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Moisy  -  Osmond
Jean Moisy (1714-1782)
Robert Osmond (1711-1789)

Exceptionnel cartel d’applique en bronze ciselé et doré

APF_CARTEL07_03

Dans une caisse attribuée à Robert Osmond

Paris, début de l’époque Louis XVI, vers 1770-1775

Hauteur57 Largeur25

Le cadran circulaire émaillé, signé « Moisy à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes et est inscrit dans une superbe caisse néoclassique entièrement réalisée en bronze ciselé et doré dont la qualité hors du commun permet une attribution à l’œuvre de Robert Osmond, l’un des plus importants bronziers parisiens du temps. La lunette est ornée d’une frise d’entrelacs ; le fronton cintré, à réserve à fond amati, est décoré d’un nœud de rubans ; sur les côtés, la caisse se termine en enroulements ponctués de feuilles d’acanthe. La partie inférieure est ciselée d’une frise d’oves, tandis que la lunette, laissant apparaître le pendule, est bordée d’une frise stylisée et que le culot prend la forme d’un bouquet de feuilles d’acanthe terminé par un motif à bandeau godronné. Attachée sous le cadran, une sublime guirlande tombante de fleurs et de fruits anime la composition. Enfin, l’amortissement est formé d’une urne couverte à l’antique à frise de tores de laurier, cannelures à asperges, anses ajourées à anneaux mobiles et couvercle à feuilles d’acanthes terminé d’une graine.

Il existe quelques cartels aux compositions originales qui peuvent être rapprocher de l’exemplaire proposé, notamment un premier modèle signé Osmond, apparemment unique, qui est conservé dans une collection privée (voir H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band II, Munich, 1986, p.544, fig.7) ; ainsi qu’un deuxième qui appartient aux collections du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (illustré dans M. Gay, « Présence horlogère française à Saint-Pétersbourg », ANCAHA, printemps 2008, n°111, p.13) et un dernier, en bois sculpté et doré, reproduit dans S. de Ricci, Le style Louis XVI, Mobilier et décoration, Hachette et Cie, p. IX. Toutefois, malgré ces similitudes, à notre connaissance, le cartel que nous présentons est une œuvre unique ; particularité qui justifie son originalité et qui nous permet de supposer que c’est une « pièce de commande », tout spécialement réalisée au début des années 1770 à la demande d’un grand amateur parisien. Peut-être peut-on le rapprocher de l’exemplaire décrit en 1774 lors de l’inventaire après décès de la veuve d’Anne-Charles-Frédéric de la Trémoille prince de Talmont, l’un des plus grands collectionneurs de l’époque : « Une pendule dans son cartel de cuivre doré à cadran d’émail marquant heures et minutes et portant le nom de Moisy à Paris… » (Archives Nationales, ET/XCI/7 janvier 1774).

Jean Moisy (1714 - 1782)

Jean Moisy figure parmi les plus importants horlogers parisiens du XVIIIe siècle. Il travaille avec les bronziers Caffieri et Osmond et livre notamment deux pendules pour le roi Louis XV au château de Saint-Hubert. Mais surtout Moisy se compose, par le biais des grands marchands-merciers de l’époque, une clientèle exceptionnelle parmi laquelle figuraient notamment des membres de la haute aristocratie, tels le duc de Praslin, le prince de Talmont et la duchesse d’Enville, et des personnalités du monde de la finance, tels les puissants Randon de Boisset, Marin de La Haye et Pâris de Montmartel.



Robert Osmond (1711 - 1789)

Le bronzier Robert Osmond nait à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.

Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.

D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.