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Latz  -  Delorme
Jean-Pierre Latz (vers 1691-1754)

Exceptionnel cartel d’applique et son cul-de-lampe en marqueterie de métal dite « Boulle » de laiton sur fond d’écaille teintée brune et bronze finement ciselé ou doré

« Le Temps dévoilant la Vérité »

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« De Lorme »

Dans une caisse attribuée à l’ébéniste Jean-Pierre Latz

Paris, époque Louis XV, vers 1745

Certains bronzes poinçonnés au « C couronné » ; marque apposée sur les objets contenant du cuivre réalisés ou vendus entre 1745 et 1749.

Hauteur172 Largeur71 Profondeur42

Provenance :

– probablement l’horloge décrite en février 1777 dans l’antichambre de l’hôtel parisien du banquier Georges-Tobie de Thellusson : « Une pendule ancienne portant le nom de De Lorme (ou Delorme) à Paris à cadran de cuivre, heures d’émail, dans sa boite sur son pied de marqueterie avec sa crémaillère de fer prisée 120 livres ».

– Ancienne collection de Monsieur Hubert de Givenchy (1927-2018), Paris.

 

Le cadran en cuivre gravé indique sur vingt-quatre cartouches émaillés les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en acier poli. Le mouvement, signé « De Lorme à Paris », est renfermé dans une caisse violonée en marqueterie de métal dite « Boulle » de laiton et écaille teintée brune « première partie » et « deuxième partie » à motifs de rinceaux, feuillages et motifs floraux. L’ensemble est richement agrémenté de bronze finement ciselé et doré tels que putti ailés assis formant l’amortissement, fronton curviligne orné d’un large motif repercé à coquilles, palmes et fleurons, montants à crosses à frises d’entrelacs centrés de cabochons, pieds feuillagés à enfants tenant des guirlandes fleuries et feuillagées, porte à scène allégorique représentant le Temps dévoilant la Vérité…le cul-de-lampe est décoré d’un cartouche, guirlandes en chutes et figures en espagnolettes tenant dans chaque main un bras de lumière à bassin et binet ouvragés ; enfin, le culot est formé d’un motif rocaille à rinceaux et fleurons.

La composition particulièrement originale de cet exceptionnel cartel d’applique monumental illustre le savoir-faire hors-du-commun acquis par certains artisans parisiens dans le premier tiers du XVIIIe siècle. En effet, la précision de sa marqueterie de métal, ainsi que son décor de bronze doré d’une grande finesse de ciselure et d’une qualité de fonte peu commune, sont le témoignage de la collaboration d’artisans parisiens de tout premier plan. Dans son article consacré à l’ébéniste Jean-Pierre Latz, Henry Hawley illustre quelques cartels et pendules de cet artisan virtuose agrémentés de personnages dont le traitement en ronde-bosse rappelle le travail des sculpteurs de l’époque ; il est également fortement intéressant de relever que Latz adapta régulièrement sur ses créations horlogères des bras de lumières, ce qui est une véritable rareté à cette époque et qui appuie d’autant plus notre attribution à cet ébéniste.

De nos jours, parmi les rares pendules à poser, régulateurs ou cartels réalisés dans le même esprit, citons notamment : un premier exemplaire d’Etienne Lenoir qui est exposé au Musée des Arts décoratifs de Lyon (voir le catalogue de l’exposition Ô Temps ! Suspends ton vol, Catalogue des pendules et horloges du Musée des Arts décoratifs de Lyon, Lyon, 2008, p.52-53, catalogue n°11) ; ainsi qu’un deuxième, le cadran de « Stollewerck », qui est conservé à la Residenz de Dresde (illustré dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich, 1988, p.102, fig.180) ; un troisième appartient aux collections du Victoria & Albert Museum à Londres (paru dans Tardy, La pendule française, Ier Partie : De l’horloge gothique à la Pendule Louis XV, Paris, 1975, p.114) et un quatrième, proche de l’œuvre de Charles Cressent, qui est reproduit dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises, De Louis XIV à l’Empire, Florence, 2013, p.125. Enfin, mentionnons particulièrement qu’une pendule identique à celle que nous proposons, mais dépourvue de son cul-de-lampe, a été proposée aux enchères chez Sotheby’s, à Monaco, le 5 février 1978, lot 122.

Delorme

La signature « De Lorme (ou Delorme) à paris » pourrait être celle de plusieurs horlogers portant ce patronyme, actifs à Paris dans les premières décennies du XVIIIe siècle. Toutefois, relevons que l’atelier du plus célèbre, Henry-Philippe Delorme, pouvant être orthographié « De Lorme », est mentionné rue Darnetal en 1718, rue du Bourg l’Abbé en 1740 et rue Greneta de 1746 à 1749. Juré de la Communauté des horlogers de 1738 à 1742, il semble que plusieurs pendules mentionnées au XVIIIe siècle chez de grands amateurs parisiens peuvent lui être attribuées, citons particulièrement celles qui sont décrites dans les inventaires après décès de la veuve de Jean Dorigny, ancien officier de la Reine, et dans celui de la femme de Simon-Charles-Sébastien Bernard de Ballainvilliers baron de Ballainvilliers.



Jean-Pierre Latz (vers 1691 - 1754)

Jean-Pierre Latz figure parmi les plus importants ébénistes parisiens du règne de Louis XV. Originaire de Cologne, il vient s’installer à Paris à la fin des années 1710 et se marie avec la fille d’un entrepreneur en bâtiment, Marie-Madeleine Seignat. Il rencontre immédiatement un grand succès auprès des grands amateurs parisiens et en l’espace de quelques années, il se compose une riche clientèle française et internationale, notamment le roi de Prusse Frédéric II, le roi de Pologne et la duchesse Louise-Elizabeth de Parme. Malgré cette grande notoriété, Latz n’estampilla qu’une infime partie de sa production, reconnaissable surtout par ses marqueteries et ses décors de bronze ciselé et doré confiés aux meilleurs bronziers parisiens de l’époque.



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