search icon
Bréant  -  Coteau
Jacques-Thomas Bréant (1753-1807)
Joseph Coteau (1740-1801)

Rare pendule lyre dite « à la turque » à mouvement apparent en marbre blanc et bronze ciselé et doré

Pendule364-05_BD_MAIL

Le décor émaillé par Joseph Coteau

Paris, époque Louis XVI, vers 1785

Hauteur62 Largeur32 Profondeur13.5

Le cadran circulaire émaillé blanc, à fins motifs campaniformes soutenus de baldaquins or et polychromes est signé « coteau » ; il renferme un cartouche émaillé bleu signé « Jacs Breant à Paris », dévoile partiellement le mécanisme du mouvement et indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq et les quantièmes du mois en chiffres arabes et marque les secondes par une trotteuse centrale. Il s’inscrit dans une caisse en forme de lyre en marbre blanc statuaire dit « de Carrare » et décor de bronze très finement ciselé et doré réalisé dans le goût de l’Orient à motifs d’arbustes à plumets, ananas, draperies tombantes, frises découpées de motifs stylisés ou imbriquées, éléments de passementerie, olives, enfilages de perles alternées…enfin, l’amortissement est décoré d’un belle figure masculine vêtue et coiffée à l’orientale assise sur un coussin, tenant une ombrelle au-dessus de sa tête et reposant sur un entablement à écailles simulées sous lequel est fixé le balancier oscillant bimétallique.

Svend Eriksen considère que le modèle de la première véritable pendule lyre figure dans les collections royales suédoises (voir Early Neoclassicism in France, Londres, 1974). En France, la composition générale de la pendule lyre a peu évolué depuis sa création que l’on peut fixer raisonnablement à la fin des années 1750 ou au tout début de la décennie suivante En revanche, si le dessin des pendules lyre changea peu, les matériaux employés, ainsi que l’ingéniosité et la complexité des mouvements, subirent des changements considérables reflétant l’évolution du goût des amateurs et démontrant l’exceptionnelle habileté de certains horlogers du temps.

La grande majorité des modèles connus offre un cadran inscrit dans une lyre en bronze surmontée d’un masque solaire ou de têtes d’aigle ou dans des caisses en porcelaine de Sèvres (voir notamment plusieurs pendules de ce type illustrées dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.224-227 ; et dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, 1993, n°68, fig.53 et 62).

Associant habilement les modèles lyre et squelette, la pendule que nous présentons est d’une extrême élégance et se distingue de la plupart des autres exemplaires par la qualité de la ciselure de son décor de bronze doré et l’originalité de sa composition : « à la turque » ; style décoratif qui semble apparaître au début des années 1780 et qui ne fut apprécié que par certains grands collectionneurs du temps, particulièrement par le comte d’Artois pour son pavillon de Bagatelle (voir le catalogue de l’exposition La folie d’Artois, 1988, p.93, 104 et 105). Enfin, relevons que parmi les rares autres exemplaires connus de pendules de ce type, un modèle similaire, aujourd’hui partiellement conservé et dépourvu de mouvement, appartient aux collections du Musée des Arts décoratifs à Paris (illustré dans L. Metman, Le musée des Arts décoratifs, Le bronze, 2ème album, Paris, vers 1910, planche CXVI, fig.1046).

Jacques-Thomas Bréant (1753 - 1807)

Né à Paris, il est d’abord ouvrier libre, puis devient maître en 1783, date à laquelle il est établi à l’Enclos Saint-Martin-des-Champs. En 1783 son atelier est dans la rue Saint-Martin ; en 1786 il a ouvert une boutique dans le Palais Royal ; en 1795 il est rue du Temple. Il compte parmi ses clients le duc d’Orléans, les marquis de Laval, de la Rochebrochard, d’Aulany et d’Amenoncour, les comtesses de Faudoas et de Vascoeil, le comte de Villefranche et Messieurs Michau de Montaran et L’Espine de Granville, mais il fait faillite en 1786, et encore en 1788. En 1788, on trouve parmi ses créanciers de nombreux monteurs de boîte et d’émailleurs, tels que les bronziers P. Viel, N. Florion, E. Blavet, A. Lemire, P. d’Ecosse et J. B. J. Zaccon, les doreurs C. Galle, J. P. Carrangeot, L. Le Prince, et les émailleurs Merlet, Bezelle, Barbichon et le grand Joseph Coteau.



Joseph Coteau (1740 - 1801)

Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).