search icon
Lepaute  -  Osmond

Rare pendule de cheminée à cercles tournants en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat et métal laqué bleu

« L’allégorie de l’Aurore »

Pendule_499-10_HD_WEB

Platine du mouvement signée et datée « Lepaute Hger du Roi à Paris 1780 »

pour Jean-André (1720-1789) et Jean-Baptiste Lepaute (1727-1802)

Caisse attribuée au bronzier Robert Osmond (1711 – 1789)

Paris, début de l’époque Louis XVI, datée 1780

Hauteur42 cm Largeur15,5 cm Profondeur15,5 cm

Inscription sur la base en bronze : « LEPAUTE »

Les cercles tournants à cartouches émaillés qui indiquent les heures en chiffres romains, diurnes sur fond blanc et nocturnes sur fond noir, ainsi que les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes, s’inscrivent dans un globe terrestre gravé de la carte du Monde. Le mouvement, dont la platine est signée, localisée et datée « Lepaute Hger du Roi à Paris 1780 », est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat et métal laqué bleu. Le globe, reposant sur des nuées, est souligné d’un drapé agrémenté d’étoiles qui vient d’être descendu par un angelot tenant une torche enflammée, allégorie du Jour ou de l’Aurore. Le tout est supporté par une colonne tronquée, à cannelures foncées d’asperges et base en tore d’entrelacs centrés de rosettes souligné de joncs enrubannées, posée sur une base octogonale à réserves amaties centrées de rosaces en relief. Sous la porte refermant le mouvement, la base en bronze porte la signature « LEPAUTE ».

La qualité exceptionnelle de la ciselure et de la dorure prouve que la pendule a été confectionnée dans l’un des meilleurs ateliers parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Nous attribuons cette pendule au très grand bronzier Robert Osmond en particulier en raison de son goût pour la création de pendules en forme de colonnes tronquées et de ses nombreuses collaborations avec les horlogers Lepaute au fil des ans.

La composition particulièrement originale de cette pendule à cercles tournants inscrits dans un globe au thème de l’Aurore ou du Jour et de la Nuit, ne se retrouve que rarement dans la grande horlogerie de luxe parisienne des dernières décennies du XVIIIe siècle. Ainsi, nous pouvons citer deux modèles réalisés dans le même esprit : le premier, anciennement dans le collection Léopold Double, représente un putto assis sur le globe indiquant l’heure de sa flèche (illustré dans Tardy, La pendule française dans le Monde, Paris, 1994, p.89) ; tandis que le second, portant un mouvement de l’horloger Roque et proposant une composition particulièrement proche de celle de la pendule que nous proposons en intégrant toutefois une guirlande feuillagée et une figure allégorique de la Nuit, appartient aux collections du Musée des Arts décoratifs de Lyon (reproduit dans J-D. Augarde, Les ouvriers du Temps, La pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Editions Antiquorum, Genève, 1996, p.26, fig.12 ; voir également P. Arizzoli-Clémentel et C. Cardinal, Ô Temps ! Suspends ton vol, Catalogue des pendules et horloges du Musée des Arts décoratifs de Lyon, Lyon, 2008, p.77, catalogue n°39).

Jean-André et Jean-Baptiste Lepaute

« Lepaute Horloger du Roi à Paris »: Cette signature correspond à la collaboration de deux frères, Jean-André Lepaute (1720-1789) et Jean-Baptiste Lepaute (1727-1802), tous deux nommés horlogers du Roi et qui connurent une carrière hors du commun.

Jean-André, né à Thonne-la-Long en Lorraine, vint à Paris en tant que jeune homme et fut rejoint par son frère en 1747. Leur entreprise, créée de fait en 1750, fut formellement fondée en 1758. Reçu maître par la corporation des horlogers en 1759, Jean-André fut d’abord logé au Palais du Luxembourg and ensuite, en 1756, aux Galeries du Louvre. Jean-André Lepaute a écrit un Traité d’Horlogerie, publié à Paris in 1755. Un petit volume, Description de plusieurs ouvrages d’horlogerie apparut en 1764. En 1748 il épousa la mathématicienne et l’astronome Nicole-Reine Etable de la Brière, qui prédit, entre autres, le retour de la comète Halley.

Jean-Baptiste Lepaute, reçu maître en décembre 1776, fut connu pour l’horloge à équation du temps qu’il construisit pour l’Hôtel de ville de Paris (1780, détruite par l’incendie de 1871) et celle de l’Hôtel des Invalides.

Ils travaillèrent notamment, en France, pour le Garde-Meuble de la Couronne et les plus grands amateurs de l’époque, à l’étranger, pour le prince Charles de Lorraine et la reine Louise-Ulrique de Suède.

Jean-Baptiste reprit la direction de l’atelier lors de la retraite de son frère Jean-André en 1775.



Robert Osmond (1711 - 1789)

Le bronzier Robert Osmond nait à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.

Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.

D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.