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Robin  -  Dubuisson  -  Schwerdfeger
Robert Robin (1741-1799)
Dubuisson (1731-1815)

Exceptionnelle pendule de cheminée ou de bureau dite « régulateur à remontoir d’égalité »

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Dans une caisse attribuée à l’ébéniste Jean-Ferdinand-Joseph Schwerdfeger

Paris, époque Directoire-Consulat, vers 1795

Hauteur44 Largeur24.5 Profondeur19.5

Provenance :

– Probablement l’horloge prisée 500 francs en 1830 dans le cabinet du célèbre manufacturier de porcelaine Christophe Dihl (1752-1830) : « Un régulateur du nom de Robin à Paris à secondes et à quantièmes, balancier et compensateur et à thermomètre, dans sa gaine d’acajou en glaces ».

 

Le cadran émaillé, signé « Robin », porte également la marque « dub » pour Etienne Gobin, dit Dubuisson (1731-1815), célèbre émailleur parisien, confrère et principal concurrent de Joseph Coteau. Il marque les heures en chiffres romains, les graduations des minutes, les secondes, le calendrier annuel avec indications des quantièmes et des mois de l’année, et l’équation du temps, marquant la différence entre le Temps vrai et le Temps moyen. Son mouvement à complications perfectionné, à échappement Graham et à remontoir d’égalité dit « à force constante », est actionné par un balancier à gril bimétallique oscillant muni d’un pyromètre portant les informations de la dilatation des métaux et par deux poids-moteurs. Il est inscrit dans une caisse architecturée en forme de borne « à l’antique » à corniche légèrement débordante réalisée en acajou ou en placage d’acajou et ornée de panneaux de glace sur ses faces et son recouvrement destinés à visualiser la complexité et le perfectionnement du mécanisme. L’ensemble est élégamment agrémenté d’un décor de bronze très finement ciselé et doré à l’or mat : l’entablement de la corniche est ceinturé d’une moulure ciselée de feuilles d’eau et ornée d’une frise alternée d’oves et de dards ; les panneaux de glace sont encadrés de baguettes torsadées et de frises de feuilles stylisées ; les équerres en écoinçons sont ornées de rinceaux de pampres de vigne ; enfin, une superbe draperie tombante à franges et guirlande feuillagée souligne l’arrondi du cadran. Le tout repose sur une base à ressaut à cavet foncé d’une frise de feuilles de persil supportée par quatre pieds quadrangulaires en bronze doré.

Excepté son mouvement à complications d’une grande précision et d’une superbe facture, cette pendule présente la particularité d’être enchâssée dans une caisse d’architecture en acajou poli, dont la composition, volontairement dépouillée, est destinée à mettre en valeur l’ingéniosité et le perfectionnement du mécanisme et la beauté du cadran. Vers la fin du XVIIIe siècle, un ébéniste s’était spécialisé dans la création de ce type de caisses : Ferdinand Schwerdfeger (1734-1818), mentionné « Ferdinand » dans de nombreuses ventes aux enchères du début du XIXe siècle et dont l’atelier, au décès de sa femme en 1803, était décrit comme comprenant quasi-exclusivement des caisses de pendules en acajou. C’est notamment Schwerdfeger qui confectionna la caisse de la pendule géographique qu’Antide Janvier présenta en 1791 au roi Louis XVI et qui appartient de nos jours aux collections du musée national du château de Fontainebleau (illustrée dans M. Hayard, Antide Janvier 1751-1835, Horloger des étoiles, p.1995, p.79) et, c’est de toute évidence, ce même ébéniste, auteur de certains meubles luxueux pour Marie-Antoinette, qui fut chargé de la réalisation de la caisse de la pendule que nous proposons, qui est d’un modèle particulièrement abouti et peu commun. En effet, les exemplaires répertoriés réalisés dans le même esprit sont excessivement rares, citons particulièrement une première pendule, signée Lepaute et de composition moins élégante, qui fut livrée en 1804 pour la chambre à coucher de Napoléon au Palais de Fontainebleau (illustrée dans J-P. Samoyault, Pendules et bronzes d’ameublement entrés sous le Premier Empire, Paris, 1989, p.73) ; ainsi qu’une seconde, signée « Robin », qui est reproduite dans Tardy, La pendule française, 2ème partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.325.

Robert Robin (1741 - 1799)

Robert Robin est l’un des plus importants horlogers parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Honoré des titres de Valet de Chambre-Horloger Ordinaire du Roi et de la Reine en 1783 et 1786, il eut une carrière hors du commun et se distingua par sa contribution exceptionnelle à l’amélioration des instruments de la mesure du temps.

En 1778, l’Académie des Sciences approuva deux de ses inventions, dont l’une mena à la construction d’une pendule astronomique représentant une méridienne tracée sur une pyramide qui fut acquise par les Menus Plaisirs pour Louis XVI cette même année ; Robin publia une Description historique et mécanique très détaillée de cette pendule. Il créa également des régulateurs de cheminée à indications astronomiques et à balancier compensé, dont le marquis de Courtanvaux, homme de science et grand connaisseur d’horlogerie de précision, fut l’un des premiers acquéreurs. Au cours des troubles révolutionnaires, il réalisa des montres et des pendules à heure décimale. On le retrouve successivement Grande rue du faubourg Saint-Honoré (1772), rue des Fossés-Saint-Germain l’Auxerrois (1775), rue Saint-Honoré à l’Hôtel d’Aligre (1778) et aux Galeries du Louvre en 1786.

Pour ses régulateurs de bureau, Robin fit le choix de boîtes architecturées d’une grande sobriété, qui nous paraissent aujourd’hui d’une remarquable modernité. Il collabora toujours avec les meilleurs artisans de son temps, parmi lesquels les bronziers ou ciseleurs Robert et Jean Baptiste Osmond, Pierre Philippe Thomire, François Rémond et Claude Galle, les ébénistes Jean-Henri Riesener, Ferdinand Schwerdfeger et Adam Weisweiler, les émailleurs Barbezat, Dubuisson, Merlet et Coteau pour les cadrans, et les Richard et Montginot pour les ressorts.

Les deux fils de Robert Robin, Nicolas Robert (1775-1812) et Jean-Joseph (1781-1856), étaient également d’excellents horlogers et poursuivirent brillamment l’activité de l’atelier paternel.



Dubuisson (1731 - 1815)

Étienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des meilleurs émailleurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Vers le milieu des années 1750 il travaille à la manufacture de Sèvres, établissant par la suite son propre atelier. Il est mentionné dans les années 1790 dans la rue de la Huchette et vers 1812, dans la rue de la Calandre. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails.



Ferdinand Schwerdfeger (1734 - 1818)

Ferdinand Schwerdfeger figure parmi les plus importants ébénistes parisiens de la fin du XVIIIe siècle. Après son accession à la maîtrise, en mai 1786, il installe son atelier dans la capitale et connaît immédiatement une grande notoriété. Cependant, son œuvre demeure relativement méconnue ; dû à sa date de maîtrise tardive et au fait que l’artisan estampilla peu. Parmi les quelques meubles qui peuvent lui être attribués avec certitude, mentionnons un ensemble livré pour Marie-Antoinette, ainsi que quelques caisses de régulateurs et de pendules dont les cadrans sont signés par les plus grands horlogers de l’époque, particulièrement Antide Janvier, Jean-Simon Bourdier et Robert Robin (voir M-A Paulin, Schwerdfeger, ébéniste de Marie-Antoinette, in L’Estampille/L’Objet d’art, octobre 2003).