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Fleury
Victor Fleury (actif vers 1860-1880)

Exceptionnel et rarissime régulateur astronomique

APF_Régulateur005_06

Paris, époque Napoléon III, vers 1865-1867

Hauteur255 Largeur94.5 Profondeur43.5

Provenance :

– Très certainement présenté au public à l’Exposition Universelle de 1867 à Paris (voir Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971, p.230).

 

Comprenant dix-neuf cadrans proposant vingt-trois indications, ce régulateur doit être considéré comme le chef-d’œuvre de Victor Fleury et l’une des réalisations horlogères les plus abouties du Second Empire. Au centre, le cadran principal, inscrit « Heure de Paris », indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes sur sa bordure extérieure par deux aiguilles, dites « Breguet », en acier bleui et renferme un calendrier annuel désignant les mois de l’année dans un guichet, les quantièmes du mois et les jours de la semaine, ainsi que les secondes par une trotteuse dans sa partie inférieure ; il surmonte un cartouche contourné signé : « Régulateur composé par Victor Fleury ». Autour de ce cadran, s’organisent quinze cadrans auxiliaires : dans la partie supérieure l’un marque l’équation du temps en précisant la « différence du temps vrai au temps moyen » ; dix autres indiquent l’heure moyenne dans différentes villes à travers le Monde : Constantinople, Londres, Genève, New-York, Saint-Pétersbourg, Vienne, Los Angeles, Besançon, Rome et Jérusalem, avec précisions de leurs longitudes, de leurs latitudes et de leurs décalages horaires respectifs par rapport au méridien de Paris ; dans la partie basse, deux cadrans émaillés bleu à motifs étoilés montrent la marche ascendante et descendante du soleil, ainsi que les phases de la lune, et sont flanqués des deux derniers cadrans désignant l’heure du lever et l’heure du coucher du soleil en chiffres romains.

L’ensemble s’inscrit sur une platine contournée en laiton ou bronze doré richement agrémentée d’un décor agreste à crosses terminées en enroulements et à guirlandes ou bouquets fleuris et feuillagés qui soulignent le contour sinueux de la platine ; l’amortissement est formé d’un double cartouche rocaille, à motifs ondés et feuilles d’acanthe, flanqué de deux superbes figures allégoriques représentant deux jeunes enfants, l’un, regardant le spectateur et tenant une torche enflammée, symbolisant le Jour, l’autre, endormi et légèrement enveloppé dans une draperie voletant, est une allégorie de la Nuit. Le mouvement, à échappement à ancre de Graham inversé, supporte son balancier compensé, à trois tiges bimétalliques, terminé par une lentille renfermant les bascules et un thermomètre gradué à indications de la condensation ou de la dilatation des métaux et marquant les « degrés du cercle » par une pointe en émail poli. Le tout est renfermé dans une caisse à gaine néoclassique en acajou et placage d’acajou blond à trois faces vitrées à corniche moulurée débordante soulignée d’une frise à canaux et dont l’entablement est soutenu par des supports en consoles rythmées de pastilles ; enfin, la base pleine moulurée à doucine repose sur un contre-socle quadrangulaire.

Réalisée sous le Second Empire, cette exceptionnelle horloge, témoignage de l’aboutissement des perfectionnements les plus complexes, renoue avec les grandes créations des meilleurs artisans parisiens de la fin du XVIIIe ou des premières années du siècle suivant. Ainsi, sa composition à multiples cadrans n’est pas sans rappeler celle d’un régulateur de parquet, provenant des collections du ministre de la guerre Petiet, qui fut acquis par le Garde-meuble impérial en 1806 pour être installé dans les appartements de Napoléon au château de Fontainebleau (illustré dans J-P. Samoyault, Musée national du Château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier, 1-Pendules et bronzes d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 1989, p.84, catalogue n°50) ; mais surtout, sa conception, à cadran principal et cadrans auxiliaires rayonnants, est particulièrement proche d’une pendule de parquet à quantième perpétuel, signée « Antide Janvier au Louvre 1800-1802 » et donnant l’heure dans différentes villes ou îles lointaines, qui appartient aux collections du Musée national des Arts et Métiers à Paris (reproduite dans M. Hayard, Antide Janvier 1751-1835, Horloger des étoiles, 1995, p.146-147). Enfin, soulignons la qualité exceptionnelle et l’originalité de l’ornementation de bronze très finement ciselé et doré qui participe à la richesse de l’œuvre ; particulièrement les deux figures de chérubins qui semblent s’inspirer plus ou moins directement d’un groupe allégorique à deux figures de putti ornant le recouvrement d’une modèle de pendules créé par le célèbre bronzier Pierre-Philippe Thomire vers 1840 et dont deux exemplaires sont conservés dans les collections publiques françaises ; le premier appartient au Musée des Arts décoratifs à Paris (paru dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p.455) ; tandis que le second est exposé au Musée national du Château de Versailles et des Trianons (voir P. Arizzoli-Clémentel et J-P. Samoyault, Le mobilier de Versailles, Chefs-d’œuvre du XIXe siècle, Editions Faton, Dijon, 2009, p.416-417, catalogue n°162).

Victor Fleury (actif vers 1860 - 1880)

Victor Fleury figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la seconde moitié du XIXe siècle. Installé au 23, rue de la Paix à Paris, il est mentionné en tant qu’« Horloger de la Marine » sur certaines de ses créations, cet artisan se distingua notamment par ses recherches et sa contribution non-négligeable à l’élaboration d’un nouvel échappement. Auteur des « Nouveaux principes sur le pendule appliqué à l’horlogerie…lettre aux horlogers, aux savants et aux amateurs de l’art », ouvrage publié à Paris en 1865, Victor Fleury donna son nom à un échappement particulièrement ingénieux et réalisa notamment un régulateur à demi-secondes dont l’échappement se réduisait à une petite boule métallique libre mue dans un petit bassin circulaire en cristal de quelques millimètres de diamètre. Vers la fin de sa carrière l’horloger semble s’être installé en province ; ainsi, une montre à boîte en or, signée Victor Fleury à Angers et passée en vente sur le marché de l’art parisien, portait l’annotation : « médailles aux grandes expositions jusqu’en 1867 ».



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