs parisiens du temps, notamment dans celle d’Etienne-Maurice Falconet (1716-1791) qui affectionnait ce type de représentations allégoriques (voir le catalogue de l’exposition Falconet à Sèvres ou l’art de plaire 1757-1766, RMN, Paris, 2001). De nos jours, les pendules identiques répertoriées sont rares et offrent toutes certaines variantes ; mentionnons notamment un premier modèle, le cadran signé par l’horloger Lepaute, illustré dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p. 257 ; ainsi qu’un deuxième, le cadran signé Guydamour à Paris, illustré en 1900 dans le catalogue de l’Exposition rétrospective de l’Art français des origines à 1800 (ouvrage publié par la Librairie des Beaux-Arts sous la direction d’Emile Molinier) ; enfin, citons un dernier exemplaire, le cadran signé Charles Dutertre à Paris, qui appartient aux collections du musée Nissim de Camondo à Paris et qui est présenté sur la cheminée du Petit bureau de travail du comte de Camondo (reproduit dans S. Legrand-Rossi, Le mobilier du musée Nissim de Camondo, Editions Faton, Dijon, 2012, p. 27).
Cette signature correspond à un horloger parisien actif dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Tardy mentionne plusieurs horlogers actifs durant cette période portant ce patronyme, notamment un Jean Michel, reçu maître en 1770 et un Nicolas Michel, reçu maître en 1779 (voir Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971, p.463). Enfin, relevons que quelques pendules portant la signature « Michel à Paris » sont décrites dans certains documents anciens, citons particulièrement celles prisées dans l’inventaire après décès de François-Camille prince de Lorraine en 1788 et dans celui de Jean Masson de Plissay, secrétaire de Louis XV, en 1767.