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Leroy  -  Saint-Germain

Importante pendule de cheminée en bronze ciselé, patiné et doré

« Allégorie de l’Etude »

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« Charles Leroy à Paris »

Dans une caisse attribuée à Jean-Joseph de Saint-Germain

Paris, début de l’époque Louis XVI, vers 1770-1775

Hauteur67.5 Largeur46.5 Profondeur23.5

Provenance :

– Probablement collection de Marc-Joseph d’Anglejan, dit le comte d’Anglejan (mort à Paris en 1805) ; prisée lors de son inventaire après décès le 1er messidor an 13 : « Une autre pendule du même auteur (Charles Leroy) dans son cartel de cuivre doré avec figure en bronze représentant la liseuse ».

 

Le cadran émaillé, signé Charles Le Roy à Paris, indique les heures en chiffres romains, les minutes en chiffres arabes et les secondes, et est inscrit dans un boîtier circulaire surmonté d’une urne « à l’antique » enflammée et encadré d’une guirlande de laurier tombante ; la lunette est entourée d’un tore de laurier. Le tout est supporté par un fût de colonne cannelée et repose sur une terrasse sur laquelle est assise une superbe figure féminine en bronze patiné vêtue à l’antique tenant un livre ouvert, allégorie de l’Etude ; à ses pieds sont disposés des volumes et des rouleaux sur lesquels se dresse un coq, symbole de la vigilance. L’ensemble est supporté par un socle en bronze doré décoré de dés à rosaces et d’une frise à motifs géométriques entrelacés de guirlandes, qui lui-même est posé sur un contre-socle en ébène ou bois noirci rehaussé d’une frise stylisée qui peut être rapproché des réalisations de l’ébéniste Philippe-Claude Montigny.

Cette pendule est l’une des plus grandes réussites de l’horlogerie parisienne du début du règne de Louis XVI. En considérant sa date de réalisation, il nous semble pertinent d’avancer une attribution au fils de Charles Leroy. Sa composition s’inspire librement d’un modèle original créé vers 1757 à l’initiative de Madame Geoffrin, célèbre salonnière, qui sera décliner à partir du milieu des années 1760 par l’un des plus talentueux bronziers parisiens du temps : Jean-Joseph de Saint-Germain qui semble avoir collaboré pour la réalisation du groupe principal avec le sculpteur Louis-Félix Delarue (1730-1777). Saint-Germain démontra dans la création de cette pendule sa capacité à s’adapter au renouveau des arts décoratifs et à maîtriser les nouvelles données esthétiques du courant néoclassique. Il réalisa quelques rares autres versions du modèle avec des variantes, en combinant avec talent des motifs ornementaux différents et faisant ainsi de chaque pendule « à l’Etude », une œuvre unique. Parmi les exemplaires répertoriés, citons particulièrement un premier modèle conservé au musée Gulbenkian de Lisbonne (voir H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I, Munich, 1986, p.161, fig.3.3.5) ; ainsi qu’un second qui est exposé au musée du Louvre (illustré dans D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum et G. Mabille, Les bronzes d’ameublement du Louvre, Dijon, 2004, p.125).

Etienne-Augustin Le Roy (1737 - 1792)

Etienne-Augustin Le Roy, fils de l’horloger Charles Le Roy, devient maître horloger en 1758. L’atelier, dans la rue St Denis, travaillait pour les Cours de France, Suède, et la Saxe. Nommé horloger du roi, après le retrait des affaires de son père en 1770, Etienne-Augustin Leroy continue d’utiliser la signature « Charles Le Roy à Paris ». Plusieurs pendules portant cette signature figuraient dans les collections royales françaises avant la Révolution, elles étaient très certainement toutes des créations d’Etienne-Augustin.



Jean-Joseph de Saint-Germain (1719 - 1791)

Est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit à la Diane chasseresse (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Etude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).

Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.



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