Important cartel d’applique à tirage « au masque solaire » en bronze finement ciselé et doré à l’or mat et à l’or bruni
Paris, époque Transition Louis XV-Louis XVI, vers 1760-1765
Provenance :
Vente à Paris, Mes Ader-Picard-Tajan, Palais d’Orsay, le 6 décembre 1977, lot 63.
Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Ageron à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré ; le mouvement, à sonnerie à tirage des heures demies et quarts, est renfermé dans une superbe caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré. L’amortissement est orné d’une urne couverte rythmée d’un bandeau de cannelures, sommée d’une graine et agrémentée d’une guirlande fleurie et feuillagée retenue par des pastilles ; la partie haute, en entablement architecturé, est à décor d’un masque au centre d’un faisceau de rayons et est soulignée de guirlandes de feuilles de laurier ; les montants curvilignes, animés d’enroulements, sont soulignés de rinceaux de feuilles d’acanthe ; sous le cadran, se détache un second masque dont les cheveux traités en nattes sont noués autour de deux branches de chêne rehaussées de glands ; enfin, le culot se termine en bouquet feuillagé à graines.
Cet important cartel d’applique se distingue par sa composition particulièrement originale ; en effet, il présente certaines réminiscences des modèles rocailles du règne de Louis XV, tout en proposant certains motifs antiquisants qui annoncent le Néoclassicisme parisien du milieu des années 1760. Son dessin élaboré semble s’inspirer plus ou directement de certains projets d’ornemanistes parisiens, particulièrement de ceux de Jean-François Forty (voir Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.306) ; enfin, relevons, qu’à notre connaissance, seul un autre cartel de modèle identique est répertorié ; il semble avoir subi de fortes modifications dans sa composition et dans son mécanisme ; il fut proposé aux enchères lors des dispersions des célèbres collections de Georges Bensimon (vente à Paris, Hôtel Drouot, Mes Couturier-Nicolay, les 18-19 novembre 1981).
François Ageron (? - après 1783)
François Ageron figure parmi les plus importants horlogers parisiens du XVIIIe siècle. Après son accession à la maîtrise le 17 juillet 1741, il installe son atelier successivement Place du Pont Saint-Michel, quai des Augustins, rue Saint-Louis au Palais et place Dauphine. Il acquiert rapidement une grande notoriété auprès des grands collectionneurs parisiens d’horlogerie et se distingue par ses mouvements, souvent à complication. A l’instar des plus talentueux horlogers de son temps, il collabore pour la création des caisses de ses pendules avec les meilleurs artisans, notamment l’ébéniste Balthazar Lieutaud et les fondeurs Saint-Germain, Caffieri et Osmond. Il cesse son activité au début des années 1780 et son fonds de commerce est vendu le 31 mai 1784. Au XVIIIe siècle, certaines de ses pendules étaient mentionnées dans de grandes collections privées, notamment dans celles de François-Ferdinand comte de Lannoy, René-François-André comte de la Tour du Pin vicomte de La Charce et Son Altesse Sérénissime Christian IV Prince palatin des Deux-Ponts ; enfin, relevons particulièrement qu’une horloge d’Ageron était décrite en 1787 dans la chambre à coucher des petits appartements de la reine Marie-Antoinette au Château de Versailles.